Greenpeace ouvre un bureau en Ukraine

Mettre en marche une reconstruction verte

Installation de panneaux solaires sur le nouveau toit de l’hôpital de jour d’Horenka, près de Kiev. Décembre 2022.
© Oleksandr Popenko / Greenpeace

Depuis le début de la guerre, Greenpeace s’est efforcée de soutenir l’Ukraine de la façon la plus concrète possible, notamment en participant avec des ONG ukrainiennes à la reconstruction durable et respectueuse de l’environnement de bâtiments ou d’infrastructures endommagés.
 
Par exemple, dans le cadre de la reconstruction d’un hôpital de jour détruit à Horenka, nous avons participé à l’installation d’une pompe à chaleur et de panneaux solaires. Ces systèmes d’énergie décentralisés peuvent contribuer à relever les défis des pannes d’électricité et du froid, même en temps de guerre, et concilier le besoin de réhabilitation avec celui d’une transition vers un système plus résilient et durable.
 
D’autres projets sont actuellement en cours pour réparer les structures endommagées par la guerre : deux écoles maternelles et un autre hôpital. Le nouveau bureau à Kiev développera ces projets pilotes et soutiendra les efforts de reconstruction verte de plusieurs villes du pays.

En savoir plus sur la reconstruction verte.

Lutter contre les énergies fossiles, qui financent la guerre

La reconstruction verte, notamment le développement des énergies renouvelables, est également un moyen de se départir des énergies fossiles. Cette guerre, que Greenpeace a condamnée dès le premier jour, a en effet rappelé au monde entier combien la dépendance à ces énergies pouvait être dangereuse.

Le gaz et le pétrole financent la guerre du régime russe contre le peuple ukrainien, tout comme ils alimentent des conflits partout dans le monde. Les énergies fossiles, si nocives pour le climat, le sont aussi pour la paix. De nombreux bureaux de Greenpeace dans le monde sont ainsi passés à l’action pour dénoncer l’importation de pétrole et de gaz russes. Faire défiler le diaporama ci-dessous pour voir certaines de nos actions :

En France, Greenpeace reste encore aujourd’hui particulièrement mobilisée contre TotalEnergies, seule major occidentale à ne pas avoir déclaré se retirer de Russie. TotalEnergies a ainsi choisi de risquer de contribuer à des crimes de guerre en Ukraine en poursuivant ses exportations de GNL russe et en exploitant, avec son partenaire local Novatek, un gisement de condensats de gaz, qui une fois transformé en kérosène aurait servi à ravitailler des avions de combat russes engagés dans la guerre en Ukraine. À ce jour, TotalEnergies reste actionnaire de l’entreprise russe Novatek mais aussi de l’usine de liquéfaction Yamal LNG qui lui permet de vendre plus de quatre millions de tonnes de gaz naturel liquéfié par an. En mars 2022, les activistes de Greenpeace sont passé·es à l’action dans le port de Montoir-de-Bretagne pour protester contre les activités de la multinationale.

Dénoncer encore et toujours les dangers du nucléaire, militaire comme civil

Les énergies fossiles ne sont pas les seules à prendre en otage les démocraties occidentales. C’est aussi le cas de l’énergie nucléaire, dont les rentes servent elles aussi à financer la guerre.

Dans le port de Dunkerque, les activistes de Greenpeace France dénoncent l’importation par Orano d’uranium enrichi russe. Mars 2023.
© Denis Meyer / Greenpeace

Le business as usual avec l’industrie nucléaire russe

Ainsi, la France, comme d’autres pays nucléarisés, a continué son business as usual avec l’industrie nucléaire russe. Dans une note de décryptage, Greenpeace France a montré comment l’industrie française persiste dans sa dépendance à la Russie et son conglomérat du nucléaire, Rosatom, via ses importations d’uranium (45 % de l’uranium utilisé en France provient de l’ex-URSS, du Kazakhstan en particulier, et transite par les installations de Rosatom), et via la filière de retraitement (exportation de déchets radioactifs et enrichissement d’uranium de retraitement). Dans un autre rapport, nous avons expliqué comment Rosatom, bien que directement impliquée dans l’occupation de la centrale, a évité toute forme de sanction de la part de l’Union européenne en raison des intérêts économiques de certains États membres, dont la France en premier lieu. Dans un troisième rapport d’enquête publié en 2023, nous avons révélé que la France avait quasiment triplé ses importations d’uranium enrichi russe en pleine invasion de l’Ukraine.

Greenpeace a également demandé que Rosatom figure sur la liste des entreprises russes sanctionnées par l’union européenne. En juin, l’Union européenne a décidé d’interdire l’accès aux locaux de ses institutions aux lobbyistes des entreprises russes. Cette décision est intervenue après la publication d’un rapport de Greenpeace France dénonçant la pression exercée sur Bruxelles par les représentants des géants russes de l’énergie Gazprom, Lukoil et Rosatom pour que l’énergie nucléaire et le gaz soient inclus dans la liste européenne des énergies “vertes”. En avril 2023, Greenpeace a déposé un recours devant la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) contre l’inclusion du gaz fossile et du nucléaire dans la liste des investissements durables de l’UE.

Des centrales nucléaires qui pourraient devenir des armes de guerre

Outre la menace brandie par V. Poutine d’avoir recours aux armes nucléaires, pour la première fois de l’histoire les centrales nucléaires sont apparues comme des armes de guerre potentielles – montrant si besoin était qu’il n’y a pas de frontière entre le nucléaire civil et militaire.

Des spécialistes de Greenpeace en mission aux alentours de la centrale de Tchernobyl étudient la radioactivité après le passage des troupes russes. Juillet 2022.
© Jeremy Sutton-Hibbert / Greenpeace

Zaporijia

Dans la nuit du 3 au 4 mars 2022, l’armée russe a attaqué la centrale nucléaire ukrainienne de Zaporijia, la plus grande d’Europe, faisant courir le risque d’une catastrophe nucléaire qui pourrait rendre des pans entiers de l’Europe, y compris en Russie, inhabitables pendant au moins plusieurs décennies. Deux jours plus tôt, pressentant les risques posés par l’invasion russe et les 15 réacteurs nucléaires, les experts de Greenpeace publiaient un rapport décrivant en détail combien les dommages causés sur le réseau électrique et la perte d’eau de refroidissement menaçaient les réacteurs et, par là même, les populations d’Ukraine et bien au-delà. 

Par la suite, Greenpeace n’a eu de cesse de dénoncer l’occupation de la centrale par les forces russes, et de mettre en garde la communauté internationale, notamment l’AIEA, contre les dangers que représenterait le redémarrage de la centrale.

En 2023, des équipes de Greenpeace et de l’ONG ukrainienne SaveDripno ont installé des capteurs de radioactivité à Zaporijia et en différents endroits stratégiques du pays dans le but d’alerter rapidement la population et les autorités locales en cas de catastrophe nucléaire.

Tchernobyl 

En juillet 2022, une équipe internationale placée sous la direction de Greenpeace Allemagne, s’est rendue aux alentours de la centrale nucléaire de Tchernobyl, à la suite de l’occupation du site par les troupes russes en mars 2022, pour étudier la radioactivité présente dans les tranchées et abris russes abandonnés. Ce projet de recherche a été mené avec l’accord du gouvernement ukrainien et en coopération avec l’Agence d’État ukrainienne pour la gestion de la zone d’exclusion (SAUEZM).

L’enquête de terrain a montré que les forces armées russes avaient délibérément détruit des équipements scientifiques et volé des ordinateurs contenant des données sur la radioactivité essentielles au travail primordial des scientifiques ukrainiens à Tchernobyl. Les mesures prises dans les tranchées creusées par l’armée russe près de la forêt rouge, hautement contaminée, nous indiquent également à quel point celle-ci s’est comportée au mépris total de la sûreté nucléaire et de la protection de l’environnement. 

En savoir plus : Enquête au cœur de la zone d’exclusion de Tchernobyl

Documenter les crimes contre la nature

Au terrible drame humain de cette guerre viennent s’ajouter des dommages environnementaux qui, aussi bien sur le court que sur le long terme, affectent la population ukrainienne.

Début 2023, Greenpeace Europe centrale et de l’Est (Greenpeace CEE), en collaboration avec l’ONG ukrainienne Ecoaction, ont publié une carte des dommages environnementaux illustrant les différentes atteintes à l’environnement causées par la guerre que mène la Russie en Ukraine. Ces données permettront notamment d’orienter les futurs travaux de restauration. 

En juin 2023, Greenpeace a également condamné la destruction du barrage de Kakhovka par les forces armées russes et publié un rapport d’expertise, basé sur l’imagerie satellite, détaillant les conséquences de la destruction du barrage sur l’environnement et sur la centrale nucléaire de Zaporijia. Nous travaillons également  avec des experts en investigation sur les droits humains, en particulier l’ONG ukrainienne Truth Hounds, qui mènent un travail essentiel pour documenter les crimes de guerre russes. Greenpeace s’engage à continuer d’utiliser son expertise pour enquêter et rassembler des preuves permettant de poursuivre la Russie pour crimes de guerre contre l’environnement. 

Greenpeace travaillera aux côtés du peuple ukrainien, courageux et déterminé, pour construire une Ukraine plus verte et plus sûre. Le bureau de Kiev intégrera le réseau de Greenpeace Europe centrale et de l’Est, dont le siège se trouve en Autriche et qui compte déjà des antennes en Bulgarie, en Croatie, en Roumanie, en Slovaquie, en Slovénie et en Pologne. Greenpeace France tient à remercier chaleureusement ses adhérentes et adhérents qui, par leurs dons et le système de solidarité mis en place entre les bureaux, contribuent aussi à financer les activités de l’ONG en Ukraine.