En France, une mobilisation historique
Samedi 8 septembre 2018, plus de 850 actions ont eu lieu samedi dans 95 pays à l’occasion d’une journée internationale d’actions citoyennes pour le climat. Des centaines de milliers de personnes étaient attendues dans les rues du monde entier, c’est une mobilisation historique qui a eu lieu en France : plus de 100 000 personnes ont battu le pavé pour demander plus d’action sur le climat.
Climat : la France en plein décrochage
L’action d’Emmanuel Macron et de son gouvernement est en décalage total avec un discours qui prétend faire du climat une priorité. Sur le plan du climat, le président français est tout sauf le « leader » moderne et éclairé qu’il prétend être.
Son gouvernement n’a toujours pas présenté, comme il s’était engagé à le faire avant la fin de l’été, les deux documents qui doivent guider l’action publique en matière de climat. Il s’agit d’abord de la stratégie nationale bas carbone (SNBC), qui programme la baisse des émissions de gaz à effet de serre que la France devra réaliser ces prochaines années dans tous les secteurs (transports, logement, agriculture, énergie, etc).
Il s’agit ensuite de la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE), qui définit les trajectoires de hausse des productions d’énergies renouvelables et de baisse des consommations d’énergies fossiles. C’est également la PPE qui est censée donner des orientations claires sur la trajectoire de fermeture des réacteurs nucléaires, vieillissant et dangereux. Une mesure indispensable pour permettre le développement des énergies renouvelables et définir des objectifs de production éolienne et photovoltaïque dans un contexte où, rappelons-le, la demande d’électricité est en stagnation voire en recul.
L’obligation de publier ces deux textes était pourtant inscrite dans la loi de transition énergétique pour la croissance verte d’août 2015. Une obligation qui permettait pourtant à la France de se donner une chance d’atteindre un objectif de long-terme d’une importance capitale : une réduction drastique des émissions de gaz à effet de serre permettant d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2050.
Feux de forêts et records de température en Europe : on se souviendra de l’été 2018 comme d’un point de bascule sur le climat. Le compte n’y est pas : sur le plan du climat, le président français est tout sauf le « leader » moderne et éclairé qu’il prétend être. Alors que les émissions de gaz à effet de serre de la France sont en augmentation, Emmanuel Macron doit encore faire la preuve qu’il est prêt à prendre cette urgence au sérieux.
1,5°C de réchauffement : une limite à ne pas dépasser
Plus que jamais, c’est la cible d’un réchauffement maximum d’1,5°C d’ici la fin du siècle qui doit être gardée en ligne de mire. Pourquoi ? Si la différence entre 1.5°C et 2 °C de réchauffement d’ici 2100 peut sembler dérisoire, elle ne l’est pas du tout en termes de conséquences sur notre environnement…et sur nos vies.
Températures et précipitations extrêmes, perte de biodiversité, sécheresses, disponibilité de l’eau, baisse des rendements agricoles, montée du niveau des eaux, blanchiment des coraux… Cette différence apparemment mineure de 0,5°C est en fait un enjeu majeur : nous devons le prendre en compte si nous voulons préserver un environnement où la vie n’est pas un cauchemar permanent et quotidien pour des millions de personnes.
La France et l’Europe ont un rôle capital à jouer au niveau international. Pour atteindre cette cible, c’est l’ensemble des Etats et des acteurs non étatiques qui doivent absolument réhausser leurs ambitions climatiques d’ici 2020, date d’entrée en vigueur de l’Accord de Paris.
Les raisons d’espérer sont nombreuses. La principale ? C’est vous. Vous, nous, et toutes celles et ceux qui ne résignent pas et se mobilisent pour pouvoir continuer à vivre dans un monde vivable.
En mai 2018, 11 familles de plusieurs pays européens impactées par les changements climatiques ont attaqué l’Union Européenne en justice. Elles accusent le Parlement et le Conseil européens d’échouer à protéger les citoyennes et les citoyens face à la menace du réchauffement. Cette série de plainte est une première à l’échelle européenne.
Ces citoyennes et citoyens ont obtenu une première victoire : pour la première fois la Cour de justice de l’Union européenne a jugé cette plainte recevable. Une véritable victoire pour ces personnes dont les droits à la vie, à la santé, à l’activité et à la propriété ont été compromis à cause de l’inaction des gouvernements en la matière. Une victoire, aussi, pour la démocratie et le climat.