Droit dans le mur
Dans les salons automobiles, ils présentent des véhicules qu’ils prétendent “plus verts”. Leur communication met en avant leur très grande préoccupation quant à notre bien-être et notre sécurité, tout particulièrement pour nos enfants. Or dans les faits, leurs décisions stratégiques nous content une toute autre histoire.
En étudiant les impacts sur le climat de 12 grandes marques mondiales d’automobiles, le rapport Droit dans le mur : l’industrie automobile, moteur du dérèglement climatique démontre que ces constructeurs ont systématiquement échoué à apporter une réponse adaptée à l’urgence climatique. De nouveaux calculs qui mettent en lumière leur empreinte carbone pour 2017 et 2018 permettent de formuler des exigences : ce secteur doit changer radicalement, sous peine d’appartenir bientôt au passé.
L’inaction du secteur automobile nous prive d’un avenir plus vert, plus propre et plus vivable
Il y aura bientôt quatre ans que l’accord de Paris a été signé, imposant la nécessité d’une transition vers un système de transport respectueux du climat comme une priorité. Les constructeurs automobiles doivent organiser de toute urgence l’abandon progressif des véhicules diesel et essence, hybrides compris, et mettre un terme aux ventes de voitures neuves carburant au pétrole d’ici 2028. Cela aura également pour avantages une réduction des embouteillages et une amélioration de la qualité de l’air, entres autres.
Une telle transformation ne peut se faire du jour au lendemain. Toutefois, il est nécessaire que les principaux acteurs du secteur s’engagent fermement à délaisser progressivement le moteur à combustion interne diesel/essence en adoptant un plan d’action assorti d’échéances concrètes, ce à quoi les constructeurs automobiles se refusent constamment. À l’inverse, ils font du lobbying contre les réglementations efficaces en faveur du climat, échouent à augmenter réellement la production de véhicules zéro émission (à l’échappement), et ne cessent de promouvoir l’utilisation et la possession individuelles des voitures. Il est donc crucial que les responsables politiques du monde entier mettent en place des réglementations obligeant à l’abandon rapide des véhicules diesel et essence, et proposent d’autres moyens de transports aux citoyen·nes.
Comme l’indique ce rapport, les améliorations concernant la consommation du carburant et les véhicules hybrides ne suffiront pas face à l’ampleur de la crise climatique. Au contraire, elles peuvent retarder le changement radical qui est incontournable. La hausse actuelle des ventes de SUV fait peser une grave menace supplémentaire sur notre climat.
Si les entreprises ratent la transition et ne parviennent pas à se diversifier, elles seront bientôt de l’histoire ancienne
La manière dont les constructeurs vont transformer leur modèle économique va rapidement devenir une question centrale. Les constructeurs qui survivront seront ceux qui fabriqueront des véhicules électriques plus petits, plus légers et plus efficaces sur le plan énergétique. Ces véhicules seront conçus et commercialisés en vue de réduire l’usage et la possession individuels de voitures, et construits pour être connectés à des réseaux électriques intelligents fonctionnant avec une énergie 100 % renouvelable.
Greenpeace exhorte les constructeurs à prendre des mesures à la hauteur des enjeux climatiques depuis le début des années 1990. Dans ce rapport, nous démontrons que, malgré des avertissements répétés et les avancées de la communauté scientifique qui permettent de mieux saisir la gravité de la crise climatique, l’industrie automobile reste au point mort. La transition doit démarrer immédiatement, avant qu’il ne soit trop tard.