La catastrophe naturelle qui a frappé le Japon le 11 mars 2011 a causé la défaillance de plusieurs réacteurs nucléaires de deux centrales situées dans la région de Fukushima, à environ 250 km au nord de Tokyo. La situation concernant les centrales nucléaires de Fukushima est de plus en plus alarmante.
Des explosions d’hydrogènes se sont produites sur plusieurs réacteurs, libérant de fortes doses de radioactivité. D’autres réacteurs semblent être aussi dans une situation critique, notamment les piscines de refroidissements de combustibles, situées sur les toits de chacun des réacteurs.
Le Japon est durement éprouvé par ce séisme de grande ampleur, les conséquences pour la population sont terribles.
Greenpeace reste en alerte sur la situation japonaise tant que tout risque nucléaire n’est pas écarté.
L’évolution de la situation au quotidien :
28 avril
Le Rainbow Warrior, navire étendard de Greenpeace, n’a pas eu l’autorisation des autorités japonaises d’effectuer des mesures de radioactivité dans les eaux territoriales autour de la centrale de Fukushima. Le Japon empêche donc des mesures indépendantes et transparentes sur la contamination marine. C’est un aveu clair des craintes des autorités sur les éventuels résultats…
Rappelons qu’il s’agit là d’une des dernières sorties du bateau de Greenpeace, son remplaçant, le Rainbow Warrior III, va être lancé à la fin de l’année.
Au Japon, certains établissements scolaires ne sont pas d’accord le gouvernement, qui a affirmé que des niveaux de radiation de 3,8 µSv/h étaient acceptables dans les cours de récréation. Certaines écoles demandent l’autorisation des parents avant de laisser les enfants pratiquer des activités en plein air. D’autres villes envisagent aussi de retirer la couche superficielle du sol dans les cours de récréation de leurs établissements scolaires.
Dans le périmètre d’exclusion de 20 à 30 km autour de la centrale, un moratoire sur la prise en charge hospitalière empêche les patients de recevoir les traitements adéquats et affecte le financement des centres de soins. D’après les médecins, cette mesure met en péril la vie des patients qui nécessitent un traitement d’urgence et sont contraints de se rendre dans des hôpitaux éloignés.
Dans la préfecture de Fukushima, des niveaux de radioactivité anormalement élevés ont été détectés sur des épinards et du poisson. Mardi dernier, une radioactivité en césium de 2 600 à 3 200 becquerels par kg a été détectée sur deux échantillons de lançon pêchés au large de la ville d’Iwaki – soit un taux cinq à six fois supérieur à la limite tolérée. Des échantillons d’épinard prélevés à deux endroits différents de la région présentaient également des valeurs dépassant les seuils autorisés.
Les négociations sur la responsabilité financière de TEPCO s’éternisent. Les banques et le gouvernement japonais tentent de sauver l’opérateur de la faillite. Les marchés financiers voudraient que la responsabilité de TEPCO soit plafonnée, mais la loi stipule que celle-ci est illimitée. Si la loi était appliquée, la compagnie serait ruinée. La question sera être tranchée début mai.
L’Agence japonaise de sûreté nucléaire et industrielle (NISA) a vivement critiqué les estimations fournies par TEPCO concernant les dommages causés au combustible. L’opérateur a donc procédé à de nouvelles évaluations : le combustible du réacteur n°1 serait endommagé à 55 % (soit 15 % de moins par rapport aux premières estimations), celui du réacteur n°2 à 30 % (soit 5 % de plus) et celui du réacteur n°3 à 35 % (soit 5 % de plus).
27 avril
Dans certaines écoles de la ville de Koriyama, située à environ 50 km de Fukushima, on retire la couche superficielle du sol des cours de récréation. Cette mesure concerne 15 écoles élémentaires et collèges, où des niveaux de radioactivité supérieurs à 3,8 µSv/h ont été détectés, ainsi que 13 écoles maternelles, qui présentaient des taux de 3 µSv/h. Les médias locaux rappellent que cette mesure fait suite à la demande de plusieurs organisations, dont Greenpeace.
La NISA (agence japonaise de sûreté nucléaire et industrielle) confirme que les limites d’exposition recommandées au niveau international en cas d’urgence radiologique – entre 20 et 100 millisieverts – s’appliquent à la population jusqu’à la fin de l’état d’urgence. Les autorités japonaises mettent en avant le fait d’avoir retenu la valeur de 20 mSv, soit le bas de la fourchette.
Suite à de nombreuses critiques, l’opérateur TEPCO et le directeur du groupe de travail gouvernemental ont confirmé que la même limite d’exposition (20 mSv par an) est applicable aux enfants, affirmant se conformer aux normes internationales. Pour rappel, dans une situation « normale » (qui n’est pas considérée comme état d’urgence) la dose de 20 mSv par an correspond au maximum annuel toléré pour les travailleurs du nucléaire…
D’après la NSC (l’autorité de sûreté nucléaire du Japon), les niveaux d’iode 131 détectés dans l’eau de mer à proximité de la centrale sont repassés en-dessous de la limite fixée par le gouvernement, pour la première fois depuis le 21 mars. Les émissions de substances radioactives ne représenteraient plus qu’un centième de celles relevées au début du mois.
Au sein du bâtiment n°3, le circuit de refroidissement de la piscine de combustible usé pourrait bientôt être à nouveau opérationnel ; des tests supplémentaires sont nécessaires pour le confirmer.
Les ministres japonais ont toujours été des « VRP » de l’industrie du nucléaire. Mais le soutien qu’apporte traditionnellement le gouvernement japonais à l’exportation de cette technologie est aujourd’hui remis en question, et une décision officielle devrait être prise à cet égard courant mai.
Au Etats-Unis, afin de sensibiliser la population New-Yorkaise au risque nucléaire, Greenpeace a organisé un « monitoring » dans les rues de la ville. La centrale nucléaire la plus proche, Indian Point, est à seulement 38 kilomètres de New-York…
Selon l’AFP, une employée de Tepco travaillant à Fukushima a été exposée à des radiations élevées, elle aurait reçu des doses de radioactivité trois fois plus élevées que la limite légale.
Vladimir Poutine qui souhaite exporter la technologie nucléaire russe, a déclaré à Stockholm qu’elle était la technologie « la plus sûre du monde ». Etonnant cette déclaration au lendemain du 25ème anniversaire de Tchernobyl !
26 avril
Les champignons shiitaké (encore appelés lentins de chêne) viennent d’être interdits à la consommation dans une nouvelle région de la préfecture de Fukushima : sur plusieurs échantillons prélevés dans la ville de Motomiya, une radioactivité en césium de 1 020 becquerels par kilo a été détectée.
Dans la zone de sécurité autour de la centrale, les autorités de la préfecture de Fukushima se sont résignées à euthanasier les animaux laissés à l’abandon. Au total, on compte plus de 370 fermes dans le périmètre désormais interdit, et des milliers de bovidés, porcs, volailles et chevaux.
La contamination radioactive de l’eau de mer provoquée par la catastrophe de Fukushima pourrait être la pire que les océans aient connue. D’après les estimations officielles, cette contamination resterait inférieure à celle causée par les rejets du complexe nucléaire de Sellafield (situé au nord-ouest de l’Angleterre, sur les côtes de la mer d’Irlande), pendant les années 60-70. Toutefois, ces estimations tiennent uniquement compte de l’eau qui s’échappe de la brèche de la structure en béton du réacteur n°2, sans envisager aucune autre fuite éventuelle.
Le maire de Minamisoma (préfecture de Fukushima) veut organiser dans sa ville un forum international pour les entreprises et les particuliers du monde entier souhaitant partager leurs solutions pour faire face à la crise nucléaire et développer les énergies alternatives. « Je veux que ma ville devienne le point de ralliement international pour les entreprises qui aspirent à dépasser le nucléaire », a expliqué M. Katsunobu Sakurai.
D’après les premières mesures détaillées de la radioactivité fournies dimanche par TEPCO, soit plus d’un mois après la catastrophe, les décombres du réacteur n°3 semblent présenter les radiations les plus élevées (900 millisieverts par heure). Ainsi, un travailleur exposé à une telle dose de radioactivité atteindra en 17 minutes seulement la limite annuelle de 250 msv fixée par les autorités japonaises pour les « liquidateurs » de Fukushima. Rappelons que le réacteur n°3 de Fukushima carbure au Mox, un combustible issu du retraitement des déchets et composé de plutonium, l’un des radiotoxiques les plus puissants qui existent. Pour le Japon, c’est Areva, qui fabrique ce combustible à l’usine de Melox, à Marcoule (vallée du Rhône), avant de l’acheminer par bateau au Japon. Dans ses communiqués de presse, Greenpeace dénonçait dès le 13 mars les dangers liés à l’utilisation du Mox dans le réacteur n°3.
Ce week-end, les Japonais sont descendus dans les rues pour réclamer la sortie du nucléaire et, partout dans le monde, les manifestations se multiplient à l’occasion des 25 ans de la catastrophe de Tchernobyl.
En Argentine, Greenpeace a publié une étude selon laquelle 70% des Argentins sont opposés au nucléaire (600 personnes interrogées du 11 au 20 avril dans les principales villes argentines)
A Rio, au Brésil, 20 militants de Greenpeace ont manifesté pour demander l’annulation du projet de construction du réacteur nucléaire d’Angra III à Angra dos Reis.
A Hong-Kong, Greenpeace était aussi dans la rue dimanche (le 24) pour demander l’arrêt du nucléaire.
Aujourd’hui à l’heure exacte de la catastrophe de Tchernobyl il y a 25 ans, Greenpeace a projeté des messages appelant à l’arrêt du nucléaire et au développement des énergies renouvelables sur le sarcophage de la centrale en Ukraine.
Neuf prix Nobel de la paix, dont Desmond Tutu, ont appelé les dirigeants du monde à investir dans les énergies renouvelables via une lettre ouverte (en date d’aujourd’hui pour marquer le 25e anniversaire de Catastrophe de Tchernobyl) envoyée à 31 chefs d’Etat. « Il est temps de reconnaître que l’énergie nucléaire n’est pas propre, sûre ou abordable. »
Le quotidien espagnol El País, révèle que Luis Echávarri, Directeur général de l’Agence pour l’énergie nucléaire de l’OCDE, propose de réformer l’échelle INES et de lui ajouter un échelon, « pour soutenir le Japon » et faire en sorte que « Fukushima soit classé niveau 7, et Tchernobyl niveau 8 ». Le classement des deux accidents au même niveau mettrait-il l’industrie de l’atome mal à l’aise ? En tout cas, si ce tour de passe-passe n’apporte aucune solution concrète au Japon pour se sortir de la crise nucléaire, au-moins permettra-t-il au refrain des pro-nucléaires « de sonner juste sur le papier », raille le quotidien espagnol.
A l’occasion de l’anniversaire de Tchernobyl, lemonde.fr publie une page très bien faite sur la zone interdite autour du réacteur qui a explosé.
Le site Internet d’Arte publie une cartographie très complète de du nucléaire français au niveau national et international.
22 avril
Suite au scandale sur la décision du Japon de rehausser la dose annuelle maximum autorisée de radiation pour la population de 1 millisievert par an (norme internationale) à 20 millisievert par an, Greenpeace France a demandé à Nicloas Sarkozy d’intervenir auprès du gouvernement japonais.
Il règne une grande confusion concernant le seuil d’exposition maximum des travailleurs de la centrale de Fukushima. En effet, d’après différentes sources, la limite d’exposition définie avant la catastrophe (100 mSv) et la nouvelle limite revue à la hausse ces derniers jours (250 mSv) seraient simultanément en vigueur. On ne sait pas non plus avec certitude si l’exposition du personnel intervenant sur la centrale a été surveillée et mesurée de façon adéquate. Certains travailleurs temporaires ne savent pas si leurs dossiers sont correctement conservés. De plus, selon certaines informations, les entreprises ne garderont pas de traces des doses reçues actuellement par les ouvriers, afin que certains puissent continuer à travailler dans le secteur nucléaire au cours des prochaines années. « Même si vous avez été exposé à 250 mSv, cette dose ne sera pas prise en compte si vous devez travailler à la centrale nucléaire de Kashiwazaki-Kariwa », affirme l’un des travailleurs.
Dans trois préfectures, des épinards pourtant interdits à la consommation se sont retrouvés sur les étals d’un maraîcher. Le commerçant a affirmé n’avoir pas entendu parler de l’interdiction. De petites quantités d’iode radioactif et de césium ont été détectés sur ces produits, quoique en-dessous des valeurs définies comme « acceptables ».
Les autorités envisagent de restreindre la culture de riz dans 12 municipalités de Fukushima. Des tests de radioactivité devraient également être effectués sur tous les animaux d’élevage se trouvant dans la zone d’évacuation, et ce afin de procéder à leur transfert éventuel.
L’agence japonaise de sûreté nucléaire (NISA) a confié au New York Times que si de nouveaux séismes devaient ébranler le complexe nucléaire, la piscine abritant le combustible usé du bâtiment n°4 pourrait s’effondrer. La NISA et TEPCO, l’opérateur de la centrale, s’efforcent actuellement de renforcer la structure de cette piscine.
À en croire les chiffres annoncés par TEPCO sur le niveau de l’eau dans plusieurs compartiments de la centrale, de l’eau hautement radioactive continue probablement de s’infiltrer dans le sol et/ou de se déverser dans l’océan. Le Rainbow Warrior de Greenpeace sera dans une semaine dans la zone de Fukushima pour faire des mesures de radioactivité.
© Greenpeace / Pierre Gleizes
Les USA lancent une étude sur la santé des riverains de centrales nucléaires sur fond d’inquiétude quant à une multiplication des cancers.
21 avril
De l’iode radioactif a été détecté dans le lait maternel de quatre femmes habitant à l’est et au nord-est de Tokyo. Le plus haut niveau relevé est de 36,3 becquerels/kg. À titre de comparaison, la limite concernant la consommation d’eau du robinet est de 100 becquerels/kg pour les enfants de moins de un an.
Le gouvernement japonais vient d’augmenter la dose maximale annuelle de radioactivité à 20 msv par an pour les enfants scolarisés de Fukushima. Augmenter la dose maximale à 3,8 µSv par heure, revient en réalité à autoriser une exposition équivalente à celle des travailleurs du nucléaire, 20 fois supérieure à celle autorisée en France et au Japon pour le public.
Conformément aux nouvelles lois entrées en vigueur hier, les habitants de la désormais « zone interdite » sont autorisés à effectuer de courtes visites afin de récupérer leurs effets personnels, à condition de ne pas s’approcher à moins de 3 km de la centrale.
Les éleveurs sont en colère : 33 000 porcs et bovins, ainsi que des centaines de milliers de volailles abandonnés dans la zone interdite, sont condamnés à mourir lentement de faim.
Depuis plus de cinq jours, le sous-bassement du bâtiment n°2 n’est plus étanche et d’après les estimations de TEPCO, 520 tonnes d’eau hautement radioactive se sont répandues dans la mer. Mais 200 000 tonnes d’eau contaminée stagneraient toujours dans les sous-sols du bâtiment, et il est impossible de déterminer quelle quantité sera « dégazée » en pleine mer.
Le Rainbow Warrior de Greenpeace a quitté Taïwan tôt ce matin et fait route vers le Japon. Il devrait arriver dans la zone maritime de Fukushima d’ici une semaine pour y effectuer des tests indépendants sur la radioactivité de la mer. C’est une des dernières expéditions de ce navire de Greenpeace. Le Rainbow Warrior III, son remplaçant, sera lancé à la fin de l’année. https://www.greenpeace.fr/anewwarrior
Alors qu’EDF donnait sa première conférence de presse post-Fukushima pour annoncer un dispositif bien déceptif de « Task Force » en cas d’accident, Greenpeace est allée rappeler à l’électricien français que le nucléaire sûr n’existe pas et que ce n’est pas l’EPR qui va changer ça !
En Belgique, c’est sur l’Atomium, monument symbolique à Bruxelles, que Greenpeace est venue demander l’arrêt du nucléaire au profit des énergies renouvelables.
20 avril
Plus d’un mois après les faits, l’Agence japonaise de sûreté nucléaire (NISA) confie aux autorités qu’il y a bien eu fusion de combustible dans les réacteurs n°1 et 3.
Dorénavant – soit plus d’un mois après le début des événements ! – il est formellement interdit de circuler sans autorisation au sein du périmètre d’évacuation de 20 km autour de la centrale. Les personnes évacuées, craignant des actes de vandalisme, sont tentées de regagner leur foyer. Le gouvernement s’efforce de les en empêcher, mais près de 200 familles seraient déjà rentrées chez elles. Au total, entre 70 000 et 80 000 personnes ont été évacuées.
L’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) souhaite « envoyer des experts » sur le site de Fukushima avant son sommet prévu en juin. Il était temps !
Afin d’évacuer l’eau qui avait envahi le sous-bassement et la salle des machines du réacteur n°2, des opérations de pompage ont été mises en œuvre. Les capacités de pompage seront renforcées ultérieurement, et ce afin de permettre aux ouvriers d’avoir à nouveau accès aux bâtiments, voire de relancer les systèmes de refroidissement. En revanche, dans les réacteurs n°3 et 4, les niveaux d’eau contaminée continuent d’augmenter.
Même si la température baisse, la pression continue d’augmenter dans le réacteur n°1. Les quantités d’azote injectées dans l’enceinte de confinement sont déjà bien plus importantes que prévues. Ces injections vont probablement se prolonger jusqu’à ce que la cuve puisse à nouveau être remplie d’eau (6 000 tonnes).
Le gouvernement japonais prend des mesures pour interdire l’« amakudari » (« descente du ciel »), pratique très répandue au Japon qui consiste pour d’anciens fonctionnaires à rejoindre, une fois à la retraite, des entreprises privées – et notamment des entreprises d’électricité. Ces mesures font suite à la publication d’analyses qui montrent du doigt « les relations de collusion entre le gouvernement et le secteur privé (et les autorités de régulation) », les désignant comme un facteur ayant contribué à aggraver la crise nucléaire que traverse le Japon.
Plusieurs pays, dont la Russie, ont levé leurs avertissements concernant les voyages au Japon.
En France, le Premier ministre François Fillon a déclaré « Fukushima ne peut pas nous faire oublier Kyoto ou Copenhague ». On avait oublié que la France était leader dans la lutte contre les changements climatiques… C’est sans doute pour ça qu’elle pratique un lobbying intense conte l’engagement de l’Union européenne sur une réduction de 30% de ses émissions de gaz à effets de serre.
Luc Oursel, un représentant d’Areva, a déclaré à Hindustantimes que l’industriel français espère signer d’ici juin « l’agrément commercial » pour la construction de deux EPR en Inde à Jaïtapur.
Areva ne tire donc définitivement pas les leçons de Fukushima puisqu’elle fait son maximum pour conclure au plus vite la construction d’un réacteur nucléaire sur une faille sismique. Et oui le projet de Jaïtapur est bien prévu sur une faille sismique.
Il faut ajouter que le réacteur en question, l’EPR, qui est en chantier à Flamanville (Manche) est décrié par l’ASN française qui relève quatre failles de sûreté en relation directe avec la catastrophe japonaise. L’ASN envisage même de demander un moratoire sur ce chantier. Comment peut-on alors continuer de vouloir exporter ce réacteur qui plus est sur une faille sismique ?
19 avril
Les 10 000 tonnes d’eau hautement radioactive actuellement dans le sous-bassement du réacteur n°2 vont être pompées pour être stockées provisoirement dans une installation séparée qui servait au stockage de déchets et qui a été vidée et réparée. Au total le site contient environ 60 000 tonnes d’eau radioactive. Ce réservoir provisoire mettra 26 jours pour se remplir.
Le calendrier de TEPCO est très optimiste et le refroidissement pourrait prendre plus de neuf mois, disent les experts. Le confinement des milliers de tonnes d’eau radioactive est largement remis en cause, TEPCO ayant reconnu que tous les réacteurs ont des fuites. De même, les nouveaux systèmes de refroidissement et de décontamination proposés par TEPCO n’ont jamais été construits auparavant et peuvent poser des problèmes. Un des obstacles majeur est de trouver un moyen de faire baisser le niveau de radioactivité autour de la centrale pour permettre de lancer les travaux prévus.
Le problème de la chaleur s’ajoute aux malheurs de TEPCO. Les travailleurs portant des combinaisons de protection souffrent très vite de la chaleur, mais ils ne sont pas autorisés à retirer leurs masques pendant les périodes travail. Ils ne peuvent donc même pas boire de l’eau… Deux d’entre eux ont déjà été traités pour un « coup de chaleur ». Avec l’été qui vient, TEPCO envisage de construire des cabines climatisées pour eux.
TEPCO n’ayant plus aucun doute sur le fait que du plutonium a fuit de la centrale, la compagnie va pratiquer des prélèvements marins.
Les membres de la Commission de l’autorité de sûreté nucléaire japonaise sont arrivés à Fukushima seulement 37 jours après le tremblement de terre, bien que le plan d’urgence du gouvernement prévoit leur présence immédiate lors d’un accident. Ils n’ont pas assisté à la réunion du comité d’urgence de la préfecture, provoquant la fureur du préfet de région.
Côté français, TEPCO a accepté la proposition d’Areva de fournir un système de décontamination de l’eau. Voir l’article sur lemonde.fr
La boucle est bouclée pour Areva, après avoir fourni le MOX qui fuit à Fukushima, elle décontamine…
En Russie, les activistes de Greenpeace sont allés au siège social de Rosatom (opérateur nucléaire étatique russe) appelant à passer du nucléaire aux renouvelables. 25 ans après la catastrophe nucléaire de Tchernobyl et un mois après la crise de Fukushima, Greenpeace demande à Rosatom de cesser d’investir dans le nucléaire et de commencer à investir dans les énergies renouvelables.
Au Canada, quatre militants de Greenpeace occupent les bureaux du ministère de l’énergie suite aux refus répétés du gouvernement d’examiner des solutions énergétiques plus sûres, plus écologiques et moins chères que la construction de nouveaux réacteurs à la centrale nucléaire de Darlington. Voir la vidéo
Rome vient d’annoncer dans un communiqué avoir présenté un amendement à une loi en cours d’examen au Parlement pour mettre fin à son programme de retour au nucléaire et entend définir une « nouvelle stratégie énergétique nationale » (source : AFP).
15 avril
La piscine de stockage du réacteur n°4 de Fukushima reste la principale inquiétude. En effet, selon des indices concordants, des réactions en chaîne y sont en cours, générant des pics de radioactivité extrêmement importants : “100 000 fois supérieurs à la normale”, selon l’agence de sûreté nucléaire japonaise NISA. Tepco a admis cette situation de crise hier , 14 avril, publiant des résultats d’analyse d’échantillons d’eau prélevés dans la piscine du réacteur. Du césium 137 et du césium 134 y ont été détectés, ainsi que de l’iode 131.
C’est la présence d’iode 131 qui inquiète : ce radionucléïde ayant une demi vie très courte, sa présence dans les prélèvements récents signifie qu’il est apparu il y a peu de temps, et donc que des réactions de fissions ont lieu ! Lire, sur le sujet, la synthèse de Dominique Leglu, de Sciences&Avenir.
TEPCo a annoncé avoir mis en évidence une augmentation de la contamination de l’eau souterraine. Sous le réacteur n°1, la contamination de l’eau en iode 131 est passée de 72 becquerels par mètre cube le 6 avril à 400 becquerels par mètre cube le 13 avril. La concentration en césium 134 est passé de 1,4 à 53 becquerels par mètre cube.
La NISA a demandé à l’exploitant de vérifier la résistance des bâtiments aux répliques qui continuent à secouer le Japon. Mais TEPCo n’est pas en mesure de la faire en raison des niveaux importants de radioactivité dans la zone.
Le Ministère des Affaires Étrangères français a mis sa jour ses recommandations aux voyageurs à destination du Japon, précisant : « Un mois après le séisme et le tsunami du 11 mars, et les accidents nucléaires qui ont suivi, de nombreuses et fortes répliques se produisent et peuvent être ressenties dans de nombreuses régions du Japon y compris à Tokyo. Par ailleurs, la situation des réacteurs nucléaires de Fukushima reste problématique et fragile et ceci vraisemblablement sur la durée (moyen, voire long terme). Les déplacements dans les préfectures de Miyagi, Fukushima, Ibaraki et Tochigi restent donc formellement déconseillés. En revanche, résider ou voyager à Tokyo ne comporte pas actuellement de risque pour la santé des populations. Résider ou voyager dans le reste du pays ne présente pas de problème particulier. »
14 avril
Que se passe-t-il dans le réacteur n°4 :
TEPCo a annoncé qu’elle a la confirmation que des barres de combustible de la piscine d’entreposage sont bien endommagées. Pour cela, l’entreprise se base sur une analyse de l’eau de la piscine qui contient de l’iode 131 et du césium 134 et 137 à des concentrations anormalement élevées. Selon une caméra sur place, les combustibles seraient bien recouverts d’eau, mais la température est de 90°C alors qu’elle est généralement de 20 à 30°C. 195 tonnes d’eau douce ont donc été ajoutées pendant la nuit.
TEPCo a annoncé commencer à pomper l’eau très contaminée des sous-sols du réacteur. Il y a une certaine urgence car le niveau monte et risque de déborder. L’eau est introduite dans le condenseur de 3 000 tonnes qui a fini d’être vidé la veille. Mercredi 13 avril, l’exploitant a également annoncé avoir pompé 600 tonnes d’eau des sous-sols de ce réacteur. Elle espère arriver à 700 tonnes d’eau pompée ce jeudi. Le niveau d’eau baisserait donc de quelques centimètres chaque jour, l’opération de pompage va donc se prolonger pendant des semaines !
Pour un futur sans atome !
Greenpeace a mis en place ce matin une zone d’évacuation autour du siège de l’Agence internationale à l’énergie atomique (AIEA) . Les militants de Greenpeace ont ainsi symboliquement mis le siège de Vienne au coeur d’une catastrophe nucléaire, demandant aux représentant des pays participant à la réunion du comité de sécurité de s’engager dans une sortie du nucléaire.
13 avril
De fortes inquiétudes autour de la piscine du réacteur n°4 avec des niveaux de radiations très élevés. 84 millisieverts par heure ont été mesurés mardi, le niveau normal étant de 0;1 microsieverts. Article en anglais sur le site du Japan Times en anglais
Comprendre l’accident de Fukushima en 3 minutes une intéressante infographie du Monde.fr
Des habitants privés de leur logement et de leur travail à cause des fuites radioactives à la centrale nucléaire de Fukushima Dai-ichi,, se sont rendus à Tokyo mercredi pour adresser une demande d’indemnisation à l’opérateur du site, TEPCO. Une vingtaine de personnes qui vivaient et travaillaient près de la centrale ont accompli un voyage de 220 kilomètres par autocar pour remettre une lettre au président de TEPCO, Masataka Shimizu. Ils ne veulent pas attendre l’ouverture de discussions avec le gouvernement sur l’indemnisation des victimes, soulignant avoir besoin d’argent dès maintenant. TEPCO a décidé de donner 20 millions de yens (230 000 $ CAN) à titre d' »excuses » à chacune des villes évacuées, alors que, selon les analystes, des demandes d’indemnisation pourraient lui coûter plusieurs milliers de milliards de yens.
Les agriculteurs et les pêcheurs du nord-est du Japon sont les plus touchés par la catastrophe. Les autorités ont interdit les livraisons de produits alimentaires provenant de 16 villes et villages proches de la centrale.
Reportage de France24 sur les évacuations : IItate, le village dans lequel les équipes de Greenpeace se sont basées, se vide de ses habitants
12 avril
Mauvaise nouvelle : EPR ou pas, le nucléaire sûr n’existe pas. Depuis le début de cette catastrophe nucléaire, les membres du gouvernement et le chef de l’État n’ont cessé de tenter de rassurer les Français sur le niveau de sûreté de leurs centrales, en particulier celui du futur réacteur EPR. Or ce nouveau réacteur dont on nous vante la sûreté n’est pas actuellement en fonctionnement. La bonne nouvelle ? On peut se passer du nucléaire ! Cela fait quarante ans que les gouvernements de tous les bords font croire aux Français que l’énergie nucléaire est indispensable et que le risque pris est faible et justifié. Mais en réalité, il est possible de faire sans le nucléaire (c’est ce que font déjà bon nombre de pays). La France peut et doit se doter d’un système énergétique propre et sûr. Cela passe avant tout par une décision politique.
L’Agence japonaise de sûreté nucléaire a relevé le degré de gravité de la catastrophe de Fukushima au maximum de 7 sur l’échelle INES . C’est à dire au niveau de la catastrophe de Tchernobyl.Ce niveau 7 signifie qu’un « rejet majeur de matières radioactives » s’est produit avec « des effets considérables sur la santé et l’environnement ». Auparavant, l’accident de Fukushima était classé au niveau 5 par les autorités japonaises. En France, l’Autorité de sûreté nucléaire l’avait classé au niveau 6.
11 avril
Iitate-mura : un village fortement contaminé à 40 km de la centrale de Fukushima / communiqué de l’ACRO http://bit.ly/dRm67W
LeLes autorités japonaises élargissent la zone d’évacuation autour de Fukushima d’après Kyodo News, une bonne chose. Les habitants de Katsurao, Namie, Iitate, d’une partie de Kawamata et de Minamisoma sont priés de partir d’ici un mois. Mais les autorités doivent considérablement améliorer l’information aux personnes vivant dans la zone et dans les zones limitrophes !
à 10h15 heure française, un nouveau séisme a eu lieu, 7,1 sur l’échelle de Richter
8 avril
Modélisation de la dispersion des rejets radioactifs dans l’atmosphère à l’échelle mondiale: mise à jour et focus Asie http://goo.gl/Mnokq
Fukushima la vérité émerge peu à peu – le point sur la situation au 8 avril
Dès le 20 mars, Greenpeace a envoyé une équipe d’experts en radioprotection dans la zone de la centrale de Fukushima. (voir les portraits de l’équipe ici – en anglais)
Cette équipe a confirmé des niveaux de rayonnement de dix micro Sievert par heure dans le village de Iitate, à 40km au nord-ouest de la centrale de Fukushima / Daiichi et à 20 km au-delà de la zone d’évacuation officielle. Ces niveaux sont suffisamment élevés pour exiger l’évacuation.
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