L’Union européenne va-t-elle continuer à ignorer son rôle dans la déforestation ?

L’Europe contribue à la déforestation dans le monde

Durant un survol du Mato Grosso, Greenpeace photographie une zone déforestée en train d’être préparée à recevoir des plantations. Pendant cette expédition, Greenpeace a accumulé des preuves montrant que la déforestation de cette région est liée à la culture du soja et à l’élevage bovin. (2014)

La France et l’UE se sont engagées à mettre un terme à la déforestation d’ici à 2020.

Pourtant, les forêts continuent de disparaître à un rythme alarmant : 29,7 millions d’hectares en 2016 ! Or, au cours des dernières décennies, l’Europe a alimenté la destruction et la dégradation de vastes régions forestières de la planète. Les coupables sont clairement identifiés : une forte consommation de viande et de produits laitiers, des importations non régulées de produits liés à la déforestation tels que le soja, l’huile de palme et le cacao, mais également un soutien financier apporté par les banques aux entreprises et aux secteurs responsables de la perte et de la dégradation des forêts, ainsi qu’un essor inquiétant de la demande d’agrocarburants et de bioénergie.

Il est donc de la responsabilité de l’Europe de s’assurer que les produits transformés et les matières premières qu’elle importe n’ont pas contribué à la déforestation. Pourtant l’idée d’un plan d’action de l’UE pour lutter contre la déforestation reste incertaine.

Des solutions existent

Pour réduire significativement l’empreinte forêt de la consommation française, il faut que le gouvernement décide d’une sortie progressive des agrocarburants de première génération et planifie une réduction de la consommation de viande et de produits laitiers.

En 2013, les gouvernements des États membres et le Parlement européen ont demandé à la Commission européenne de considérer le développement d’un plan d’action contre la déforestation et la dégradation des forêts. Mais la Commission refuse jusqu’à présent d’annoncer son intention de développer un tel plan d’action, qui permettrait pourtant de fixer des règles pour les produits qui entrent sur le marché européen.

La Commission avait effectué un premier pas en commandant une étude pour évaluer les différentes actions envisageables dans le cadre de ce plan d’action et leur faisabilité. Longtemps différée, cette étude vient finalement d’être discrètement publiée et mise en ligne sur le site de la Commission. Mais, pour l’instant, la Commission européenne reste silencieuse sur les suites politiques qu’elle donnerait à cette étude.

Pourtant, l’étude envisage une série de mesures qui pourraient faire partie d’un plan de l’UE contre la déforestation. En particulier, l’étude envisage :

L’étude publiée reconnaît que l’UE “fait clairement partie du problème de la déforestation”. Il ne tient qu’à elle de décider de faire partie de la solution. L’UE doit agir rapidement pour que sa consommation ne conduise plus à la destruction des forêts.

La France a un rôle crucial à jouer

Le gouvernement français a un rôle fondamental à jouer.

Au plan européen tout d’abord : la France préside actuellement “le groupe d’Amsterdam” réunissant les sept États membres signataires de la déclaration d’Amsterdam par laquelle ils se  sont engagés à soutenir les efforts du secteur privé visant à stopper la déforestation d’ici à 2020. La France doit donc continuer à demander à la Commission de se doter sans tarder d’un plan assorti de mesures réglementaires pour contribuer à mettre fin à la déforestation et à la dégradation forestière au niveau planétaire, et accélérer les efforts de restauration des forêts.

 

Au plan national également, car dans son plan climat publié en juillet 2017, le gouvernement s’est engagé à publier dans les mois à venir une stratégie visant à “mettre un terme à la déforestation importée”.  Mais cette stratégie n’aura de sens que si la France se fixe un niveau d’ambition élevé et qu’elle adopte des mesures fortes qui permettront de réduire significativement l’empreinte forêt de la consommation française. Pour ce faire, il est impératif que le gouvernement décide d’une sortie progressive des agrocarburants de première génération et planifie une réduction de sa consommation de viande et de produits laitiers.