Rio De Janeiro, le 2 juin 2008 (AFP) – La destruction de la forêt amazonienne continue de progresser à un rythme accéléré, a annoncé lundi l’Institut national brésilien de recherches spatiales (Inpe), une situation provoquée par la forte demande agricole, selon le gouvernement.
« L’augmentation de la déforestation en Amazonie est significative. Il y a une nette tendance à la hausse », a déclaré lundi en conférence de presse le directeur de l’Inpe, Gilberto Câmara.
De son côté, le ministre brésilien de l’Environnement, Carlos Minc, a reconnu « que la déforestation de cette année sera supérieure à celle de l’année dernière. Personne ne veut voir ces chiffres augmenter, mais les réduire sera difficile », a-t-il dit, en citant la hausse des prix de la viande et du soja comme les principaux facteurs responsables de cette situation.
D’après l’Inpe, qui utilise un système de détection par satellite nommé Deter (Détection de la Déforestation en Temps Réel), 1.132 km2 de forêts ont été dévastés en avril, une superficie qui correspond à la taille de la ville de Rio de Janeiro. A titre de comparaison, 145,7 km2 de forêts avaient été déboisés en mars en Amazonie.
Les techniciens de l’Inpe ont toutefois rappelé qu’en mars, 78% des forêts d’Amazonie étaient couvertes par les nuages, ce qui avait affecté les capacités de détection des satellites. En avril, 53% des forêts étaient sous les nuages. « Nous devrons analyser avec attention les données fournies par l’Inpe, car le système Deter est très dépendant des nuages. Il y a cependant des éléments qui confirment cet accroissement » des déboisements, a encore dit Minc.
Gilberto Câmara a d’ailleurs sollicité plus de fonds au gouvernement pour permettre à l’Inpa d’améliorer la captation et l’analyse des données. Selon lui, Brasilia devrait investir un milliard de reals d’ici 2010 pour moderniser les satellites. Le Deter ne détecte que les déboisements supérieurs à 25 km2.
Toujours selon l’Inpe, l’Etat du Mato Grosso, au centro-ouest du Brésil, a été, une fois de plus, le principal destructeur de la forêt amazonienne, avec 794,1 km2. L’Etat de Roraima arrive en deuxième position, avec 284,8 km2. A la différence du Mato Grosso, Roraima n’a plus de forêts à déboiser, exception faite des réserves indiennes et des parcs nationaux protégés.
Le déboisement en Amazonie avait progressivement diminué au cours des dernières années, passant de 27.000 km2 à quelque 11.000 km2 en 2007, selon les chiffres officiels. Mais depuis août dernier, la déforestation a à nouveau augmenté et, d’après l’Inpe, suit une courbe ascendante: en janvier, 639 km2 ont été déboisés, et en février, ce chiffre est passé à 724 km2.
D’après Gilberto Câmara, une surface de la taille d’un terrain de football est détruite toutes les 10 secondes en Amazonie, et ce depuis 20 ans.