Paris, le 6 avril 2009 : Alors que s’ouvre aujourd’hui l’enquête publique sur le projet de terminal charbonnier à Cherbourg, Greenpeace dénonce l’aberration que représente cet investissement dans la filière du charbon, l’un des principaux responsable de la crise climatique actuelle, et demande son abandon.
Le projet soumis à enquête publique consisterait à faire du port de Cherbourg une plate-forme de transbordement de charbon construite et exploitée par le groupe Louis Dreyfus Armateur et la Chambre de Commerce et d’Industrie de Cherbourg Cotentin. Des navires provenant des pays extracteurs, notamment de Colombie, vont décharger du charbon sur le port de Cherbourg, qui pourra en stocker jusqu’à 240 000 tonnes. Le charbon sera ensuite réexpédié par la mer vers les centrales thermiques anglaises. Ce sont 4 à 4,5 millions de tonnes de charbon qui devraient passer par Cherbourg chaque année.
Un projet anachronique qui alimente une filière sale !
Un tel projet est totalement inadmissible dans la situation de crise climatique actuelle. Le charbon est en effet la source d’énergie la plus émettrice de CO2 : il est à l’origine de 30% des émissions mondiales de CO2. « Au lendemain des engagements de l’Union Européenne à réduire ses émissions de gaz à effet de serre d’au moins 20% d’ici 2020 et à la veille des négociations internationales cruciales sur le climat qui auront lieu en décembre à Copenhague, investir dans la filière du charbon est tout simplement incohérent » déclare Emilie Johann, chargée de campagne Climat pour Greenpeace France.
Aujourd’hui plus de 50 projets de centrales électriques à charbon sont envisagés en Europe, ce qui montre le fossé qui sépare les engagements de la réalité. De même, dans le cadre du Grenelle de l’environnement, la France s’est engagée à mener une lutte exemplaire contre le dérèglement climatique. Et pourtant elle lance aujourd’hui un projet qui va alimenter la filière la plus émettrice qui soit ! Les 4 à 4,5 millions de tonnes de charbon qui transiteront annuellement par le port de Cherbourg, représentent l’équivalent de 10 à 11 millions de tonnes de CO2. « Le charbon est encore à l’origine de 25% des émissions de CO2 de l’Europe. Comment prendre au sérieux la volonté de la France de lutter contre les changements climatiques quand des investissements dans une filière aussi polluante, aussi émettrice en CO2 sont encore envisagés ? s’interroge Emilie Johann. Greenpeace demande au ministre d’Etat Jean-Louis Borloo de refuser l’autorisation du projet de terminal charbonnier. »
De l’extraction à la combustion, la filière du charbon a des impacts environnementaux, sanitaires et sociaux terrifiants. L’extraction –souvent dans des pays en voie de développement- se pratique dans des conditions désastreuses. Les centrales émettent du mercure, du dioxyde de sulfure en plus des quantités astronomique de CO2 partout dans le monde. A Cherbourg, ce terminal va non seulement occasionner des nuisances par le biais des poussières générées par les millions de tonnes de charbon stockées et transbordées, mais il va surtout perpétuer un système énergétique suranné. « Avec ce projet de terminal, aujourd’hui, c’est un bond 50 ans en arrière pour Cherbourg et la France en général ! », s’indigne Emilie Johann.
Un vrai débat public !
L’enquête publique sur le projet de terminal charbonnier sera ouverte du 6 avril au 6 mai. Elle permet aux citoyens de s’informer sur le projet et de donner son avis. Greenpeace souhaite qu’elle soit le lieu d’un véritable débat public et appelle les citoyens de Cherbourg et Tourlaville à témoigner de leur opposition à ce projet. Greenpeace appelle le commissaire enquêteur à mettre en place un espace de débat public où chaque citoyen, élu, représentant associatif pourra s’exprimer.
La crise climatique nous impose de changer de paradigme, et ce dès aujourd’hui. Il est prouvé que les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique pourraient créer des millions d’emplois non délocalisables en France. Ce sont les seules alternatives crédibles aux énergies fossiles qui permettraient de réduire de manière radicale les émissions de CO2.
L’arrêt du projet de terminal charbonnier de Cherbourg est une priorité de Greenpeace en 2009.