Huit militants anti-nucléaire convoqués devant la justice

Huit militants et militantes de Greenpeace France comparaissaient ce matin devant le tribunal judiciaire de Valence. Le 16 novembre 2021, ils et elles avaient bloqué l’accès ferroviaire du site d’entreposage d’Orano à Pierrelatte dans la Drôme, où un train d’uranium de retraitement français à destination de la Russie était en préparation. A la sortie du site d’Orano, un camion affichant « Stop aux trafics radioactifs » avait été positionné sur la voie de chemin de fer et des activistes s’étaient accrochés au camion. L’objectif de cette action : dénoncer l’irresponsabilité de l’industrie nucléaire et du gouvernement français dans la gestion des déchets radioactifs.


Retrouvez des photos de l’action du 16 novembre 2021, de la mobilisation du 13 janvier 2023 devant le tribunal de Valence et de convois d’uranium de retraitement ici.

Les activistes sont poursuivis pour intrusion dans des parties de voies ferrées interdites au public, un délit pouvant être réprimé jusqu’à 6 mois d’emprisonnement et 3 750 euros d’amende. L’avocat Alexandre Faro a plaidé la relaxe des activistes. 

« Cet acte de désobéissance civile a permis d’attirer l’attention dans le débat public sur ces exportations où l’Etat fait preuve d’opacité et l’accès aux informations est impossible. Notre action était proportionnée et les activistes devraient être relaxés au nom de la liberté d’expression », selon Laura Monnier, juriste à Greenpeace France.

Le verdict sera rendu le 24 février à 8h30.

“Grâce à cette action, nos militants et militantes ont exposé aux yeux du grand public la gestion déplorable des déchets de l’industrie nucléaire. Sous couvert d’un prétendu recyclage du combustible usé – qui demeure une chimère car seul 1% du combustible est en réalité recyclé ! – la France envoie vers la Russie les déchets dont elle ne sait que faire. Il est grand temps que l’industrie nucléaire et le gouvernement soient mis face à leurs responsabilités et cessent de cacher la poussière sous le tapis !”,  s’indigne Roger Spautz, chargé de campagne nucléaire à Greenpeace. “Nous nous félicitons que le gouvernement se soit vu contraint à demander à EDF l’arrêt des exportations d’uranium de retraitement vers la Russie [1]. Il doit désormais exiger l’arrêt de tout commerce nucléaire avec la Russie, qui bénéficie d’un passe-droit scandaleux alors que la guerre en Ukraine fait rage.”

Greenpeace demande l’arrêt définitif de tout commerce nucléaire avec la Russie et la résiliation de tous les contrats en cours entre l’industrie nucléaire française et Rosatom ainsi que ses filiales, en commençant par les contrats concernant le commerce d’uranium entre Tenex, filiale de Rosatom, et respectivement EDF et Orano.

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[1] Questionnée par des représentants de Greenpeace sur le maintien des exportations vers la Russie d’uranium de retraitement français lors d’une réunion de l’ANCCLI le 18 novembre 2022, EDF a indiqué que le gouvernement l’avait enjoint d’interrompre ses exportations d’uranium de retraitement vers la Russie.