EDF veut construire deux nouveaux réacteurs nucléaires (EPR2) à Gravelines (Hauts-de-France), sur le delta du fleuve Aa, dans une zone déjà exposée au risque d’inondations et de submersion par la mer. Pourtant, nous subissons déjà les conséquences du dérèglement climatique en France, avec des inondations et des pluies record ces dernières semaines dans plusieurs départements. La fréquence et l’intensification de ces événements climatiques extrêmes vont s’accentuer. Aujourd’hui une quarantaine d’activistes ont dénoncé ce projet inconséquent.

Énergies - Nucléaire

Inondations, montée des eaux : le nucléaire à l’eau

EDF veut construire deux nouveaux réacteurs nucléaires (EPR2) à Gravelines (Hauts-de-France), sur le delta du fleuve Aa, dans une zone déjà exposée au risque d’inondations et de submersion par la mer. Pourtant, nous subissons déjà les conséquences du dérèglement climatique en France, avec des inondations et des pluies record ces dernières semaines dans plusieurs départements. La fréquence et l’intensification de ces événements climatiques extrêmes vont s’accentuer. Aujourd’hui une quarantaine d’activistes ont dénoncé ce projet inconséquent.

Greenpeace dénonce un projet irresponsable

Ce matin, des activistes étaient présent·es dans le périmètre de la centrale nucléaire de Gravelines pour dénoncer le projet de construction de deux nouveaux réacteurs nucléaires sur le site de la centrale qui comprend déjà six vieux réacteurs. Côté mer, des embarcations sont entrées dans le canal de rejet de la centrale pour déposer les activistes qui ont pu dérouler leur message « Montée des eaux, nucléaire à l’eau » sur un terre-plein devant les barrières censées protéger les réacteurs nucléaires des tempêtes et de la montée de l’eau. Des cerfs-volants en forme de méduses ont été déployés pour symboliser l’arrivée de la mer sur la centrale et illustrer sa vulnérabilité face à la montée du niveau de l’océan. Côté terre, des activistes ont répandu de la peinture bleue devant les portes « écluse » de la centrale de Gravelines censées protéger le site en cas d’inondation, afin de dénoncer le risque d’isolation de la centrale en île en cas d’inondation fluviale et marine. Une situation qui met à risque la sûreté nucléaire. Dans un rapport publié le 3 octobre 2024, Greenpeace France dénonce ce projet irresponsable qui ne prend pas en compte la gravité de la crise climatique.

Une quarantaine d’activistes de Greenpeace sont entrés au sein du périmètre de la centrale nucléaire de Gravelines. © Emeric Fohlen / Greenpeace

L’impossible sûreté nucléaire face au climat

Les activistes dénoncent « un château de sable en bord de mer », du nom du rapport de Greenpeace France, et les risques de submersion de la centrale de Gravelines. Malgré les mesures de protection prises à la marge pour la centrale existante, EDF ne prend pas réellement la mesure de l’enjeu climatique pour évaluer son projet de construction de deux nouveaux réacteurs. L’exploitant a annoncé vouloir les construire sur une plateforme haute de onze mètres, sans donner aucune information sur les hypothèses qui permettent de calculer cette hauteur. EDF reste dans l’opacité parce qu’elle n’est pas en mesure d’assurer pleinement la sûreté nucléaire de ces nouveaux réacteurs à long terme, alors que les prévisions climatiques sont de plus en plus alarmantes. Dans son rapport, Greenpeace démontre qu’EDF ne se base pas sur les dernières connaissances scientifiques concernant la montée du niveau de la mer notamment. Aujourd’hui il y a un consensus scientifique sur le fait que l’eau va inexorablement monter, la question est de savoir quand, et dans quelle proportion. Lors des marées les plus hautes, la centrale de Gravelines pourrait devenir une île à la merci des vagues. Un pari mettant en danger la population et l’environnement.

Une énergie déconnectée de la réalité

Les habitant·es du territoire de Gravelines sont déjà impacté·es par les inondations et crues de plus en plus fortes, avec des « crues exceptionnelles » ayant dépassé tous les niveaux de référence cette année. Construire deux réacteurs à Gravelines, c’est rendre le territoire plus vulnérable, en ajoutant un nouveau risque nucléaire, alors que la population va déjà devoir batailler contre les inondations et les risques de submersion qui vont s’aggraver avec le dérèglement climatique. EDF et le gouvernement s’obstinent à vouloir la relance du nucléaire en France alors que cette énergie est bien trop vulnérable aux défis climatiques actuels et à venir. En plus d’être une énergie trop chère, productrice de déchets nucléaires qu’on ne sait toujours pas gérer et trop lente à développer, ce projet est un exemple édifiant de mauvaise adaptation au dérèglement climatique.

Une activiste devant la centrale nucléaire de Gravelines. © Emeric Fohlen / Greenpeace

Quelles sont les solutions pour sortir du nucléaire ?

Une sortie progressive du nucléaire est vitale pour assurer la protection des populations et se prémunir contre une catastrophe environnementale. Les solutions existent, bien plus efficaces pour réduire rapidement nos émissions de gaz à effet de serre : la sobriété, l’efficacité énergétique et les énergies renouvelables. Elles permettent aussi de sortir des énergies fossiles au plus vite, stopper la surexploitation des ressources naturelles, et faire des économies d’énergies tout en garantissant son accès à toutes et tous. Il est possible de réaliser une transition plus locale et résiliente, pour répondre à nos besoins en énergie de manière juste et durable. Le gouvernement doit adopter d’urgence des mesures ambitieuses pour une transition énergétique adaptée face aux crises actuelles.

[Mise à jour du 30/10/2024]

Après plus de 48 h de privation de liberté, les activistes interpellés ont finalement été relâchés. Le Tribunal judiciaire de Dunkerque les a informés de la tenue d’un procès le 3 mars 2025 à 13h30 pour intrusion dans une installation civile abritant des matières nucléaires en réunion. EDF a porté plainte, alors qu’elle a refusé de répondre aux interrogations de Greenpeace France envoyées durant l’été, concernant la prise en compte des impacts du dérèglement climatique sur le choix du site de Gravelines et la construction de nouveaux réacteurs nucléaires.

EDF opère une stratégie de diversion en attaquant en justice les militant·es sur la forme de leur action, pour mieux se défiler sur les questions de fond. EDF perd encore des points de confiance. EDF n’arrivera pas à bâillonner les lanceurs et lanceuses d’alerte.
Pauline Boyer, chargée de campagne Transition énergétique à Greenpeace France

© Basile Barjon / Greenpeace