Mise à jour du 18 septembre 2023 Alors que la Première ministre présente le 18 septembre les grandes orientations concernant la planification écologique, des activistes de Greenpeace se mobilisent en mer pour bloquer l’arrivée du terminal méthanier au Havre et dénoncer la politique énergétique absurde d’Emmanuel Macron, qui va à contre-sens de l’urgence climatique, et dont cette nouvelle infrastructure gazière est un symbole funeste.
Vous trouverez des photos de cette action à la fin de l’article.
Mise à jour du 1er octobre 2024 Des activistes, une porte-parole de Greenpeace et deux professionnels de l’image, présent·es lors de notre action ont été jugé·es mardi 1er octobre au tribunal judiciaire du Havre. Les prévenu·es encourent entre six mois et deux ans d’emprisonnement et jusqu’à 30 000 euros d’amende.
En 2022, Emmanuel Macron s’était engagé à faire de la France « le premier grand pays du monde à sortir de la dépendance aux énergies fossiles » d’ici 30 ans. Pourtant cette même année, la France est devenue le premier importateur mondial de gaz “naturel” liquéfié (GNL) américain. Malgré les promesses du président, la politique énergétique de notre gouvernement encourage en réalité le développement de nouveaux projets gaziers, renforçant notre dépendance à ce système énergétique climaticide.
Le terminal méthanier flottant du Havre est le parfait exemple de cette politique absurde. Décidé en toute hâte en août 2022 et bénéficiant de larges facilités réglementaires, ce bateau-usine devrait entrer en service en septembre 2023, pour une durée de cinq ans, pour accueillir d’autres bateaux chargés de GNL, principalement en provenance des USA.
Avec le média Disclose, nous avons enquêté sur l’utilité de cette nouvelle infrastructure affrétée par TotalEnergies, pour déterminer si elle est véritablement essentielle à la sécurité énergétique du pays et à celle de nos voisins européens, comme le prétend le gouvernement.
Le méthanier du Havre, symbole d’une politique absurde
À quoi va servir ce terminal méthanier ? On cherche encore
L’installation de nouveaux terminaux de GNL en Europe était présentée par les gouvernements comme une solution pour réduire notre dépendance envers la Russie, qui était, avant la guerre en Ukraine, l’une de nos principales sources d’approvisionnement de gaz.
Pour autant, la France continue d’importer du GNL russe et ses importations ont même augmenté en 2022. Aujourd’hui, rien ne nous garantit que le nouveau terminal du Havre ne sera pas également utilisé pour recevoir ce GNL en provenance de Russie.
Ce n’est pas tout : en réalité, la France a déjà les capacités de recevoir les quantités de gaz nécessaires, surtout que les prévisions se basent sur une nécessaire baisse de la consommation de gaz si on veut tenir nos engagements climatiques. Malgré la guerre en Ukraine et sans le méthanier du Havre, le niveau de ses stocks était particulièrement haut à la fin de l’année dernière, si bien qu’elle a pu en exporter une quantité considérable vers ses voisins européens.
Et même si le gouvernement français aimerait nous le faire croire, ces derniers n’auront bientôt plus besoin de nous. Plusieurs pays de l’Union Européenne, comme l’Allemagne, la Belgique ou les Pays-Bas, sont également en train de se doter de nouvelles infrastructures pour importer du GNL.
Le développement de nouveaux projets fossiles va à l’encontre des recommandations des scientifiques. Et aucun argument du gouvernement français ne semble justifier la mise en service de cette nouvelle infrastructure au Havre.
Un projet néfaste pour le climat
Si les gouvernements veulent tenir leurs engagements climatiques, la consommation de gaz fossile doit nécessairement réduire. Le gaz “naturel” liquéfié (GNL) qui est beaucoup plus émetteur de gaz à effet de serre que le gaz transporté par gazoduc, connaît pourtant un boum retentissant depuis plus d’un an.
Le terminal méthanier du Havre va entraîner une augmentation de nos importations de GNL, ce qui va notamment encourager la production de gaz de schiste provenant des États-Unis. En France, l’extraction de gaz de schiste a été interdite car elle est particulièrement nocive pour l’environnement et la santé humaine.
Cette nouvelle infrastructure, qui au passage a été dispensée d’une véritable étude environnementale, va ainsi renforcer notre dépendance au gaz fossile pour plusieurs années.
Un projet poussé par les lobbies du gaz
Les profits de TotalEnergies avant tout
Le terminal méthanier du Havre, dont 50% de la capacité est réservée pour le gaz de TotalEnergies, va en réalité principalement servir les intérêts financiers de la multinationale française. Sa stratégie de croissance repose en grande partie sur le GNL, ce qui lui a permis d’engranger des profits records de 19 milliards d’euros en 2022. Tout ça, sur fond de guerre en Ukraine et d’augmentation des prix du gaz pour les consommateurs et consommatrices européen·nes.
Selon ses propres dires, TotalEnergies serait le deuxième acteur du GNL dans le monde. Elle a donc tout intérêt à pousser les gouvernements à poursuivre une politique tournée vers son importation. Ce qu’elle n’a pas hésité à faire puisqu’elle a rapidement cherché à profiter des conséquences de la guerre en Ukraine pour vendre le GNL comme une solution à la crise énergétique.
Si elle a été la seule multinationale occidentale à ne pas déclarer vouloir se retirer de la Russie après le début de la guerre, il paraît évident que TotalEnergies est prête à tout pour faire toujours plus de profits, quels que soient les coûts humains et environnementaux. Elle n’a aucune intention de renoncer à l’expansion des énergies fossiles, qui représentent encore plus de 90% de ses activités.
La France, complice de cette stratégie climaticide
Les lobbies du gaz sont puissants et murmurent à l’oreille de l’Etat pour protéger leurs intérêts et garantir leurs superprofits. La prise de parole d’Emmanuel Macron du 23 juin sur le plateau de Franceinfo est un parfait exemple de cette influence toxique.
Plutôt que d’affronter la crise énergétique en mettant en place une vraie trajectoire de sortie des énergies fossiles, notre président a plongé la tête la première dans les discours mensongers de TotalEnergies. Cette politique absurde encourage l’augmentation de la production d’énergies fossiles partout dans le monde, comme le gaz de schiste aux Etats-Unis, et ouvre potentiellement la porte au développement d’autres infrastructures gazières.
Malgré ses promesses de transition énergétique, Emmanuel Macron fait une nouvelle fois passer les intérêts privés de TotalEnergies avant la protection de l’environnement et la sécurité de la population. L’installation du terminal méthanier du Havre s’est faite sans que les habitant·es ne soient informé·es des dangers posés par sa configuration unique au monde : ce bateau-usine amarré au fond d’un port, derrière une écluse, sera entouré de sites industriels présentant des risques d’incidents majeurs.
L’association France Nature Environnement Normandie avait déposé un recours juridique pour demander l’annulation de l’autorisation d’exploitation de ce terminal méthanier, qui a été refusé lors de l’audience du 6 juillet au tribunal administratif de Rouen.
Mettons un terme à l’ère du gaz
Pour nous assurer un monde plus vivable et plus juste, les activités des entreprises pétro-gazières comme TotalEnergies doivent prendre fin. La France doit progressivement sortir de cette dépendance au gaz, et aux autres énergies fossiles comme le pétrole, en se tournant vers les énergies renouvelables et plus de sobriété.
Mobilisons-nous ensemble pour un monde libéré du gaz : signez notre pétition !
Si vous voulez plus d’informations et accéder à toutes les sources de cette investigation, vous pouvez retrouver notre rapport en intégralité sur notre site. Vous pouvez aussi retrouver les articles de Disclose : ici et ici.