Il y a vingt ans, une adolescente est partie à bord du Rainbow Warrior II, bateau de Greenpeace. De retour, émerveillée, elle crée un groupe local: « Greenpeace Nice ». Il y a quelques mois, le Rainbow Warrior III est venu. Même port, même ville. À la différence que le groupe s’était donné rendez-vous pour organiser l’événement.
Niki Cerezo confie la recette qui rassemble encore aujourd’hui des dizaines de militants.
Cela fait presque sept jours que Niki est partie en mer sur le navire de Greenpeace. Nous sommes en 1994 lorsqu’elle pose les pieds à terre. « Motivée par l’ambiance à bord des bateaux et l’envie de faire bouger les choses localement », elle veut lancer un groupe à Nice. Elle a alors dix-sept ans. Ce n’était pas facile car « le bureau parisien était frileux à l’idée de confier des responsabilités » localement. Il y a vingt ans, les groupes locaux n’existaient pas en France. À Nice, Niki réunit des sympathisants. À Paris, elle négocie un contrat entre les groupes locaux et le siège. Il visait « surtout à éviter les débordements » confie-t-elle. Juridiquement, le contrat est signé le 10 mai 1996. Mais humainement, « on peut dire que les débuts se sont faits en 1994 ». Le siège accepte d’appeler ce rassemblement de niçois: « Groupe Local Greenpeace/Nice ».
Tomber dans la marmite Greenpeace
« Ma mère était déjà membre de Greenpeace depuis la création de l’association en 1971 au Canada. » Vers onze ans, Niki monte sur le Sirius, un autre bateau de Greenpeace. Elle se souvient: « Je suis allée voir le capitaine pour lui dire: « Je reste! » Il a souri. Mais il m’a répondu que j’étais trop jeune ». Douze ans, et déjà sur le terrain. Dans les écoles, elle fait des expositions militantes. Dans les kermesses, elle vend des autocollants. En 1989, au centre commercial Nice-Étoile, elle fait signer ses premières pétitions Greenpeace: « C’était sur les filets dérivants qui détruisaient la faune marine: j’arrêtais tous les passants. » Quand le Rainbow Warrior II arrive, elle tient le stand d’inscription au groupe local Greenpeace.
Y ajouter une pincée d’humanité
« On n’est pas seul. On rencontre des gens formidables qui ont la même sensibilité, les mêmes convictions. Et qui n’agissent ni pour la gloire, ni pour l’argent », s’enthousiasme Niki.
Yannick Beauget, Joanna Denby, Susan Cerezo, Phillippe Lambert, Juliette Villeval, Richard Garella… Des noms, des prénoms. Une tribu qui se rencontre par conviction et défend bénévolement « l’intégralité biologique et génétique de l’écosystème Terre dans des campagnes non-violentes », comme défini dans le contrat du groupe local.
Des histoires d’âmes. D’amour même parfois: « Yannick Beauget et Joanna Denby se sont connus dans le groupe. Ils ont deux enfants maintenant: ce sont les premiers enfants du groupe! »
Un soupçon de fierté
Se sentir utile, c’est porteur. Créer le groupe local a changé la manière de militer des écolos niçois. « Avant, chacun militait dans son coin. Là, ils avaient la fierté d’appartenir à une grosse organisation. » D’un seul coup, ils pouvaient être en contact avec tout le réseau Greenpeace: national, international et avec « les autres groupes locaux en train de se former. Chacun apprenait de l’autre. » De plus, chacun pouvait se spécialiser, assister à des formations pour devenir le référent d’une campagne. « C‘était important pour eux, parce qu’ils endossaient un rôle. »
Et un zeste d’expérience pour lever l’ensemble
« C‘était formidable de démarrer tout cela à 17 ans. De participer à autant de choses. » Organiser des conférences de presse, participer à des opérations de signalement de cétacés, faire des tournées du Havre à Paris pour montrer aux habitants le taux de pesticide contenu dans l’eau du robinet. Référente locale pour les campagnes « Toxique » et « Incinération » et représentante du groupe de Nice, Niki fait de son présent « un très bon souvenir. »
En 1997, elle parle avec le directeur de Greenpeace France à Paris, Bruno Rebelle: il faudrait accorder « plus d‘importance au travail de campagne et aux groupes locaux eux-mêmes. » Elle devient Coordinatrice bénévole des Groupes locaux de France. À Nice, on regarde de loin l’ex-représentante suivre son bout de chemin. Aujourd’hui, traductrice indépendante spécialisée dans l’environnement et l’énergie, elle confie: « Je rêve de ramener mes propres enfants visiter les bateaux de Greenpeace. »
Morgane Tymen