Cet automne, nous fêtons les 40 ans de la naissance de Greenpeace en France. À travers une série d’articles, de vidéos et de photos que nous allons diffuser au cours des prochains jours, nous vous proposons une rétrospective de l’histoire de l’organisation, ses victoires, ses légendes, ses coups durs… Cet anniversaire est aussi l’occasion de rappeler qu’il reste encore beaucoup à faire pour la protection de la planète, et de réaffirmer notre détermination à en faire toujours plus.
Immersion…
Les débuts de « la tribu »
Automne 1977, les essais nucléaires français font rage en Polynésie. À Paris, la contestation enfle et s’organise. Quelques militants écologistes entrent en contact avec les membres du tout premier bureau de Greenpeace, Greenpeace Canada, fondé six ans plus tôt et déjà aux prises avec la marine française dans le Pacifique pour dénoncer les essais nucléaires.
Greenpeace était une tribu à l’époque. Nous devions tracer un chemin qui n’était pas balisé, oser inventer une nouvelle forme d’intervention citoyenne. Nous étions des lanceurs d’alerte avant que l’expression n’existe.
Rémi Parmentier, militant de la première heure et fondateur de Greenpeace France
L’effervescence est palpable dans les premiers locaux du 13e arrondissement de Paris que les bénévoles de Greenpeace France, de plus en plus nombreux, partagent avec les Amis de la Terre. La branche britannique de Greenpeace voit le jour en même temps que sa sœur parisienne. Ensemble, elles achètent un vieux rafiot écossais : le Sir William Hardy. Après quelques mois de rafistolage, le bateau est opérationnel ; il est rebaptisé… le Rainbow Warrior.
Revivez nos 40 ans d’histoire en photos :
Action devant la Tour Eiffel contre la chasse à la baleine. La Commission baleinière internationale adoptera en 1982 un moratoire sur cette chasse.
1er janvier 1978
Le Rainbow Warrior effectue sa première expédition en 1978 pour s’opposer à la chasse baleinière au large de l’Islande. Plusieurs membres de Greenpeace France sont à son bord, dont Rémi Parmentier, fondateur du bureau français.
1er juin 1978
Des activistes empêchent le baleinier islandais de Hvalur 9 d’aller chasser des baleines dans l’océan Atlantique ; le Rainbow Warrior est au 3e plan.
1er juin 1978
Les activistes de Greenpeace protestent contre le déversement de déchets nucléaires dans l’océan. Lors de cette action, deux barils de déchets radioactifs ont été lâchés sur un bateau pneumatique de l’ONG, blessant l’un de ses membres. Greenpeace France a joué un rôle majeur dans la campagne contre l’immersion de déchets nucléaires en pleine mer, pratique interdite depuis l’adoption en 1993 d’une convention internationale.
6 septembre 1982
Des activistes sont enchaînés à la porte du bureau de la Marine Marchande pour demander la mainlevée immédiate du Sirius, un bateau Greenpeace. Il avait été immobilisé quelques jours plus tôt par les autorités, après une manifestation contre l’arrivée de combustibles usés issus des centrales nucléaires japonaises, dans le port de Cherbourg.
11 janvier 1983
Un bus aux couleurs de Grenpeace sillonne les villes de France pour sensibiliser les citoyens à l'action environnementale.
1er janvier 1984
Remise de cartes postales au siège des Terres Australes et Antarctique Françaises (TAAF) contre le projet de construction d'une piste d’atterrissage en Antarctique.
29 juillet 1984
Action sur l'Arc de Triomphe pour protester contre les essais nucléaires français dans le Pacifique.
27 mars 1992
Action de quatre jours sur l’usine de production de chlore Atochem, à la Fos-Sur-Mer. Les activistes ont bloqué la voie ferrée qui dessert l’usine ainsi qu'un navire italien chargé de soude caustique.
14 septembre 1993
Les activistes déploient un filet de 2 km face à la Tour Eiffel lors d'une rencontre des ministres européens de la pêche. Cette action a été réalisée pour protester contre la dérogation autorisant la France à utiliser des filets dérivants de 5 km (contre 2,5 km pour les autres États).
1er décembre 1993
Manifestation contre la reprise des essais nucléaires.
14 juillet 1995
Action contre le soja génétiquement modifié devant les bureaux de Danone.
28 janvier 1997
Action contre l'importation en France de bois tropicaux dans le port de Honfleur.
28 juillet 2000
Des thoniers senneurs du port de Marseille encerclent le Rainbow Warrior pour l’empêcher de pénétrer dans le port de commerce de la ville phocéenne, où Greenpeace était venue dénoncer les ravages de la surpêche en Méditerranée.
24 août 2006
Action sur la Tour Eiffel lors du lancement de la réunion des experts du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) afin de mobiliser les citoyens et d’interpeller les décideurs sur la nécessité de limiter à 2 °C le réchauffement climatique d'ici à la fin du siècle.
29 janvier 2007
Action au large de Saint-Nazaire sur le cargo Izmir Castle qui transporte 15 000 tonnes d'huile de palme en protestation contre la déforestation de la forêt indonésienne.
29 octobre 2009
Greenpeace bloque la voie ferrée pour dénoncer le transport de déchets nucléaires vers la Russie et demander un moratoire sur les exportations de ces déchets.
24 janvier 2010
Un activiste survole la centrale nucléaire du Bugey pour illustrer les failles de sécurité et la vulnérabilité des centrales nucléaires françaises.
2 mai 2012
Les activistes accrochent une banderole au-dessus de la Seine « Sauvez le thon rouge », alors que la Commission internationale pour la conservation des thons en Atlantique se réunit à Paris.
22 novembre 2010
Lors de la Fashion week à Paris, Greenpeace demande aux entreprises de la mode d’éliminer les produits toxiques de leurs chaînes de production.
5 mars 2013
Les gardes russes ont procédé à l’arrestation des 30 membres d’équipage de Greenpeace qui se trouvaient à bord de l’Arctic Sunrise, à la suite d’une manifestation pacifique menée contre les activités de forage d’une plateforme pétrolière de Gazprom en Arctique. Ils ont été libérés après près de 3 mois de détention en Russie et de nombreuses mobilisations mondiales.
Ici des salariés et bénévoles du bureau français de Greenpeace.
27 septembre 2013
Une soixantaine d’activistes venant de 14 pays s'introduisent dans la centrale nucléaire de Fessenheim pour dénoncer le vieillissement de cette centrale et les dangers qu'elle représente.
18 mars 2014
Centrale de Fessenheim. Le message des activistes : arrêtez de mettre l'Europe en danger !
8 mars 2014
Greenpeace dénonce l’existence d’un champ de maïs OGM à Saubens, dans le sud-ouest, et demande au gouvernement d’interdire ces cultures illégales.
2 mai 2014
Les activistes déposent une grume de 8,5 mètres de long devant le ministère de l’Écologie pour interpeller le gouvernement sur les importations de bois illégal en Europe. Suite à cette action, le ministère avait réagi en s’engageant à mettre en œuvre un dispositif de contrôle de ces importations.
4 mars 2015
Greenpeace bloque pendant plusieurs jours tous les accès de la SOCAMIL, centrale d’achats d’E.Leclerc implantée près de Toulouse, un lieu stratégique de la politique d’achats régionale des magasins E.Leclerc.
Après 1 an et demi de campagne et une série d’actions, E.Leclerc s’engage vers une réduction de l’utilisation des pesticides dans la production des fruits et légumes de ses étals.
27 octobre 2015
Dernier jour de la COP 21, à Paris : Greenpeace exhorte les dirigeants du monde entier à lutter contre le réchauffement climatique et à développer les énergies renouvelables en dessinant un soleil à la peinture biodégradable sur la place de l’Étoile.
11 décembre 2015
Des activistes de Greenpeace bloquent l’usine Petit Navire, numéro un français du thon en boîte, pour dénoncer ses méthodes de pêche destructrices. Une campagne et des mobilisations internationales ont poussé Thai Union, la maison mère de Petit Navire, à prendre des mesures contre la pêche illégale et la surpêche.
23 mai 2016
Action devant le siège de Total pour protéger le récif de l'Amazone, au large du Brésil, contre les projets de forage de la compagnie pétrolière. 27 mars 2017
Des militants entrent dans «la « zone de protection renforcée » de la centrale nucléaire de Cattenom. Ils y lancent un feu d'artifice, à proximité de la piscine de combustible usé, afin de démontrer la sécurité défaillante des centrales.
12 octobre 2017
Les campagnes s’enchaînent
La protection des mammifères marins est, avec la lutte contre le nucléaire, l’autre cheval de bataille de l’époque. Le Rainbow Warrior effectue sa première expédition en 1978 pour s’opposer à la chasse baleinière au large de l’Islande, avec plusieurs membres de Greenpeace France à son bord. Cette campagne porte ses fruits en 1982, avec l’adoption d’un moratoire international sur la chasse baleinière commerciale.
Le comité anti-nucléaire du Cotentin contacte Greenpeace France en 1978. La région veut cesser d’être la « poubelle du nucléaire » et proteste contre l’arrivée imminente du premier convoi de déchets radioactifs japonais à l’usine de La Hague. En février 1980, le Rainbow Warrior arrive pour la première fois en France, dans le port de Cherbourg. L’équipage parvient à retarder l’arrivée du convoi, au prix d’une sévère répression policière.
« Près de 3500 personnes étaient là pour acclamer le bateau », raconte Yannick Rousselet, alors membre du comité et qui, par la suite, a rejoint l’équipe salariée de Greenpeace France dont il fait toujours partie aujourd’hui.
Le gouvernement ne peut plus agir dans l’ombre.
Yannick Rousselet, chargé de campagne sur les questions nucléaires pour Greenpeace France
Les actions s’enchaînent, sur terre comme en mer. L’histoire de Greenpeace et celle du nucléaire français deviennent indissociables. Greenpeace France jouera par exemple un rôle majeur dans la campagne contre l’immersion de déchets nucléaires en pleine mer, pratique interdite depuis l’adoption en 1993 d’une convention internationale.
Une contestation insupportable
Cette contestation sans relâche devient insupportable pour les autorités françaises. En 1985, elles font couler le Rainbow Warrior dans le port d’Auckland, en Nouvelle-Zélande, pour l’empêcher d’atteindre le site des essais nucléaires français de Moruroa. Fernando Pereira, le photographe de Greenpeace, est tué dans l’attentat. Période sombre pour Greenpeace France, qui fermera ses portes pendant deux ans avant de rouvrir en 1989.
Il aura fallu attendre 1996 pour que la France, après une dernière salve nucléaire en Polynésie, signe le traité d’interdiction totale des essais nucléaires, auquel les militant-e-s de la première heure ont tant contribué. Au cours de ces 40 années, Greenpeace France a mené de nombreuses actions pour défendre les forêts, les océans et le climat. Elle a entre autres participé à la campagne pour la protection de l’Antarctique, qui aboutira en 1991 à la signature d’un traité international.
Plus récemment, Greenpeace France a joué un rôle crucial pour empêcher la culture d’OGM en France grâce à une campagne d’une dizaine d’années qui a permis, en 2008, d’interdire la culture du maïs MON810 de Monsanto. Au début des années 2010, les activistes de Greenpeace France ont mené une série d’actions dans les ports français pour dénoncer les importations de bois illégal en Europe, contribuant au renforcement de la législation européenne et à sa mise en œuvre en France.
Nous continuons chaque jour à défendre nos valeurs avec la non-violence comme étendard, forts du courage que nous inspirent les pionniers de notre mouvement. Nous sommes prêts à écrire de nouvelles pages de cette histoire. Avec vous.
Nous remercions Yannick Rousselet et Rémi Parmentier pour leur témoignage. Yannick Rousselet est actuellement chargé de campagne nucléaire pour Greenpeace France. Rémi Parmentier est co-directeur du Varda Groupwww.vardagroup.org, bureau d’étude stratégique international qu’il a créé en 2003 avec Kelly Rigg, autre membre historique de Greenpeace.
Et vous, quelles actions de Greenpeace vous ont marqué ces dernières années ? Une anecdote, une rencontre, un engagement, une campagne, une photo, racontez-nous dans les commentaires ci-dessous un souvenir emblématique à vos yeux des combats menés (mentionnant la date si possible). Nous publierons en fin d’année un récapitulatif de vos témoignages pour enrichir notre histoire.
Restez connecté-e ! Nous publierons bientôt un nouveau blog dans lequel nous vous raconterons, en vidéo, les moments phares de Greenpeace France…