Des milliers d’hectares de forêts qui partent en fumée, des inondations meurtrières, des agriculteurs et agricultrices qui perdent leur récolte du fait de la sécheresse, des espèces animales qui disparaissent, des dizaines de millions de personnes qui fuient leur foyer devenu inhabitable… Jamais le changement climatique et la perte de biodiversité n’avaient été aussi palpables. De Lyon à Toronto, en passant par Lahore, Mexico ou New Delhi, chacun et chacune ressent physiquement dans son quotidien que les dérèglements climatiques s’accélèrent et que la biodiversité sur la planète est en péril, donnant raison aux scientifiques qui ne cessent d’alerter depuis 40 ans sur la catastrophe à venir.
Face à ces changements planétaires qui se déroulent sous nos yeux et affectent en premier lieu, souvent, les plus vulnérables, un autre avenir est possible. La solidarité, la colère contre l’inaction des responsables et la détermination à agir doivent chasser l’anxiété, le désespoir ou le fatalisme. Nous devons collectivement relever le défi au niveau mondial, car nous sommes toutes et tous dans le même bateau. Et il faut agir vite, sans se reposer sur les promesses des pays ou entreprises d’atteindre la neutralité carbone en 2050. Cet objectif reste important mais il ne doit pas servir à repousser les mesures urgentes à prendre. L’objectif de l’Accord de Paris de rester sous la barre de 1,5 °C d’augmentation globale des températures est encore atteignable, à la seule condition qu’on s’engage à réduire immédiatement et drastiquement nos émissions de gaz à effet de serre. Chaque dixième de degré compte, et limiter le réchauffement global peut sauver des centaines de milliers de vies.
Greenpeace agit depuis plus de 50 ans, aujourd’hui dans 55 pays, pour alerter et dénoncer les atteintes à l’environnement, pour protéger la biodiversité sous toutes ses formes. Nous menons campagne pour répondre aux urgences écologiques qui sont intimement liées aux urgences sociales et aux inégalités grandissantes sur la planète. Face à l’accélération des crises, nous sommes déterminé·es à porter des transformations radicales de nos sociétés qui, comme l’ont montré les différents scénarios scientifiques du GIEC, sont les seules voies de justice pour répondre aux immenses défis qui se posent à notre humanité et protéger nos conditions de vie et celles des futures générations.
Nous dénonçons les discours ambiants qui tendent à faire croire que la technologie seule nous sauvera du désastre. Les solutions hypothétiques dont on nous rebat les oreilles ne seront pas prêtes avant plusieurs décennies, nombre d’entre elles ne sont pas matures ou entraînent des effets pervers. La compensation carbone ne peut être la solution miracle, le recours massif à l’hydrogène en substitution aux énergies fossiles est au mieux une perspective de très long terme, ce qui fait de “l’avion vert”, tant vanté par le gouvernement, une simple entreprise de greenwashing destiné à maintenir le statu quo. Il en va de même des nouveaux EPR, trop lents à construire, ou encore des agrocarburants dits de 3e ou 4e génération qu’on nous annonce vainement depuis deux décennies… Quant à la compensation carbone, c’est une dangereuse illusion, fondée sur une escroquerie méthodologique, qui là aussi a pour principal effet de retarder la nécessaire décarbonisation de notre économie.
Les solutions pour réduire considérablement nos émissions de gaz à effet de serre et vivre dans des sociétés apaisées sont pourtant connues. Nous n’avons d’autres choix que de transformer en profondeur un système économique mondialisé basé sur la surconsommation, l’extractivisme, le maintien d’inégalités et la poursuite de la croissance à tout prix dans un monde aux ressources limitées, et qui place les profits de quelques un·es avant les intérêts du vivant.
Partout dans le monde, les opinions publiques prennent conscience de l’urgence à transformer un système économique qui mène à notre perte et sont prêtes à des changements en profondeur. Il est temps d’écouter les scientifiques et de mettre en œuvre les mesures que nous prônons aussi à Greenpeace depuis des décennies. Ensemble, avec la même conviction qu’il n’est pas trop tard pour agir, nous devons imposer avec force aux responsables politiques et économiques de mener des transformations radicales de nos modes de production et de consommation pour des sociétés plus solidaires, inclusives, équitables et justes socialement:
- Nous devons réformer la façon de cultiver et de nous nourrir : tout le monde pourrait manger à sa faim et la biodiversité et le climat seraient davantage épargnés si l’on réduisait significativement notre consommation de viande et produits laitiers dans les pays les plus riches et si l’on sortait de la logique d’une agriculture industrielle destructrice des écosystèmes naturels pour adopter des modèles agricoles écologiques. C’est aussi le moyen le plus efficace pour protéger les forêts, qui sont rasées et brûlées partout dans le monde pour être converties le plus souvent en plantations agricoles industrielles alors que ces écosystèmes sont essentiels pour le climat et la biodiversité et toutes les populations qui y vivent. À ce titre, nous travaillons partout dans le monde à mieux les protéger, notamment en faisant voter et appliquer des législations qui interdisent l’importation de bois illégal et de produits ayant contribué à la déforestation. Ce serait aussi un moyen efficace de protéger l’eau, une ressource vitale, et d’éviter son accaparement par une poignée d’acteurs économiques.
- Nous devons protéger les océans, qui sont le berceau de la vie, une source de subsistance pour trois milliards de personnes et les régulateurs indispensables du climat. Nous luttons partout dans le monde pour exiger 30 % de réelle protection des océans et faisons campagne pour éloigner la nouvelle menace que constituent les projets d’exploitation minière en eaux profondes.
- Nous devons diminuer drastiquement et immédiatement notre consommation d’énergie pour se libérer du pétrole, du gaz et du charbon qui détruisent le climat. Cela passe notamment par une réduction forte de la place de la voiture, la réduction des vols en avion et des investissements massifs dans le ferroviaire, l’isolation des bâtiments et la maîtrise de notre consommation d’électricité. Pour cela, il est indispensable d’interdire tout nouveau projet d’exploration ou d’exploitation d’énergies fossiles et de développer en contrepartie les énergies renouvelables qui, selon le GIEC, ont un potentiel de réduction des émissions de gaz à effet de serre neuf fois supérieur au nucléaire, à un coût bien moindre. Les énergies renouvelables sont en essor partout dans le monde, car beaucoup moins chères et rapides à installer que le nucléaire, une énergie coûteuse, polluante par les déchets extrêmement toxiques engendrés, risquée face aux aléas climatiques, géopolitiques et industriels et trop lente à déployer. En France, nous disposons d’un énorme potentiel en matière d’énergie solaire et éolienne, notamment du fait de nos différentes faces maritimes, qui nous permettrait de réduire progressivement notre dépendance au nucléaire.
- Repenser nos modes de vie pour plus de sobriété, tout en accompagnant par des politiques sociales adaptées les catégories les plus exposées, est une nécessité, pas une option. Cela passe par des politiques transformatives ambitieuses, dans les transports, les bâtiments, l’agriculture, mais aussi par des normes contraignantes et non plus uniquement des mesures incitatives, telles que des obligations de réduction des émissions de gaz à effet de serre pour les entreprises, une réforme de leur fiscalité et du cadre des investissements financiers. C’est aussi lutter contre la surconsommation qui épuise la planète à travers un système mondialisé fort consommateur de ressources. Nous demandons une régulation plus forte de la publicité qui pousse à consommer toujours plus ou promeut des modes de vie destructeurs pour le climat.
Ces transformations sociétales ne pourront se faire qu’en prenant en compte les inégalités et les différences de responsabilité dans ces crises. C’est le cas au niveau multilatéral où les pays développés, responsables historiques des émissions de CO2, doivent venir en aide des pays en développement qui sont les premiers affectés par les catastrophes climatiques alors qu’ils en sont les moins responsables. C’est le cas aussi au niveau national où les catégories les plus aisées de la population, du fait de leur mode de vie ou encore de leurs placements financiers, ont une empreinte carbone bien plus élevée que les catégories les plus pauvres. Tenir compte de ces inégalités, c’est ne laisser personne au bord du chemin. C’est accompagner les changements dans les modes de déplacement (réouverture de petites lignes de train, passage à des véhicules moins polluants sans reste à charge, développement des transports collectifs, du covoiturage, de l’autopartage, etc.), c’est financer la rénovation énergétique des logements passoires thermiques, c’est apporter une sécurité alimentaire pour permettre à toutes celles et tous ceux, notamment les jeunes, de se nourrir correctement avec des produits sains de qualité.
Toutes ces transformations permettront une amélioration du confort de vie pour des sociétés plus apaisées, où les limites planétaires sont respectées et où chacun et chacune voit ses besoins fondamentaux satisfaits. Elles peuvent être financées si on taxe les profits faramineux engrangés par les multinationales des énergies fossiles depuis plusieurs années, si partout dans le monde la fortune générée par des investissements dans des secteurs polluants est taxée à son juste niveau, si les États cessent de subventionner massivement les énergies fossiles et encadrent l’activité du secteur financier qui investit dans le développement de projets climaticides.
Pour mener à bien ces révolutions, nous devons faire preuve de détermination et de solidarité, nous avons besoin de chacun et chacune. Nous avons toutes et tous un rôle à jouer. Il nous faut d’abord modifier nos comportements pour incarner le changement au niveau individuel en fonction de nos possibilités. Il nous faut aussi et surtout mener les actions collectives qui sont essentielles pour gagner la bataille : nous devons augmenter la pression sur les politiques pour mettre en œuvre des mesures ambitieuses et contraignantes, du local au national, continuer à lancer l’alerte via notre équipes d’expert·es scientifiques et d’investigation partout où la planète est menacée. Nous renforcerons nos combats en poursuivant devant les tribunaux les responsables des pollutions et de pratiques malhonnêtes de greenwashing ou les coupables d’inaction climatique. Fidèles à nos valeurs d’indépendance et de non-violence, nous dénoncerons haut et fort l’immobilisme ou le techno-solutionnisme prôné par nos dirigeant·es. Nous n’hésiterons pas à recourir à la désobéissance civile, levier puissant pour porter nos revendications. La radicalité de notre détermination est nécessaire pour confronter l’extrémisme de ceux et celles qui font tout pour préserver un système qui maintient les privilèges d’une minorité au détriment d’un futur viable pour nous et nos enfants. Depuis nos groupes locaux, présents dans des dizaines de villes en France, jusqu’aux couloirs de l’ONU et des sommets internationaux, en coalition avec des centaines d’organisations dans le monde, Greenpeace est présente pour porter cette vision et sommer d’agir les personnes qui nous dirigent.
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