Transports de déchets italiens vers la France. Le troc nucléaire continue : 235 tonnes de déchets contre des financements
Paris – le 14 décembre 2007 – Dimanche 16 décembre, un train chargé de déchets nucléaires doit quitter l’Italie pour rejoindre l’usine de La Hague dans la Manche. Greenpeace condamne ce troc nucléaire et refuse de voir la France transformée en poubelle du nucléaire.
«Après les déchets japonais, allemands, espagnols, belges, hollandais, australien, suisse, voilà que la France va faire semblant de gérer sur son sol les 235 tonnes de déchets nucléaires italiens en échange de la participation à hauteur de 12,5 % d’Enel, l’électricien italien, au financement de l’EPR. L’industrie nucléaire est prête à tout pour survivre même à transformer la France en poubelle du nucléaire » explique Yannick Rousselet, chargé de campagne énergie à Greenpeace.
Rappel des faits : Après l’accident de Tchernobyl, l’Italie décide l’abandon de l’énergie nucléaire par référendum en 1987 et se retrouve avec le lourd héritage des déchets nucléaires à gérer. Face à l’opposition, par référendum, de la population aux projets de site de stockage de ces déchets radioactifs, le Gouvernement italien décide de les exporter à l’étranger et plus exactement en France.
Le 9 mai 2007, Anne Lauvergeon, Présidente du Directoire d’AREVA, et Massimo Romano, Administrateur Délégué de SOGIN (Société de gestion des installations nucléaires italiennes) signe un contrat de plus de 250 millions d’Euros, portant sur le traitement des 235 tonnes de combustibles nucléaires irradiés. L’Italie ne disposant d’aucune perspective d’utilisation de l’uranium ou du plutonium issus du retraitement, que vont devenir les centaines de tonnes de déchets produites par ces opérations à La Hague ?
Parallèlement à la signature de ce contrat de traitement, Enel, l’électricien italien producteur des déchets nucléaires, annonce sa participation à hauteur de 12,5% dans la centrale EPR de Flamanville-3, selon les termes d’un accord signé, vendredi 30 novembre, à l’occasion du sommet franco-italien de Nice. EDF précise que son concurrent italien bénéficiera donc d’un accès à l’électricité produite proportionnellement à son investissement.
« L’Italie a décidé démocratiquement de ne plus avoir recours au nucléaire mais l’industrie n’en tient pas compte et investit dans cette énergie à l’étranger. C’est un déni de démocratie malheureusement très fréquent dès qu’il s’agit du nucléaire. Il n’y a qu’a se rappeler le non-débat sur l’EPR en France, où l’industrie c’est retranchée derrière le secret défense ou industriel pour répondre aux questions légitimes des citoyens pour s’en convaincre. Le nucléaire ne pourrait survivre à un fonctionnement démocratique ou à l’obligation d’une vraie transparence.» ajoute le représentant de Greenpeace.
L’énergie nucléaire ne représente que de 2,5 à 3% de la production mondiale d’énergie. Même en développant tous les moyens économiques et industriel à notre disposition, on pourrait selon les différents scénarios de l’industrie au grand maximum doubler la production nucléaire actuelle en 2030 (5 à 6% de l’énergie mondiale) ou de manière plus réaliste selon l’AIEA remplacer la production actuelle. On constate que cette énergie très proliférante, dangereuse et coûteuse ne répondra jamais aux enjeux énergétique et encore moins au défi des changements climatiques. Seule une politique ambitieuse d’efficacité énergétique et de développement des énergies renouvelable ont un sens et peuvent sauver la situation catastrophique qui nous attends dans un avenir très proche.