Trois ans d’occupation de la centrale nucléaire de Zaporijia : la France contribue toujours au chantage nucléaire russe

Désarmement, Énergies, Nucléaire, Paix et justice, Toxiques

Alors que cette nuit marquera les trois ans de l’occupation de la centrale nucléaire de Zaporijia, en Ukraine, par les troupes armées russes et l’entreprise russe Rosatom, Greenpeace France a repéré ce lundi 3 mars au matin, dans le port de Dunkerque, un nouveau déchargement d’uranium naturel d’un cargo en provenance de Saint-Pétersbourg. De plus, le bilan des importations d’uranium en 2024 montre que la France continue d’importer de l’uranium enrichi russe. Un quart de l’uranium enrichi importé par la France en 2024 provenait de Russie. Par ce commerce, la France alimente la guerre en Ukraine, en totale contradiction avec les positions officielles du gouvernement français sur son soutien au peuple ukrainien. 


Crédit photo : Greenpeace France

 

Ce lundi 3 mars au matin, dans le port de Dunkerque, Greenpeace France a documenté le déchargement d’une trentaine de conteneurs d’uranium naturel du cargo Baltiyskiy-202 en provenance de Saint-Pétersbourg. Les données douanières extraites par Greenpeace France montrent l’ampleur du commerce de la France avec Rosatom, entreprise russe qui occupe illégalement la centrale nucléaire de Zaporijia depuis trois ans jour pour jour. 

La France continue à importer de l’uranium russe notamment via Rosatom

En 2024 encore, près de la moitié de l’uranium naturel importé en France provenait du Kazakhstan et l’Ouzbékistan, dont une majeure partie via la Russie, entre les mains de Rosatom, comme Greenpeace France l’a démontré dans le rapport La Russie, plaque tournante de l’uranium”. La France continue à être dépendante de la Russie pour son uranium naturel, mais aussi pour son uranium enrichi : les données douanières montrent que pour l’année 2024, au moins un quart des importations françaises d’uranium enrichi provenaient de Russie [1]. L’uranium enrichi est importé soit par EDF soit par Framatome, filiale d’EDF qui continue donc à collaborer avec Rosatom qui participe à la menace nucléaire envers le peuple ukrainien et l’Europe.

Le double discours de la France par rapport au soutien au peuple urkainien

Depuis la longue-vue de Greenpeace, le pictogramme radioactif et le numéro de transport UN 2412 – 3 mars 2025 – Dunkerque. Crédit : Greenpeace France.

Déchargement d’une trentaine de conteneurs d’uranium naturel du cargo Baltiyskiy-202 en provenance de Saint-Pétersbourg – 3 mars 2025 – Dunkerque. Crédit : Greenpeace France.

 

Pour Pauline Boyer, chargée de campagne Transition énergétique à Greenpeace France :
« La France continue d’être dépendante de la Russie pour faire tourner son industrie nucléaire, au prix de contribuer au chantage nucléaire russe auquel participe Rosatom vis-à-vis de l’Ukraine et de l’Europe. Alors que l’Ukraine a plus que jamais besoin de soutien, il est indécent que ce commerce d’uranium continue entre l’industrie française et l’entreprise criminelle Rosatom. La Russie envisage de redémarrer les réacteurs de la centrale nucléaire de Zaporijia précipitant l’escalade dans la menace nucléaire, tant le redémarrage des réacteurs dans ces conditions constituerait une bombe à retardement. Le gouvernement français doit mettre en accord ses paroles et ses actes et entériner la rupture de tous les contrats la liant à Rosatom, en solidarité avec le peuple ukrainien. »

Greenpeace France sonnait déjà l’alerte en 2023 par la mise en lumière de ce commerce dans son rapport La Russie, plaque tournante de l’uranium. Le secret bien gardé de l’industrie nucléaire et du gouvernement français était dévoilé : les autorités russes ont la mainmise sur une partie majeure des importations françaises d’uranium naturel provenant du Kazakhstan et d’Ouzbékistan. 

[1] Voir le fichier d’extraction des données douanières par Greenpeace