Le sujet fait la Une de l’actualité européenne cette semaine : l’Allemagne recule et ne sort plus du nucléaire…
Mais les dessous de l’affaire vont plus loin : Greenpeace Allemagne a en effet découvert les tenants de l’ accord signé le 6 septembre au petit matin par la chancelière allemande Angela Merkel et les 4 géants allemands du nucléaire. Un contrat conclu dans la plus grande discrétion, qui remet en cause la contribution des énergéticiens au développement des énergies renouvelables.
On se souvient de l’annonce faite en grande pompe, la semaine dernière d’un « fonds renouvelables » financé par des contributions des magnats de l’atome. Mais la promotion des énergies renouvelables annoncée n’est qu’une mascarade…
En Allemagne, entre sécurité et énergies renouvelables, il faut apparemment choisir…
Aux petites heures matinales du 6 septembre, la chancelière allemande, Mme Angela Merkel, signait, à huis clos, un accord avec les géants du nucléaires allemands : E. ON, RWE, Vattenfall, EnBW. Un contrat qui précise les conditions de prolongation de la vie des centrales nucléaires outre-Rhin.
On comprend aujourd’hui pourquoi le gouvernement allemand insistait pour tenir secrets les termes de cet accord : la prolongation de la durée de vie des centrales implique inévitablement la réalisation d’investissements pour garantir la sûreté et la sécurité du parc. Et l’accord autoriserait les compagnies nucléaires à déduire les investissements supérieurs à 500 millions d’euros des contributions versées au fonds pour les renouvelables… Ainsi, un investissement de 600 millions d’euros (visant à augmenter le niveau de sécurité des centrales) permettrait aux industriels de déduire 100 millions d’euros des contributions censées être versées au fonds renouvelables.
Au détriment d’un avenir énergétique propre pour le pays…
Une position en contradiction avec les engagements de G. Schröder… et de Mme Merkel!
Lundi dernier, Angela Merkel avait annoncé son intention de prolonger la durée de vie des centrales nucléaires allemandes de douze ans en moyenne (huit ans pour celles construites avant 1980, 14 ans pour les plus récentes). Des centrales nucléaires devraient donc continuer à tourner jusqu’en 2040 en Allemagne… Alors que, dès le début des années 2000, le gouvernement Schröder avait fait preuve de modernité en programmant l’arrêt du nucléaire pour 2022, Angela Merkel a prouvé qu’elle laissait les industriels lui dicter sa politique. Et ce n’est peut-être que le début : les années gagnées ne sont pas liées aux centrales déjà existantes. Les industriels ont le choix de les « transférer » vers de nouvelles centrales, construites pour l’occasion! Et on peut facilement imaginer la suite : ces centrales toutes neuves seront un nouvel argument pour repousser encore un peu plus la sortie du nucléaire.
Suite au tollé provoqué par cette annonce, Angela Merkel avait tenté de rassurer l’opinion publique, majoritairement hostile à l’atome, en affirmant que le nucléaire n’était qu’une « énergie de transition » qui permettrait d’assurer le passage à un réseau basé à 80 % sur les renouvelables, d’ici à 2050 et en annonçant la création du fameux « fonds renouvelables ».
Le gouvernement allemand à la solde du lobby nucléaire
Ces contrats secrets passés par la chancelière et ses nouveaux alliés du parti libéral-démocrate, majoritaire au Bundestag depuis 2009, montrent que l’Allemagne est dirigée par les grands patrons du lobby nucléaire.
Le gouvernement allemand a-t-il donc les mains liées au point de ne pas pouvoir accomplir son mandat démocratique, qui consiste notamment à respecter l’opinion de ces citoyens, dont les deux-tiers sont opposés au nucléaire ? Mme Merkel souhaite-t-elle donner un coup d’arrêt aux créations d’emplois verts – environ 250 000 à ce jour ? L’Allemagne entend-elle renoncer à sa place de leader mondial en matière d’énergie renouvelable ? Et ce, au nom de l’extension de la durée de vie de réacteurs dangereux et obsolètes ?
Ces questions devront trouver des réponses, et le gouvernement allemand devra peut-être les apporter devant les tribunaux, les partis de l’opposition envisageant de porter plainte devant la cour fédérale.
L’accord complet, entre le gouvernement allemand et les industriels de l’atome peut être consulté ici (en allemand)
une coalition d’association et de partis politiques ont appelé à une grande manifestation anti-nucléaire le 18 septembre à Berlin