Le 11 mai dernier, la majorité à l’Assemblé nationale votait une proposition de loi visant à interdire l’exploration et l’exploitation des gaz et huiles de schiste par la technique de la fracturation hydraulique. Après un jour et demi de débats, l’Assemblée nationale les députés adoptaient un texte ni à la hauteur des attentes des Français, ni des exigences environnementales. C’est aujourd’hui au Sénat d’examiner le texte.
Au fur et à mesure de la discussion parlementaire, le texte s’éloigne chaque jour un peu plus de la proposition initiale , (à lire ici) qui abrogeait les permis d’exploration et d’exploitation accordés. Les députés, en en restant à l’interdiction de la fracturation hydraulique – sans d’ailleurs définir ce dont il s’agit, ni détailler les problèmes que posent cette technologie –, gèrent uniquement le court terme.
Les sénateurs semblent vouloir reculer plus encore
En effet, lors d’une réunion en commission, plusieurs amendements déposés par le centriste Claude Biwer (Meuse) ont été adoptés pour autoriser le recours à la fracturation hydraulique « à des fins scientifiques ».
Cette disposition présente un risque non négligeable de porte entr’ouverte aux exploitants, faisant fi des conséquences catastrophiques de cette technique ainsi que de la crise climatique qui ne pourra que s’accentuer du fait de l’exploitation de ces nouvelles sources d’énergies fossiles
Dans les coulisses du Sénat, les lobbyistes s’agitent
On apprends ainsi dans Mediapart ce matin, que « La sénatrice Nicole Bricq, élue de Seine-et-Marne, où se trouvent de potentiels gisements, a ainsi été contactée par le représentant français d’une société texane, Ecorp, qui fore du gaz et des huiles de schiste en ayant recours à la « stimulation au propane ». Cette technique, déjà utilisée aux États-Unis et au Canada, fracture la roche à l’aide de propane gélifié et de sable, sans eau, sans adjuvants chimiques polluants, et avec une faible emprise au sol et donc de moindres dégâts sur l’environnement, assure un de ses promoteurs. »
Pas de remise en cause de notre modèle énergétique
La loi examinée aujourd’hui par les sénateur n’engage en rien la France vers une nécessaire transition énergétique, qui nous libère de notre addiction aux énergies polluantes et de plus en plus coûteuses, et oriente notre société vers un modèle capable de répondre aux besoins de façon durable.
La course effrénée vers le non conventionnel sous toutes ses formes se poursuit donc en France, avec cette porte laissée aujourd’hui ouverte à d’autres façons d’exploiter les gaz et pétrole de schiste, mais aussi des opérations de forage profond lancées en Guyane
Les responsables politiques oublient l’essentiel : quelles que soient les technologies développées demain, la crise climatique nous interdit d’exploiter ces hydrocarbures non conventionnels. Leur extraction et leur consommation impliquent de massives émissions de CO2 que la planète ne pourra supporter ! Les hydrocarbures non conventionnels, comme le pétrole, le charbon, de même que le nucléaire sont des énergies du passé. Ou nous poursuivons une fuite en avant absurde et vouée à l’échec ; ou nous engageons une transition énergétique vers un modèle moderne, décentralisé, renouvelable, plus économe en énergie et profitable à la fois du point de vue environnemental, sanitaire, économique et social.
L’ensemble des citoyennes et citoyens, associations, ONG et syndicats à poursuivre et étendre la mobilisation pour l’interdiction ferme et définitive de l’exploration et de l’exploitation des gaz et huiles de schiste, aussi bien en France qu’à l’étranger par les filiales d’entreprises françaises.
GAZ ET HUILES DE SCHISTE : NI ICI, NI AILLEURS / NI AUJOURD’HUI, NI DEMAIN !