Thon rouge : la CITES, dernière chance avant l’extinction commerciale.

Greenpeace salue l’annonce récente de l’Allemagne, des Pays-Bas, de la France et du Royaume-Uni de se joindre à la principauté de Monaco et de soutenir l’inscription de l’emblématique thon rouge à la Convention pour le commerce international des espèces menacées (CITES) et appelle tous les états membres de cette convention à agir politiquement afin de sauver le thon rouge de l’extinction commerciale.

La semaine dernière, à l’issue du Grenelle de la Mer, la France annonçait son soutien au classement du thon rouge à l’annexe 1 de la CITES (interdiction du commerce international), une décision portée par Greenpeace et d’autres ONG et soutenue par Nicolas Sarkozy. Depuis, l’Allemagne, le Royaume Uni et les Pays Bas ont l’un après l’autre annoncé qu’ils soutenaient également cette initiative.

Après les échecs successifs et la faillite de la Commission internationale pour la conservation des thonidés en Atlantique (ICCAT) pour maintenir une pêcherie durable, Greenpeace encourage toutes les parties membres de la CITES à soutenir Monaco, la France, l’Allemagne, les Pays-Bas et le Royaume Uni en vue du classement du thon rouge à l’annexe 1 afin d’en interdire le commerce international , responsable de la surpêche et de la pêche illégale. La gestion de cette pêcherie par l’ICCAT et ses membres – en privilégiant des intérêts économiques à court terme – a fait du thon rouge une espèce aujourd’hui menacée. Il est temps de mettre le thon rouge hors du contrôle de cette convention thonière largement discréditée et se tourner du côté des conventions comme la CITES « afin d’imposer une interdiction totale du commerce international, responsable de l’état du stock » affirme François Chartier, chargé de campagne Océans pour Greenpeace France.

Pour Greenpeace il est indispensable que l’Union Européenne et en particulier les pays pêcheurs de la Méditerranée assument pleinement la critique et la responsabilité d’avoir conduit l’espèce au bord de l’effondrement. Ils doivent maintenant porter au niveau international les mesures indispensables pour sauver cette espèce et la pratique d’une pêche millénaire.

En 2008, un panel d’experts indépendants chargés d’évaluer la gestion de l’ICCAT, recommandaient « la suspension de la pêcherie du thon rouge dans l’Atlantique Est ainsi que dans la Méditerranée », ajoutant que « la gestion du thon rouge en Méditerranée par l’ICCAT est une honte internationale. » Depuis 2006, les scientifiques tirent la sonnette d’alarme sur l’état du stock du thon rouge, recommandant un quota maximum de 15 000 T. De plus, et dans le souci de protéger l’espèce de ne pas pêcher pendant la période de reproduction durant les mois de mai et de juin. Malheureusement, c’est justement pendant cette période et sur les zones de reproduction que se concentre la pêche industrielle. En 2007, les captures totales de thons rouges ont été estimées à 61 000 T, soit 2 fois le quota autorisé qui était de 28 000 T et 4 fois supérieure au niveau recommandé par les scientifiques de 15 000T. En 2009 le soi-disant « plan de sauvetage » autorisait toujours un quota supérieur de 47% à la limite recommandée.

« Il n’y aura pas de seconde chance ! La CITES se réunit en mars 2010 et si d’ici la fin de cette année, dans le sillage de Monaco, de la France, de l’Allemagne, du Royaume Uni ou des Pays Bas, l’ensemble des pays européens ou les Etats-Unis ne s’engagent pas à proposer le thon rouge au classement en annexe 1 de la CITES, il sera trop tard et cette espèce rejoindra le cabillaud de Terre Neuve. Ce sera la fin d’une activité millénaire et emblématique de la Méditerranée » ajoute François Chartier