© Natalie Behring-Chisholm / Greenpeace
Le président indonésien Susilo Bambang Yudhoyono a annoncé mercredi à Oslo un moratoire de deux ans sur l’attribution de nouveaux permis de plantation. Cette décision s’inscrit dans le cadre d’un accord avec la Norvège qui consacrera jusqu’à un milliard de dollars pour la préservation des forêts indonésiennes. Greenpeace se réjouit de cette avancée mais demande également à Jakarta de réexaminer les autorisations déjà accordées pour déboiser.
« Nous enregistrons avec intérêt l’annonce d’un accord de coopération entre l’Indonésie et la Norvège, prévoyant un moratoire de deux ans sur tout nouveau permis de conversion des forêts naturelles et tourbières en plantations industrielles « ,déclare Jérôme Frignet, chargé de campagne Forêts à Greenpeace France. « Mais des millions d’hectares de forêts ont déjà fait l’objet d’allocations à l’industrie de l’huile de palme et du papier : le président indonésien doit étendre le moratoire aux permis déjà attribués et décréter l’arrêt immédiat de toute déforestation au bénéfice de ces industries ».
L’Indonésie possède, avec le Brésil, l’une des plus grandes forêts équatoriales au monde, mais affiche aussi l’un des taux de déforestation les plus élevés, en particulier sur les îles de Sumatra et de Bornéo. Selon le Groupe intergouvernemental d’experts de l’ONU sur l’évolution du climat (Giec), la déforestation représente 17% des émissions globales de gaz à effet de serre, soit plus que le secteur du transport. L’équivalent de trois cents terrains de football de forêts est défriché chaque heure en Indonésie, qui produit avec la Malaisie 80 % de l’huile de palme mondiale.
Cependant, ce fléau, qui contribue fortement au réchauffement climatique, est une source importante de revenus pour l’archipel. L’intérêt pour le gouvernement indonésien est de trouver un équilibre entre la préservation des forêts et les intérêts économiques de son pays. C’est pourquoi la Norvège soutiendra d’abord l’Indonésie dans ses efforts visant à se doter de mécanismes de contrôle et de lutte contre la déforestation, puis, à compter de 2014, elle versera à Jakarta des aides en fonction des progrès réalisés.
Lors du sommet de Copenhague sur le climat, six pays – Australie, Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Japon et Norvège – s’étaient engagés à verser 3,5 milliards de dollars (2,5 milliards d’euros) aux pays forestiers tropicaux. L’accord appelait à rémunérer, sous forme d’aide publique internationale ou de crédits carbone, les pays qui réussissent à préserver leurs forêts ou à en accroître la superficie. Mais pour en bénéficier, il faut que le gouvernement indonésien mette en place des politiques forestières crédibles et soit en mesure de démontrer que les objectifs promis ont bien été tenus.