Comprendre ce qui provoque la disparition du récif peut paraître complexe, car les causes sont multiples. Nous décryptons pour vous ici les principales menaces qui pèsent sur la Grande Barrière de corail.
1. L’industrie du charbon
L’expansion de l’industrie du charbon, synonyme d’augmentation de la pollution et du nombre de navires nécessaires au transport, menace lourdement l’existence du récif. La bonne santé du corail dépend, entre autres, de la température de l’eau. En raison des changements climatiques, la température de l’eau augmente. Or le charbon est la source d’énergie la plus polluante, avec 30% des émissions de CO2 mondiales, et l’Australie en est le premier exportateur international…
Le gouvernement du Queensland, l’État côtier de la Grande Barrière, continue de soutenir l’expansion des ports et des mines de charbon, notamment le projet de la méga-mine de charbon Carmichael, censée devenir la plus grande d’Australie. Cette mine aura une empreinte carbone dix fois supérieure à celle de la ville de Sydney et consommera, toutes les deux heures, l’équivalent en eau d’une piscine olympique.
Pour transporter le charbon de Carmichael, les autorités envisagent d’étendre le terminal charbonnier d’Abbot Point, situé tout près de la Grande Barrière. Les routes maritimes les plus rapides vers l’Asie, principal marché de destination du charbon, passent tout près du récif. Pas moins de 1,1 million de mètres cubes de déblais seraient ainsi déversés à proximité, dans des zones humides.
2. Le blanchissement du corail
Le récif subit à l’heure actuelle le pire épisode de blanchissement de son histoire et les scientifiques sonnent l’alarme : sur les 520 récifs récemment analysés par le Centre australien de recherche sur les récifs coralliens, 516 étaient victimes de blanchissement et pourraient ne pas s’en remettre. La direction du Parc marin de la Grande Barrière de corail (DPMGBC) a émis la plus haute alerte possible au blanchissement concernant la partie nord du récif : « blanchissement régional grave ».
Le blanchissement survient lorsque la température des océans se maintient à un niveau plus élevé que le niveau normal, poussant les coraux à expulser les algues (zooxanthelles) avec lesquelles ils vivent en symbiose. La perte de ces algues provoque un stress chez le corail qui devient alors complètement blanc. Bien que le corail puisse récupérer d’un épisode de blanchissement, la gravité et la durée de ce dernier sont déterminants. On estime que jusqu’à 50% des coraux actuellement blanchis pourraient ne pas survivre.
Avec l’augmentation continue des températures terrestres et océaniques, les épisodes de blanchissement tels que celui d’aujourd’hui deviendront de plus en plus fréquents et pourraient frapper annuellement dès 2030.
3. L’acidification des océans
Entre un quart et un tiers du CO2 lié aux activités humaines est absorbé par les océans chaque année, soit huit milliards de tonnes. En volume, cela équivaut à plus d’un milliard de piscines olympiques. Ce CO2 se dissout dans l’eau pour former un acide, appelé acide carbonique. Avec l’augmentation des concentrations de CO2 dans l’atmosphère, des quantités toujours plus importantes de ce gaz sont dissoutes dans les océans.
En absorbant ce dioxyde de carbone, les océans subissent des transformations chimiques les rendant plus acides. Ce phénomène ralentit le développement du corail. Par endroits, leur érosion est plus rapide que la constitution de nouveaux récifs. Compte tenu que 50 ans environ sont nécessaires pour que les effets de l’acidification s’inversent, il faut dès à présent lutter contre les changements climatiques sous peine de voir le récif disparaître.
4. La mauvaise qualité de l’eau
L’eau devient également de plus en plus sale du fait de la pollution et des ruissellements agricoles. Environ 80% du littoral du Queensland abritent des terres agricoles, sources de ruissellements de pesticides, d’engrais et de déchets animaux dans les océans. Les eaux troubles rendent la photosynthèse plus difficile, et les algues dont dépendent si fortement les coraux se font de plus en plus rares.
5. Les catastrophes naturelles
Les cyclones et autres catastrophes naturelles détruisent le corail. De plus, en cas d’inondations ou de crues, des torrents d’eau chargés de sédiments se déversent dans l’océan, balayant les prairies marines.
Peu à peu, les dégâts ainsi occasionnés se répercutent sur les populations de dugongs et de tortues. Les changements climatiques ne font qu’augmenter la fréquence de ces catastrophes. En 2011, le cyclone Yasi, avec des rafales jusqu’à 285 km/h, s’est fendu un passage au travers du récif, détruisant environ 13% de sa surface.
6. Les couronne d’épines
La couronne d’épines (encore appelée acanthaster) est une espèce d’étoile de mer qui consomme quotidiennement l’équivalent d’une grande assiette de corail. Par sa consommation, elle est responsable de 42% du corail disparu. Les couronnes d’épines connaissent régulièrement des pics de population, le dernier en date ayant débuté en 2010.
La stratégie à court terme des équipes de contrôle des populations repose sur l’utilisation de divers procédés d’injection, mais sur le long terme l’objectif est une meilleure préparation en amont du prochain pic de population.
Que devons-nous faire ?
Tout d’abord, le gouvernement australien doit mettre en place un plan de protection plus ambitieux et plus concret que celui proposé à l’heure actuelle. Il devrait en outre interdire le développement de l’industrie du charbon à proximité du récif et mieux prendre en compte les menaces des changements climatiques, plutôt que de censurer les rapports de l’ONU sur les conséquences du réchauffement climatique pour les sites du Patrimoine mondial, comme il l’a fait récemment.
La lutte contre les changements climatiques est essentielle puisque nombre des menaces qui pèsent sur le récif sont liées aux émissions de CO2 d’origine anthropique. Nous devons également nous diriger vers des énergies renouvelables vertes et respectueuses de l’environnement, réduire autant que possible notre empreinte environnementale et adopter des réglementations qui nous permettent de réduire nos émissions aux niveaux requis.
Pour aller plus loin, vous pouvez :
- Vous informer sur le site de Greenpeace Australie
- Signer la pétition de Greenpeace Australie pour protéger la Grande Barrière.