Paris, le 26 mai 2008. Alors que les députés européens doivent discuter cette semaine du projet de réglementation visant à limiter les émissions de dioxyde de carbone (CO2) des voitures neuves, des militants de Greenpeace déguisés en hommes des caverne et au volant d’une voiture tout droit sortie du dessin animé « La famille Pierrafeu », ont défilé dans les rues de Bruxelles. Ils ont remis au siège de l’Association des constructeurs européens d’automobiles (ACEA), le rapport intitulé « Les moteurs du dérèglement climatique », publié lundi 26 mai.
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Objectif de ce défilé « âge de pierre » : montrer que l’industrie automobile est dans une logique digne de la préhistoire. Alors que la lutte contre les changements climatiques est devenue l’une des priorités mondiales, les constructeurs s’entêtent à produire des véhicules puissants, gourmands en carburants et polluants. Pire encore : ils mettent tout en œuvre pour vider de ses ambitions le projet de réglementation européenne en cours de négociation.
« Notre rapport fait le point sur le lobbying effréné mené par l’industrie automobile européenne, lui-même conduit par les constructeurs allemands, qui manipulent l’Union européenne depuis des années. Aujourd’hui, l’UE risque de se retrouver dans une impasse, explique Anne Valette, en charge de la campagne Climat de Greenpeace France. En refusant de prendre ses responsabilités et en voulant sans cesse retarder le moment de passer à l’action, l’industrie automobile risque de compromettre la capacité de l’UE à atteindre les objectifs de réduction des gaz à effet de serre qu’elle s’est fixés dans le cadre du protocole de Kyoto. »
En l’état actuel, les ambitions du projet de réglementation ont déjà été réduites, alors que pour être à la hauteur du défi climatique, le texte doit limiter la moyenne des émissions de CO2 des voitures neuves à 120 g/km d’ici à 2012, et à 80 g/km pour 2020. Ces normes doivent être assorties de sanctions immédiatement dissuasives, seule garantie que tous les constructeurs les respecteront.
Constructeurs français contre constructeurs allemands
En moyenne, les voitures françaises polluent bien moins que les allemandes, plus lourdes et gourmandes en carburants. Ainsi, par exemple, les modèles mis sur le marché par PSA en 2006 affichent une moyenne de 142 g de CO2/km, contre 166 g/km pour Volkswagen ou 184 g/km pour BMW ! Les groupes français possèdent donc un avantage compétitif à soutenir des normes ambitieuses. Au lieu de cela, ils se soumettent aux intérêts des industriels allemands. « Pourquoi les constructeurs français ne se démarquent-ils pas pour défendre une réglementation européenne ambitieuse, alors qu’ils ont beaucoup d’avance sur leurs concurrents d’outre-Rhin ? » s’interroge Anne Valette.
Le cas de PSA
Mercredi 28 mai au matin se tient une assemblée générale des actionnaires de PSA, au siège du groupe, avenue de la Grande Armée, à Paris. Des bénévoles de Greenpeace y accueilleront les actionnaires afin de les alerter sur le double jeu de Christian Streiff, le président du directoire de PSA, qui dirige actuellement l’ACEA et défend les intérêts des constructeurs allemands, au lieu de faire des marques françaises les champions de la lutte contre les changements climatiques.