Avec le Mercosur, Macron retourne sa veste
Il y a deux mois, nous signions aux côtés de 340 ONG dans le monde une lettre ouverte pour appeler à stopper l’accord Mercosur. Nous appelions les responsables européens à soutenir les droits humains, la dignité humaine et un climat habitable au Brésil, et donc à faire pression sur le Brésil et la politique de Jair Bolsonaro. La réaction de l’Elysée à l’époque ? un silence assourdissant. Idem lorsqu’en juin nous bloquions à Sète un cargo rempli de soja pour dénoncer le drame de la déforestation : silence radio total. Il aura fallu que l’Amazonie fasse la une des médias pour que E. Macron s’élève contre le Mercosur, après avoir soutenu le traité contre l’avis des ONG pendant des mois.
Emmanuel Macron a beau jeu de se réveiller maintenant, alors que l’attention du grand public est tournée sur les incendies en Amazonie. Pourtant il continue de soutenir, en France et en Europe, une politique agricole basée sur l’élevage intensif et l’importation massive de soja qui contribue justement à la destruction de forêts tropicales et de savanes arborées au Brésil.
Fashion Pact : une énième poudre aux yeux
La mode représente, au niveau mondial, 20 % des rejets d’eaux usées, 10 % des émissions de CO2 et 22,5 % des pesticides utilisés. C’est une industrie gourmande en énergie pour ses usines, et surtout, elle exploite une main d’œuvre bon marché dans des conditions précaires. Il est indispensable de réguler cette industrie. Au lieu de ça, Emmanuel Macron a confié à une trentaine d’acteurs de la mode le soin de se fixer leurs propres normes, créant une situation de conflit d’intérêts évidente.
C’est avant tout à l’Etat de réguler ce marché, par la loi. Comment rendre le secteur de la mode plus écologique ? Il faut :
- Faire baisser la consommation de vêtements.
- Inciter à la relocalisation et à l’économie circulaire.
- Limiter la publicité pour les vêtements, comme cela a été fait pour le tabac.
Amazonie : Macron veut reforester… au lieu de stopper la déforestation
La situation en Amazonie, mais aussi en Afrique et en Asie, est si dramatique qu’Emmanuel Macron n’a eu d’autre choix que de mettre les incendies au cœur des discussions de ce G7. Pour autant, sa réponse tombe complètement à côté de l’urgence climatique : la proposition d’aide financière du G7 – déjà rejetée par Jair Bolsonaro – ne répond aucunement au problème profond et à la raison de ces incendies, à savoir l’agriculture industrielle, l’élevage intensif, l’agribusiness, le bois illégal… Le Président a d’ailleurs reconnu publiquement lundi soir que la France « a sa part de complicitée » dans la situation en raison de ses importations de soja. Si Emmanuel Macron veut effectivement « répondre à l’appel de la forêt », comme il l’a annoncé devant un parterre de médias, il doit prendre des mesures concrètes pour stopper la déforestation : des solutions existent pour préserver l’Amazonie., contrairement à la reforestation promue par le Président, qui n’a de solution que le nom !
Au contre-G7, on balade Macron pour moquer son inaction
Puisque E.Macron nous balade sur le climat, faisons-le marcher : c’est ce qu’ont fait dimanche 25 août les activistes non-violents d’Anv-Cop21. Plus de 900 personnes étaient réunies à l’occasion de cette Marche des Portraits, décrochés depuis six mois dans différentes mairies dans le cadre de l’opération «Décrochons Macron ». Lors de la conférence de presse de cet événement, Jean-François Julliard, directeur général de Greenpeace France, a dénoncé l’abîme entre les discours et les actes d’Emmanuel Macron, qui oblige à multiplier les actions de désobéissance civile « pour que le risque climatique devienne un risque politique » pour le gouvernement. Et à la table-ronde « Fin du monde, fin du mois, même combat » organisée par Attac, Jean-François Julliard a appelé à multiplier les grèves et les marches « car l’urgence climatique, environnementale et sociale est telle qu’il faut tout tenter ».
Stop au blabla : la pression doit monter pour le sommet de l’ONU
Si E. Macron est passé à côté de l’occasion du G7 pour impulser une dynamique digne de ce nom sur le climat, il devra le 23 septembre, à l’ONU, enfin prendre ses responsabilités : le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a convoqué un sommet spécial sur le climat pour remobiliser les Etats. Objectif : relever leurs ambitions climatiques pour se mettre dans les clous de l’Accord de Paris. E. Macron doit répondre à l’appel des scientifiques, des jeunes, des citoyen·nes du monde entier, pour annoncer de façon unilatérale sa volonté de relever ses engagements climatiques à 2030, sans quoi sa crédibilité internationale sera définitivement enterrée.
Parce que les actes concrets sont sans cesse reportés, le temps des négociations et des discours est révolu ! Nous appelons à une mobilisation générale, avec une grève internationale vendredi 20 septembre et des marches partout en France samedi 21 septembre.