La « saga » glyphosate en quelques dates clés
- Mars 2015 : le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), qui dépend des Nations unies, classe le glyphosate comme « probablement cancérigène ».
- 12 novembre 2015 : à l’inverse, l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) conclut qu’il n’y a pas suffisamment d’éléments scientifiques pour établir un lien entre glyphosate et cancer, et suggère même d’augmenter la limite maximale de résidu autorisée…
- 27 novembre 2015 : 96 scientifiques indépendants remettent en cause les conclusions de l’EFSA. Ils reprochent notamment à l’EFSA de s’être appuyée sur de nombreuses études qui ont été financées par les industriels et n’ont pas été rendues publiques.
- Mars 2016 : la Commission européenne reporte un premier vote sur le renouvellement de l’autorisation du glyphosate car elle sait qu’elle n’obtiendra pas de majorité qualifiée (16 des 28 États membres représentant 65 % de la population européenne). Elle proposait alors un renouvellement de l’autorisation pour 15 ans sans restriction. Le vote sera ensuite repoussé à plusieurs reprises.
- Avril 2016 : le Parlement européen demande une interdiction du glyphosate pour les particuliers et dans les espaces verts, sur les terres agricoles juste avant la récolte ainsi que pour les mauvaises herbes pouvant être contrôlées avec d’autres méthodes. Il demande également que toute nouvelle autorisation ne dépasse pas sept ans.
- Mai 2017 : la Commission européenne annonce son intention de proposer un renouvellement de l’autorisation pour 10 ans.
- Octobre 2017 : les Monsanto Papers révélés par le journal Le Monde montrent comment Monsanto a organisé de la désinformation autour du glyphosate depuis des années.
Dernier rebondissement : les eurodéputés demandent l’interdiction
Mardi 24 octobre, le Parlement européen a voté en faveur d’une interdiction du glyphosate d’ici à cinq ans. Bien que la proposition de la commission santé et environnement tablait initialement sur une interdiction dès 2017,le message des eurodéputés est clair : il faut bannir le glyphosate.
Bien que cette résolution du Parlement ne soit pas contraignante, elle n’en va pas moins à l’encontre des aspirations de la Commission et fait peser la pression sur Bruxelles en vue du vote de demain.
Les eurodéputés ne sont pas les seuls à aller dans ce sens : une pétition lancée dans le cadre de l’initiative citoyenne européenne contre le glyphosate a dépassé, en moins de cinq mois, le seuil du million de signatures requis pour être examiné par les instances européennes !
Mais alors pourquoi la Commission s’entête ?
Tout d’abord les enjeux économiques (et les pressions) sont énormes…
Connu sous la marque commerciale RoundUp vendue par Monsanto, le glyphosate est l’herbicide le plus vendu et le plus utilisé dans le monde : 700 000 tonnes par an chaque année, dont environ 8500 en France. En septembre dernier, 53,3 % des échantillons alimentaires testés par l’association Générations Futures présentaient des résidus de l’herbicide…. Le glyphosate est partout. Autant dire que Monsanto joue gros dans cette affaire… et qu’elle n’hésite pas à interférer avec les organismes de réglementation.
Ensuite, parce que la Commission redoute que le géant américain ne la traîne devant la Cour de justice européenne si elle ne parvient pas à trouver une issue dans les délais impartis.
Les demandes de Greenpeace
Aujourd’hui, outre l’opposition de la population, nous disposons de tous les éléments scientifiques nécessaires pour exiger d’appliquer le principe de précaution et d’interdire tous les usages du glyphosate.
En revanche il faut que cette interdiction soit accompagnée pour permettre aux agriculteurs une transition. Des expériences nous montrent que c’est possible.
Le gouvernement français doit absolument s’opposer à la proposition de renouvellement de l’autorisation de la Commission.
En France, il doit mettre en place un plan d’action pour accompagner les agriculteurs et interdire le glyphosate au plus vite. Rappelons qu’en France, certains usages du glyphosate ont d’ores et déjà été interdits et/ou vont bientôt l’être :
- Les usages particuliers : la vente de pesticides de synthèse en libre-service est d’ores et déjà interdite même si cette interdiction est très peu respectée. Ces pesticides seront totalement interdits à la vente à partir du 1er janvier 2019.
- Les espaces verts : interdiction depuis le 1er janvier 2017 (sauf pour l’entretien des voies ferrés, aéroports et cimetières)
Vendredi 20 octobre, Greenpeace s’est associée à 33 autres ONG pour interpeller le président Macron dans une lettre ouverte et lui demander de tenir sa promesse de campagne et d’interdire le glyphosate.
Rendez-vous donc mercredi 25 octobre 2017, jour du vote, pour un nouvel épisode de la saga du glyphosate et de l’Union européenne.