Quelle est la définition d’une transition juste ?
Lorsque l’on parle de “transition écologique”, on fait référence à la transformation indispensable de notre système économique afin de faire face à l’urgence climatique et réduire drastiquement nos émissions de CO2. Cette transformation implique des changements profonds et notamment dans certains secteurs industriels actuellement très polluants tels que la production d’énergie, l’agriculture ou encore les transports.
Le concept de transition juste part du principe que cette évolution ne doit pas se faire au détriment des personnes qui travaillent dans ces secteurs polluants, ni des personnes qui sont déjà les plus vulnérables dans nos sociétés.
La définition de la transition juste a été incluse dans le préambule de l’Accord de Paris signé lors de la COP21 à Paris en 2015 et il en a également été beaucoup question lors de la COP24 qui s’est tenue en Pologne fin 2018.
Un accompagnement fort
Concrètement, cela implique un accompagnement important de la part des pouvoirs publics afin d’organiser rapidement cette transformation. On parle ici de reconversion d’emplois, de formations pour les salariée·s, d’aides financières pour que les acteurs économiques et les territoires impactés évoluent et se diversifient, etc. Il s’agit d’organiser l’avènement d’une économie décarbonée.
Des millions de salarié·es travaillent actuellement dans les secteurs du pétrole, du charbon ou du nucléaire et il serait inconcevable qu’ils paient le prix fort de cette transition en perdant leurs emplois et donc leurs moyens de subsistance. C’est aussi une condition essentielle du succès populaire de la transition écologique. Une telle transformation ne peut pas se faire si certains salarié·es et territoires sont complètement perdants.
Certaines entreprises polluantes qui refusent cette transition utilisent souvent l’argument de la perte d’emplois pour justifier de ne rien changer. C’est un discours particulièrement cynique : elles se découvrent subitement une vocation sociale alors que ce sont ces mêmes entreprises qui poussent depuis des années à déréguler le marché du travail, rognent les droits des travailleurs et pratiquent l’évasion fiscale.
Transition écologique et justice sociale
Au contraire, cette transition juste doit être perçue comme une formidable opportunité d’instaurer davantage de justice sociale et d’offrir des conditions de vie dignes pour toutes et tous. C’est ce que poussent des syndicats à travers le monde, notamment la CFDT ou de Solidaires en France. Il s’agit d’éviter que la transition écologique soit un instrument au service de l’oppression des travailleurs et travailleuses et de la régression de leurs droits fondamentaux.
Pour ces syndicats ainsi que pour de nombreuses organisations environnementales,il s’agit de ne pas opposer environnement et social, bien au contraire. Cette transition écologique doit bénéficier à toutes et tous et ne pas être source d’injustice. C’est d’autant plus important que « les inégalités sociales et environnementales vont trop souvent de pair, y compris en France », selon Lucas Chancel, chercheur à l’IDDRI. Les personnes les plus fragiles socialement sont davantage exposées aux risques environnementaux et le poids des dépenses liées à la transition écologique (facture d’énergie, achats alimentaires, coût des transports, etc.) sera plus dur à supporter pour par ces personnes.
Des mesures d’accompagnement sont donc indispensables pour atténuer les impacts sur ces ménages qui, rappelons-le, ont un mode de vie qui est souvent moins émetteur de CO2 que les plus riches. En effet, la moitié la plus pauvre du monde est responsable de 10% des émissions et que 10% de la population la plus riche est responsable de 50% des émissions.