L’Europe contribue lourdement à la déforestation
La France et l’UE se sont engagées à mettre un terme à la déforestation d’ici 2020. Mettre un terme à cette déforestation, c’est aussi protéger notre climat et notre biodiversité et veiller à ce que les droits humains, y compris les droits des peuples autochtones, soient respectés.
Ces promesses vont elles être tenues ? Rien n’est moins sûr.
Les importations européennes doivent cesser d’alimenter la déforestation
La déforestation et la dégradation des forêts sont la principale cause de la dégradation et de la perte de la biodiversité terrestre. La destruction des forêts libère chaque année des millions de tonnes de gaz à effet de serre qui bouleversent le climat. Des centaines de millions de personnes dans le monde dépendent directement ou indirectement des forêts pour leur subsistance quotidienne et leur survie à long terme. Pourtant, les forêts continuent de disparaître à un rythme alarmant.
Au cours des dernières décennies, l’Europe a alimenté la destruction et la dégradation de vastes régions forestières de la planète. Les coupables sont clairement identifiés : une forte consommation de viande et de produits laitiers, des importations non régulées de produits liés à la déforestation tels que le soja, l’huile de palme et le cacao, mais également un soutien financier apporté par les banques aux entreprises et aux secteurs responsables de la perte et de la dégradation des forêts, ainsi qu’un essor de la demande en agrocarburants et de bioénergie.
Décision imminente : l’UE fera-t-elle le bon choix ?
Longtemps retardée, la décision de la Commission européenne est désormais imminente.
Ces problèmes sont connus depuis longtemps. En 2013, les gouvernements nationaux européens et le Parlement européen ont demandé à la Commission européenne d’élaborer des propositions relatives à la politique à mener, et de considérer le développement d’un plan d’action contre la déforestation et la dégradation des forêts. En 2015, lors de la conférence des Nations Unies sur le changement climatique à Paris, les dirigeants mondiaux ont reconnu le rôle crucial des forêts dans l’atténuation du changement climatique et le développement durable.
La France a un rôle particulier à jouer
Au moment de la COP21 qui s’est tenue à Paris, la France, aux côtés d’autres États membres de l’UE, avait signé la déclaration d’Amsterdam par laquelle elle s’engageait à soutenir les efforts du secteur privé visant à stopper la déforestation d’ici 2020.
La France préside actuellement “le groupe d’Amsterdam” réunissant les sept Etats emembres signataires de cette déclaration. Par ailleurs, dans son plan climat publié en juillet 2017, le gouvernement s’est engagé à “mettre un terme à la déforestation importée”. La consultation publique orchestrée par le ministère de l’Environnement et le ministère des Affaires étrangères doit commencer prochainement dans l’objectif de publier une stratégie nationale pour lutter contre la déforestation importée en France avant l’été.
A l’heure ou le Président de la République annonce la volonté de la France de réduire sa dépendance à l’égard des importations de soja, alors que la France prend la présidence du “groupe d’Amsterdam” et alors que le gouvernement lance les consultations pour adopter un plan national de lutte contre la déforestation importée, Greenpeace attend du gouvernement qu’il s’empare pleinement du sujet et incarne pleinement un rôle de chef de file des Etats membres de l’UE. La France doit demander à la Commission de se doter sans tarder d’un plan assorti de mesures réglementaires pour contribuer à mettre fin à la déforestation et à la dégradation forestière au niveau planétaire, et accélérer les efforts de restauration des forêts.
Protéger les forêts n’est pas un choix, c’est une absolue nécessité
L’UE doit maintenant agir rapidement pour que sa consommation ne conduise plus à la destruction des forêts.
Une étude a été commandée par la Commission européenne pour évaluer les actions envisageables et leur faisabilité. Longtemps différée, cette étude est supposée être rendue publique très bientôt. Dans un courrier daté du 10 Janvier, le Premier Vice Président, Frans Timmermans, et le Vice Président, Jyrki Katainen, nous ont informés que la Commission prendrait “une décision sur une possible initiative sur la déforestation dans les semaines à venir”. C’est à dire maintenant !