L’Europe contribue à la déforestation dans le monde
La France et l’UE se sont engagées à mettre un terme à la déforestation d’ici à 2020.
Pourtant, les forêts continuent de disparaître à un rythme alarmant : 29,7 millions d’hectares en 2016 ! Or, au cours des dernières décennies, l’Europe a alimenté la destruction et la dégradation de vastes régions forestières de la planète. Les coupables sont clairement identifiés : une forte consommation de viande et de produits laitiers, des importations non régulées de produits liés à la déforestation tels que le soja, l’huile de palme et le cacao, mais également un soutien financier apporté par les banques aux entreprises et aux secteurs responsables de la perte et de la dégradation des forêts, ainsi qu’un essor inquiétant de la demande d’agrocarburants et de bioénergie.
Il est donc de la responsabilité de l’Europe de s’assurer que les produits transformés et les matières premières qu’elle importe n’ont pas contribué à la déforestation. Pourtant l’idée d’un plan d’action de l’UE pour lutter contre la déforestation reste incertaine.
Des solutions existent
En 2013, les gouvernements des États membres et le Parlement européen ont demandé à la Commission européenne de considérer le développement d’un plan d’action contre la déforestation et la dégradation des forêts. Mais la Commission refuse jusqu’à présent d’annoncer son intention de développer un tel plan d’action, qui permettrait pourtant de fixer des règles pour les produits qui entrent sur le marché européen.
La Commission avait effectué un premier pas en commandant une étude pour évaluer les différentes actions envisageables dans le cadre de ce plan d’action et leur faisabilité. Longtemps différée, cette étude vient finalement d’être discrètement publiée et mise en ligne sur le site de la Commission. Mais, pour l’instant, la Commission européenne reste silencieuse sur les suites politiques qu’elle donnerait à cette étude.
Pourtant, l’étude envisage une série de mesures qui pourraient faire partie d’un plan de l’UE contre la déforestation. En particulier, l’étude envisage :
- de nouvelles mesures législatives pour assurer des chaînes d’approvisionnement agricole durables et sans déforestation, et obliger les institutions financières à prendre des mesures pour éliminer le risque de déforestation découlant de leurs investissements financiers ;
- des initiatives visant à encourager la réduction de la consommation de viande ainsi que des actions ciblées visant à réduire les importations d’aliments pour animaux, tels que le soja, en augmentant en parallèle la production de protéines végétales en Europe ;
- l’élimination complète des agrocarburants de première génération d’ici à 2030 dans le cadre de la nouvelle directive sur les énergies renouvelables de l’Union européenne (RED II), actuellement en cours de discussion ;
- une aide financière et technique pour aider les pays forestiers à respecter leurs engagements internationaux en matière de protection des forêts.
L’étude publiée reconnaît que l’UE “fait clairement partie du problème de la déforestation”. Il ne tient qu’à elle de décider de faire partie de la solution. L’UE doit agir rapidement pour que sa consommation ne conduise plus à la destruction des forêts.
La France a un rôle crucial à jouer
Le gouvernement français a un rôle fondamental à jouer.
Au plan européen tout d’abord : la France préside actuellement “le groupe d’Amsterdam” réunissant les sept États membres signataires de la déclaration d’Amsterdam par laquelle ils se sont engagés à soutenir les efforts du secteur privé visant à stopper la déforestation d’ici à 2020. La France doit donc continuer à demander à la Commission de se doter sans tarder d’un plan assorti de mesures réglementaires pour contribuer à mettre fin à la déforestation et à la dégradation forestière au niveau planétaire, et accélérer les efforts de restauration des forêts.
Au plan national également, car dans son plan climat publié en juillet 2017, le gouvernement s’est engagé à publier dans les mois à venir une stratégie visant à “mettre un terme à la déforestation importée”. Mais cette stratégie n’aura de sens que si la France se fixe un niveau d’ambition élevé et qu’elle adopte des mesures fortes qui permettront de réduire significativement l’empreinte forêt de la consommation française. Pour ce faire, il est impératif que le gouvernement décide d’une sortie progressive des agrocarburants de première génération et planifie une réduction de sa consommation de viande et de produits laitiers.