Hommage à Alain Connan, ancien capitaine de Greenpeace - 1933-2024
Janvier 2

Hommage à Alain Connan
1933-2024

« Peut-on encore se contenter de s’opposer les bras croisés ? »
Alain Connan pour le JDD en 2021

Hommage à Alain Connan, ancien capitaine de Greenpeace – 1933-2024

Janvier 2024

Alain Connan, ancien capitaine de plusieurs navires de Greenpeace dans les années 1980 et 1990, est décédé à l’âge de 91 ans. Ce combattant de l’arc-en-ciel a été un pilier de l’histoire du mouvement Greenpeace qu’il a accompagné de nombreuses années.

Né en 1933 à Lorient, il a commencé sa carrière dans la marine marchande française qu’il rejoint à l’âge de 16 ans. Il devient adhérent de Greenpeace en 1979, prend sa retraite anticipée de la Marine en 1983 pour se consacrer à son engagement auprès de l’organisation et militer pour la protection des océans. Il devient rapidement commandant de bord pour les navires de Greenpeace, l’un de ses porte-parole à partir de 1985 puis Président du bureau Greenpeace France à sa réouverture en 1987, après deux ans de fermeture suite à l’attentat du Rainbow Warrior. Il sillonnera les mers jusqu’en 1993, notamment aux commandes du Rainbow Warrior II et sera un militant infatigable contre les essais nucléaires en Polynésie française, une campagne qui contribuera à l’arrêt des essais dans le Pacifique puis au Traité de l’ONU d’interdiction des essais nucléaires en 1996. Il participe aussi activement à la campagne pour le moratoire sur la chasse à la baleine et la création d’une réserve naturelle en Antarctique.

Alain Connan

Alain Connan (gauche) et Rémi Parmentier (droite) à bord du Sirius dans les années 1980.
© Rémi Parmentier

Témoignage de Rémi Parmentier, cofondateur du bureau de Greenpeace en France :

« J’étais à l’époque coordinateur de la campagne à bord du navire Sirius, je lui expliquais que j’observais depuis un an ou deux les mouvements de la flotte baleinière soviétique qui partait d’Odessa (URSS, à l’époque) et traversait le Bosphore et la Méditerranée en direction de l’Antarctique. Nous avions comme projet de surprendre la flotte soviétique dans le détroit de Gibraltar et, après avoir joué au chat et à la souris avec eux pendant plusieurs semaines, nous y sommes parvenus. Le fait que nous soyons tous les deux Français a créé un lien qui, je pense, l’a dissuadé de partir avant même le début de la mission. Il faut dire que le projet était en effet un peu fou (et notre équipage aussi, si je peux me permettre). Grâce à la patience d’Alain et à son remarquable sens marin, nous avons un matin au petit jour, rattrapé et abordé un navire soviétique de chasse à la baleine. Quelques jours plus tard, nous sommes également tombés en pleine nuit sur l’énorme navire-usine des baleiniers qui naviguait dans le détroit de Gibraltar, tous feux éteints dans l’espoir que nous ne les verrions pas et en violation des règles les plus élémentaires de sécurité de la navigation (étrangement, même sous le règne de Konstantin Chernenko qui avait succédé à Yuri Andropov un an plus tôt, les dirigeants de l’Union soviétique semblaient s’inquiéter de la mauvaise publicité qui pourrait être faite par notre petite organisation). 

Tout au long de sa vie, Alain avait vécu de nombreuses aventures en mer, notamment en se portant volontaire au début des années 1960 pour [re]construire la marine marchande algérienne après la guerre d’indépendance, au cours de laquelle Alain avait pris parti pour les rebelles algériens. Cependant, comme j’ai pu le constater, cela ne l’a pas empêché d’être impressionné et ému (peut-être aussi parfois amusé) par son premier contact avec “l’esprit de Greenpeace” de l’époque. Il a donc continué à se rendre disponible et a servi en tant que capitaine sur les navires de Greenpeace pendant plus d’une décennie, y compris lors d’au moins une expédition délicate du Rainbow Warrior II à Moruroa. »

Alain Connan aux commandes du Sirius, dans le détroit de Gibraltar, 1984.
© Pierre Gleizes

Toute l’équipe de Greenpeace France rend un vibrant hommage à son action militante, qu’elle soit source d’inspiration pour tous les militants et militantes qui constituent aujourd’hui le mouvement.

Voir aussi :

Interview d’Alain Connan par le JDD

Alain Connan raconte l’attentat du Rainbow Warrior