Dannenberg, Allemagne, le 8 novembre – Alors que le train de déchets nucléaires hautement radioactifs vient d’arriver au terminal ferroviaire de Dannenberg, avec deux jours de retard dus à la mobilisation citoyenne sans précédent, Greenpeace fait le point sur la mobilisation qui ne faiblit pas et sur l’impossible stockage des déchets radioactifs.
L’histoire n’est pas finie : la route pour Gorleben est totalement bloquée
Entre le terminal ferroviaire de Dannenberg, où stationnent les déchets vitrifiés qui devraient être chargés sur des camions, et le site d’entreposage de Gorleben, la route d’une vingtaine de kilomètres est totalement bloquée. Plus de six cents tracteurs sont parqués en travers du passage, et des centaines de personnes sont allongées sur la dernière ligne droite menant à Gorleben, certaines depuis déjà deux jours !
Une mobilisation massive et totalement non-violente
« Je n’ai jamais vu ça : la situation est à la fois quasi insurrectionnelle et totalement non-violente, reprend Yannick Rousselet, responsable de la campagne Nucléaire pour Greenpeace France, qui est sur place, à Dannenberg. Depuis plus de deux jours, 5 000 personnes se sont mobilisées, de tous âges et de toutes conditions sociales. Elles se sont interposées physiquement pour empêcher le passage du train, elles ont occupé les voies ferrées toute la nuit, malgré un froid intense, jusqu’à ce que la police vienne les déloger ce matin, une à une. Les citoyens allemands dénoncent le nucléaire, son opacité, ses risques, avec une grande détermination et de façon pacifiste. Ils nous donnent là une sacrée leçon ! »
Forces de l’ordre, non information : le nucléaire est anti-démocratique
La France et l’Allemagne ont organisé un déploiement impressionnant des forces de l’ordre tout le long du passage du train, pour empêcher les citoyens de dénoncer et de stopper ce transport scandaleux. Ni les habitants, ni les élus n’ont été informés du passage du train et de la radioactivité des déchets qu’il transporte.
« Les gens de la région, dont de nombreux agriculteurs, sont farouchement opposés à ce que ces déchets hautement radioactifs soient stockés sur le site de Gorleben, reprend Yannick Rousselet. Il n’existe aucune solution viable pour les déchets nucléaires. Personne n’en veut et personne ne sait quoi en faire. L’option la moins catastrophique serait de les stocker sur les centrales, là où ils ont été produits. »
L’impossible stockage à Gorleben… et ailleurs
Depuis 1995, le site de Gorleben accueille des déchets vitrifiés hautement radioactifs qui sont stockés dans des containers posés verticalement dans un immense hangar ventilé pour qu’ils refroidissent. Ce stockage temporaire dure depuis quinze ans !
Aucune solution de stockage définitif des déchets nucléaires n’existe pour l’instant. Le gouvernement étudie la possibilité de les stocker en couche géologique profonde, dans du sel. Or les premières études ont déjà montré que le dôme de sel de Gorleben n’est pas étanche.
Par ailleurs, le stockage dans du sel a déjà fait la preuve de son inefficacité en Allemagne. La mine de sel de Asse (Basse-Saxe) accueille 126 000 fûts de déchets de faible et moyenne activité qui y sont stockés de « manière définitive » depuis les années 1960. Or, on a appris récemment que cette mine subit d’importantes infiltrations d’eau depuis 1988 et que le site connaît des fuites radioactives. Le sel n’est pas étanche. Début 2010, le gouvernement allemand a décidé de rouvrir la mine et de reprendre tous les déchets.
À lire : le rapport « The deadly legacy of radioactive waste »