A mi-parcours de la négociation finale du Grenelle de la mer qui s’est tenue aujourd’hui au Ministère de l’Ecologie, de l’Energie, du Développement durable et de la Mer, les ONG signataires (Greenpeace, FNH et WWF) reviennent sur les premiers arbitrages effectués principalement sur les thématiques Pêche et Biodiversité.
Concernant les Aires marines protégées (AMP), les ONG signataires ne peuvent que saluer la décision du Ministre d’Etat, d’inscrire 20% des eaux sous juridiction françaises en AMP, dont la moitié en réserves marines (zones de non-extraction). Cet engagement est d’autant plus significatif que la mise en œuvre se fera en concertation avec tous les acteurs concernés, notamment dans les territoires d’Outre-Mer, selon une méthodologie qui reconnaît aux AMP et aux réserves marines un rôle dans la gestion des pêcheries.
« Avec 20% d’AMP, la France s’inscrira enfin dans les objectifs internationaux de préservation de la biodiversité et ouvre la voie en matière d’une protection plus ambitieuse et d’une pêche durable avec la prise en compte des réserves marines comme outil de gestion ou la prise en compte des impacts des activités humaines, comme avec la décision de la protection du Détroit de Bonifacio face aux risques du trafic maritime. » a déclaré Antoine Foucher, directeur des campagnes pour Greenpeace France. Pour sa part, Christian Buchet, porte parole pour la FNH salue les avancées en matière d’approche écosystémique « Il est maintenant nécessaire de mettre en place des outils de gouvernance forts au sein de cet Archipel France. »
Autre point de satisfaction, la France va demander à l’Union européenne de porter auprès de la CITES l’inscription du thon rouge de méditerranée. Les ONG signataires insistent sur la nécessité de l’inscrire en annexe I (interdiction du commerce international). Bien que rien ne garantisse la réussite de cette démarche, elles encouragent cette initiative, premier pas vers une réelle protection d’une espèce aujourd’hui menacée.
En revanche, les positions défendues par le ministre de la Pêche ne satisfont pas aux exigences en matière de protection de l’environnement marin. Par exemple, les modalités d’arrêt de la pêche du requin-taupe sont en totale inadéquation avec l’urgence de protéger cette espèce gravement menacée : le non-renouvellement des licences de pêche ne s’effectuerait qu’au moment du départ à la retraite des pêcheurs. Un délai qui conduira cette espèce à l’extinction !
Sur la question du chalutage profond, aucune mesure n’a été prise. Et ce bien que le Grenelle ait acté le caractère fondamentalement non-durable de cette pêche et que la communauté scientifique internationale s’accorde sur son caractère hautement destructeur. « Aujourd’hui, les positions défendues par Bruno Le Maire ne vont pas permettre une avancée significative vers une protection rapide de ces écosystèmes de grands fonds. En proposant de mandater une commission d’étude sur le sujet, il ne fait que remettre à plus tard les vraies décisions à engager en éludant l’urgence de la situation. » a confié Charles Braine, chargé de programme Pêche durable pour WWF-France.
Si des progrès significatifs ont été actés aujourd’hui dans la plupart des domaines, les ONG resteront cependant vigilantes quand à la mise en œuvre des décisions et à leur application rapide, notamment pour des projets concrets.