Suite au vote de la loi d’accélération du nucléaire par l’Assemblée nationale cet après-midi, Greenpeace France dénonce l’enfumage du gouvernement pour laisser croire aux citoyens et citoyennes que l’accélération d’une technologie qui se base sur un fiasco industriel pourrait être possible.
En plein contexte de crise démocratique, le gouvernement reste sourd aux appels du GIEC et bafoue le débat public en persistant dans sa fuite en avant nucléaire. Greenpeace déplore également la temporalité de cette loi, qui a contribué à piétiner le débat public en cours et a entériné la reprise à marche forcée du nucléaire avant même la tenue des débats et du vote des député·es à l’Assemblée nationale sur la loi de programmation énergie-climat.
Un bâton dans les roues de la transition écologique et de la souveraineté énergétique de la France
Le gouvernement feint de développer “en même temps” le nucléaire et les énergies renouvelables. Or, l’accélération du nucléaire se fera au détriment du développement des énergies renouvelables, notamment de l’éolien terrestre, et de la sobriété, dont le plan du gouvernement demeure superficiel et injuste.
Le gouvernement persiste dans le mensonge de l’indépendance énergétique et maintient la France sous perfusion des pays fournisseurs d’uranium ou collaborant avec la filière nucléaire française, comme la Russie.
Hier encore, le 20 mars 2023, Greenpeace constatait au port de Dunkerque l’arrivée d’une importante cargaison d’uranium enrichi russe pour EDF via Orano. Une réalité bien loin de la souveraineté énergétique promise par le nucléaire que mettent en avant les fervents défenseurs de ce projet de loi.
Pourtant, depuis la publication par Greenpeace d’une investigation sourcée sur la dépendance de l’industrie nucléaire française à Rosatom, la réponse de la rapporteure du projet de loi sur la relance du nucléaire Maud Bregeon, qui s’est faite la porte-parole dans l’hémicycle de contre-vérités portées par les tenants de l’industrie nucléaire et démenties, a consisté à méthodiquement dénigrer Greenpeace.
Enfin, cette loi remet à une échéance bien trop tardive l’étude de la vulnérabilité des centrales nucléaires aux impacts du dérèglement climatique. Alors que les prochaines décennies dans laquelle s’inscrit ce projet de construction de réacteurs nucléaires vont être marquées par une augmentation de la fréquence et de l’intensité des événements climatiques extrêmes, cette étude devrait être le premier critère à vérifier pour pouvoir juger ou non de sa pertinence.
“La décision de la majorité gouvernementale enferme la France dans une impasse climatique. La dernière publication du GIEC est sans appel : les choix politiques que nous allons faire pendant cette décennie vont être cruciaux pour préserver ou non nos conditions de vie sur Terre”, rappelle Pauline Boyer, chargée de campagne Nucléaire à Greenpeace France.
Cette synthèse réaffirme notamment que d’ici 2030, les développements de l’éolien et du solaire ont ensemble un potentiel de réduction des émissions de gaz à effet de serre neuf fois supérieur au nucléaire, à un coût bien moindre (1).
“Antonio Guterres enjoint aux pays développés de prendre comme objectif la neutralité carbone en 2040. Le gouvernement et EDF, le plus grand fournisseur d’électricité d’Europe, doivent revoir leur copie pour se mettre à la page. Ce qui est urgent, c’est d’accélérer ce qui permet de faire face au défi climatique, et ce n’est pas le cas pour la construction de réacteurs nucléaires. Il est urgent d’accélérer le déploiement de mesures qui auront un impact significatif dans les mois et années qui viennent sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre. La France doit sans tarder accélérer la mise en place de plans massifs de sobriété, d’efficacité énergétique et le déploiement d’énergies renouvelables”, ajoute Pauline Boyer.
(1) IPCC Sixth Assessment Report (AR6) “Climate Change 2023”, Draft Synthesis Report, Figure SPM.7