Alors que se tient actuellement (du 27 au 30 novembre 2017) à Bali la réunion annuelle de la RSPO (Table ronde pour l’huile de palme durable), Greenpeace jette un pavé dans la marre en publiant le rapport Still Cooking the Climate [rapport en anglais].
En 2007, Greenpeace avait publié un premier rapport, intitulé Cooking the climate (synthèse disponible en français : La palme du réchauffement) . A l’époque, l’impact de la production et de la consommation d’huile de palme sur l’environnement (et sur les forêts tropicales indonésiennes en particulier) n’était pas un sujet préoccupant pour la plupart des entreprises concernées. Le grand public n’était pas encore très familier non plus des conséquences néfastes que peut avoir la production d’huile de palme sur les forêts et le climat
L’industrie de l’huile de palme est la première cause de déforestation en Indonésie. Les forêts indonésiennes ont perdu 31 millions d’hectares – presque la taille de l’Allemagne – depuis 1990.
Un nouveau rapport de Greenpeace aux conclusions alarmantes
Après plusieurs mois d’investigations fouillées, et sur la base de questionnaires et d’échanges avec 11 négociants d’huile de palme, Greenpeace peut affirmer qu’aucun des négociants évalués n’a pu prouver qu’il n’y avait pas de déforestation dans sa chaîne d’approvisionnement.
Greenpeace révèle que les principaux négociants d’huile de palme du monde qui vendent l’huile de palme aux plus grosses entreprises de bien de consommation ne sont aujourd’hui pas en mesure de garantir la mise en place effective de leur politique zéro déforestation, c’est-à-dire que leur huile de palme n’a pas contribué à la déforestation.
Ces conclusions alarmantes doivent inciter les grandes marques comme PepsiCo, Unilever, Procter & Gamble et Mondelez à se réveiller. En effet, ces marques omniprésentes sur le terrain agroalimentaire ont promis à leurs clients qu’elles couperaient leurs liens avec la déforestation.
La plupart des grandes marques qui consomment de l’huile de palme se sont engagées à avoir une chaîne d’approvisionnement désintoxiquée de la déforestation d’ici à 2020. Seulement, sur les onze négociants passés au crible par Greenpeace, seulement deux annoncent qu’ils comptent atteindre cette date butoir. Les neuf autres sont incapables de déterminer à quelle date ils seront en mesure d’affirmer et de garantir que leur chaîne d’approvisionnement est réellement zéro déforestation.
Il apparaît clairement que les entreprises qui achètent de l’huile de palme pour les commercialiser dans leurs produits (les mêmes produits que nous achetons ensuite dans la grande distribution) ne peuvent pas compter sur les négociants pour leur fournir uniquement de l’huile de palme sans déforestation.
Qu’a-t-on évalué ? Que demande-t-on ?
Cette liste de critères n’est pas exhaustive. Mais voilà, en quelques points, ce que Greenpeace demande à ces négociants en huile de palme.
1. Robustesse de l’engagement zéro déforestation
Dans leur engagement zéro déforestation, les négociants doivent se référer à l’approche HCS. Il faut que cette politique soit applicable à l’ensemble des fournisseurs, et que le négociant adopte une date butoir pour la mise en œuvre. Cela revient pour le négociant à dire, par exemple : “en 2020 je pourrai garantir que toute l’huile de palme que je négocie sera zéro déforestation”.
2. Informations sur la chaîne d’approvisionnement
Le négociant doit notamment exiger de ses fournisseurs qu’ils lui communiquent toutes les cartes de leurs concessions (et pas uniquement les cartes des concessions d’où provient l’huile de palme achetée par le négociant en question).
3. Méthode de suivi
Les négociants doivent par exemple activement suivre d’eux-mêmes toutes les concessions de tous leurs fournisseurs.
4. Capacité de l’entreprise à transformer le marché
Les fournisseurs soupçonnés de déforestation doivent se voir exiger une suspension de toutes leurs activités. Ils doivent aussi publier un plan d’action pour rendre leurs activités conformes à l’engagement zéro déforestation du négociant.
5. La transparence
Les négociants doivent publier la liste de leurs fournisseurs qui ne respectent pas les standards zéro déforestation, ainsi que les plans d’actions qui visent à mettre ces fournisseurs en conformité avec les standards zéro déforestation.