Gravelines : une centrale nucléaire face à la montée des eaux

Illustration Fred Péault

 

Une centrale nucléaire vulnérable

Le dérèglement climatique s’aggrave avec des conséquences de plus en plus importantes et fréquentes sur la planète. La commune de Gravelines, exposée à des risques de submersions marines et fluviales, voit sa situation aggravée par la montée des eaux due au changement climatique. Le polder du delta de l’Aa, zone de terre basse entourée de digues, est particulièrement vulnérable aux inondations. Les crues de 1953 et plus récemment de début 2024 rappellent la précarité de cet équilibre hydrologique et impactent les populations locales.

Dans ce contexte, il est impératif que des analyses de risques indépendantes sur les dangers environnementaux exacerbés par le dérèglement climatique soient effectuées et communiquées au public avant d’envisager de nouvelles constructions dans cette région à risque. Car aujourd’hui la majeure partie de la zone autour de la centrale est située sous le niveau de la mer lors des marées les plus hautes.

Greenpeace, dans un rapport publié aujourd’hui, alerte sur la vulnérabilité du territoire de Gravelines face à la montée des eaux, en insistant sur l’urgence d’agir pour protéger cette zone contre des décisions industrielles lourdes de conséquences, notamment la construction de nouveaux réacteurs nucléaires de modèles EPR2.

L’inquiétante et tenace opacité d’EDF

La centrale actuelle de Gravelines est entourée d’ouvrages de protection (portes étanches, plaques en acier…) qui, en cas de submersion marine ou d’inondations importantes, pourraient l’isoler et la transformer en une sorte d’île. Cela soulève de sérieuses interrogations quant à la capacité d’EDF à maintenir la sûreté nucléaire lors d’épisodes climatiques extrêmes. En effet, combien de temps la sûreté de la centrale de Gravelines peut-elle être assurée si celle-ci devient une île ? Qu’en est-il d’une conjonction d’événements météorologiques extrêmes dans une région déjà soumise à un risque important d’inondations, lui-même aggravé par le dérèglement climatique ? Autant de questions sans réponses dans les documents d’EDF.

Aujourd’hui, dans le cadre de la politique de relance du nucléaire impulsée par Emmanuel Macron, EDF prévoit de construire deux nouveaux réacteurs nucléaires sur un promontoire de 11 mètres de haut qui sera situé sur un terrain adjacent à la centrale existante : une tour atomique qui, elle aussi, pourrait devenir une île. EDF entretient une opacité concernant la prise en compte de ces risques, notamment dans son dossier des maîtres d’ouvrage (DMO), publié pour la Commission nationale du débat public (CNDP). Pourtant EDF doit fournir les informations nécessaires sur le projet dans le cadre du débat public organisé par la CNDP, censée servir à informer la population locale sur les risques liés au dérèglement climatique, les coûts… Or aujourd’hui dans ces documents, les mesures de sûreté envisagées et leurs référentiels ne sont pas détaillés, les marges de sécurité sont décrétées sans explications et aucune analyse de risque ni aucun calcul ne sont fournis.

Un danger pour les populations

La construction de nouveaux réacteurs, en particulier dans une zone déjà fortement nucléarisée comme Gravelines, comporte des risques considérables pour la sûreté. Cette concentration de réacteurs augmente les risques d’incidents graves dans une zone où se situent déjà de nombreux sites industriels classés dangereux (SEVESO).

Construire deux nouveaux réacteurs sur le site de Gravelines, ce n’est pas rendre service à la population. C’est la rendre plus vulnérable. C’est ajouter un nouveau risque nucléaire sur un territoire où la population va devoir lutter contre des inondations et des risques de submersion qui vont devenir de plus en plus importants au fur et à mesure de l’aggravation du dérèglement climatique.

« Le projet de construction de nouveaux réacteurs nucléaires en zone inondable à Gravelines est une bombe à retardement. Ce projet n’existe que parce qu’il est soumis à des pressions politiques déconnectées des conséquences du dérèglement climatique. »
Pauline Boyer, chargée de campagne antinucléaire à Greenpeace France et rédactrice du rapport.

Les centrales nucléaires sont vulnérables au dérèglement climatique et la fuite en avant de la relance nucléaire doit s’arrêter. Aujourd’hui, le projet de construction de deux nouveaux réacteurs à Gravelines mené par EDF en pleine crise climatique, accroît les incertitudes sur la gestion des risques naturels et industriels. Face à cette situation, il est essentiel d’envisager des solutions alternatives plus sûres et durables, avec des politiques énergétiques ambitieuses et justes, en optant pour des modes de vie plus sobres et en développant des énergies renouvelables.

Signez la pétition contre la construction de deux nouveaux réacteurs à Gravelines.

Crédit Photo © Fanny Noret / Greenpeace