La surconsommation de viande, une catastrophe environnementale
Le constat est simple et sans appel : l’humanité consomme aujourd’hui beaucoup trop de viande (toutes filières confondues) et l’impact sur la planète est dévastateur. L’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) estime que la demande en viande devrait progresser de 200 millions de tonnes entre 2010 et 2050, soit pratiquement doubler. Alors certes, la tendance est à la baisse dans les pays « riches » mais la demande explose dans certaines régions du globe, comme l’Asie.
Les conséquences sont dramatiques. Toujours d’après l’ONU, l’élevage représente à minima 14% des émissions globales de gaz à effet de serre, soit environ 7 milliards de tonnes de CO2. Plus que les émissions des Etats-Unis et de la France réunies ! De plus, la production de viande est très gourmande en eau. Une étude parue en 2013 montre que « l’empreinte eau » des Européens liées à leur alimentation pourrait baisser de 23 à 38 % en diminuant ou en supprimant la part de viande dans les repas.
Enfin, la production de viande grignote les forêts : en Amazonie, 91 % des terres issues de la déforestation servent aux pâturages du bétail ou à la production de soja pour la nourriture animale.
Une production éclaboussée par les scandales
Autre constat : la production mondialisée et industrialisée de la viande est de plus en plus rattrapée par les scandales, preuve que ce système marche sur la tête. Affaire de la vache folle au Royaume-Uni, contamination des volailles à la dioxine en Belgique, épidémie de la grippe aviaire et affaire Spanghero en France… les exemples sont multiples.
En 2017, c’est la multinationale de l’agroalimentaire brésilienne, JBS, qui est rattrapée par les affaires. La police brésilienne a démantelé en début d’année un vaste réseau de vente de viande de bœuf et de volaille avariée. L’enquête a révélé des pratiques telles que l’ajout de produits chimiques à la viande pour dissimuler son odeur putride. Au-delà de ces pratiques scandaleuse, c’est une énorme affaire de corruption qui a été mise au jour, impliquant des centaines de personnalités politiques jusqu’au Président de la République, Michel Temer.
Une seule solution : consommer moins et mieux
Face à toutes ces dérives, la solution viendra donc de nos choix alimentaires, en réduisant sa consommation et en favorisant des modèles de production locaux, respectueux de l’environnement et des animaux. Greenpeace recommande ainsi un maximum d’environ 12 kg de viande issus de l’élevage écologique par personne et par an (soit environ 230 g par semaine) et 26 kg de lait par personne par an (soit ½ litre de lait par semaine). Ce n’est vraiment pas si fastidieux et les alternatives végétales sont de plus en plus connues : lentilles, pois chiches, haricots, fèves… C’est moins cher, bon pour la planète et pour la santé.
Si nous avons tous un rôle à jouer, il faut maintenant que nos responsables politiques se saisissent de la question. Pourquoi ne pas intégrer un critère de qualité, local et bio, pour la consommation de viande dans les cantines par exemple ? En parallèle d’une diminution des quantités, cela est économiquement possible et certaines municipalités, comme Mouans Sarthoux dans les Alpes maritimes, l’ont déjà expérimenté avec succès.
Si nous voulons conserver un modèle d’élevage respectueux de la planète, des consommateurs et des producteurs, la seule solution est de produire moins mais de produire mieux, loin des dérives du modèle actuel. Le nouveau gouvernement d’Emmanuel Macron a promis des Etats Généraux de l’alimentation dès cet été. Il est donc essentiel que la question de la production et de la consommation de viande et des produits animaux plus généralement soit à l’agenda de ces discussions.