Huile de palme et déforestation : des avancées ?
Nous avons eu quelques victoires de campagne. En 2010, les fabricants de KitKat, des gâteaux Ritz, des chips Doritos, des produits Dove et du dentifrice Colgate se sont engagés à rompre leurs relations commerciales avec les entreprises qui détruisent les forêts. Ils ont promis de n’acheter que de l’huile de palme durable, produite par des entreprises qui protègent les forêts tropicales.
C’était en 2010… cela fait donc huit ans. Après tout ce temps, pourquoi les forêts tropicales indonésiennes continuent-elles d’être ravagées par les entreprises du secteur de l’huile de palme ?
Immobilisme des grandes marques
Nos équipes ont passé le plus clair de ces deux dernières années à essayer de répondre à cette question. L’enquête que nous publions aujourd’hui nous a fait parcourir le monde entier : des centres de conférences à Bali, Paris, et Washington, aux forêts tropicales de Sumatra, de Papouasie et de Bornéo, en passant par le siège de grandes entreprises à Londres, Tokyo, Kuala Lumpur, Paris et de nombreuses villes américaines.
La réponse est très simple. Malgré leurs promesses de cesser d’acheter de l’huile de palme à des entreprises ayant des pratiques destructrices pour les forêts tropicales, les plus grandes marques du monde n’ont en fait pas changé leurs pratiques. Elles achètent toujours de l’huile de palme issue de la déforestation.
Greenpeace a mené l’enquête sur les 25 producteurs d’huile de palme d’Asie du Sud-Est connus pour être responsables de déforestation et de violations des droits humains. Notre rapport, intitulé Compte à rebours final, présente les résultats de cette investigation. Et ce n’est pas facile à lire : à eux seuls, ces 25 producteurs d’huile de palme ont détruit plus de 130 000 hectares de forêts tropicales depuis 2015 — près de 13 fois la taille de Paris.
Déforestation… et bien plus encore
Et il ne s’agit pas uniquement de destruction des forêts. Nos recherches mettent également en évidence l’exploitation de travailleuses et des travailleurs, et l’existence de conflits avec les communautés locales, de déforestation illégale, de plantations sans permis, de développement de plantations dans des zones censées être protégées et de feux de forêts liés à des défrichages sauvages.
Et cela ne s’arrête pas là : ces producteurs sont ceux auprès desquels les grandes marques s’approvisionnent en huile de palme.
Douze grandes marques, parmi lesquelles les fabricants de Kit-Kat (Nestlé), du dentifrice Colgate (Colgate-Palmolive), des produits Dove (Unilever), des chips Doritos (PepsiCo), des M&M’s (Mars) et du shampoing Head & Shoulders (Procter & Gamble), se fournissent auprès d’au moins 20 de ces producteurs voyous.
L’heure est à la mobilisation
Pour ces entreprises qui détruisent la forêt, le temps est écoulé. Le compte à rebours final a commencé.
Si ces grandes marques veulent que leurs produits continuent de se vendre, il va falloir qu’elles changent radicalement. Si elles font des promesses importantes – et la protection des forêts est importante – elles doivent les tenir. A partir de maintenant, nous allons interpeller toutes ces marques et les rappeler à l’ordre.
Si ces entreprises achètent de l’huile de palme, elles ne doivent le faire qu’auprès de producteurs pouvant prouver qu’ils ne détruisent pas les forêts. Elles doivent également cesser leurs relations commerciales et lâcher Wilmar, le plus grand négociant en huile de palme du monde, dont l’huile est contaminée par la déforestation.