Les journées où les mauvaises nouvelles concernant la planète ne pleuvent pas sont devenues assez rares ces derniers temps. Aujourd’hui n’a pas fait exception : la crise qui frappe les océans fait les gros titres avec le dernier rapport du GIEC. C’est alarmant, ne nous le cachons pas. Mais nous avons encore une opportunité unique d’aider les océans à se restaurer.

Océans

Océans, climat :
même combat

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Les journées où les mauvaises nouvelles concernant la planète ne pleuvent pas sont devenues assez rares ces derniers temps. Aujourd’hui n’a pas fait exception : la crise qui frappe les océans fait les gros titres avec le dernier rapport du GIEC. C’est alarmant, ne nous le cachons pas. Mais nous avons encore une opportunité unique d’aider les océans à se restaurer.

Il est essentiel de veiller à la bonne santé de nos océans pour le maintien de la vie sur Terre. Ils contribuent à réguler le climat et sont une source de subsistance pour des millions de personnes. Sauf qu’aujourd’hui, les spécialistes du GIEC ont publié un rapport spécial confirmant nos pires craintes : la crise climatique est aussi une crise des océans.

Le CO2 que nous rejetons dans l’atmosphère en brûlant des énergies fossiles à tout va fait augmenter les températures de la planète. Les calottes glaciaires fondent à une vitesse plus que préoccupante, ce qui fait augmenter le niveau des océans, laissant tristement présager des milliers de réfugié·es climatiques.

Le CO2 est aussi absorbé par les océans. Et plus ils absorbent de CO2, plus cela les rend acides et altère des écosystèmes uniques, comme les récifs coralliens.

Pour la première fois, des plongeurs d’eaux profondes sont descendus en bouteilles voir le Récif de l’Amazone. Cette photo a été prise à 100 mètre de fond.
© Alexis Rosenfeld

Si nous vous rappelons tout cela, c’est parce que la biodiversité marine peut être notre alliée. Naturellement, les écosystèmes marins absorbent et stockent le carbone. La flore des régions côtières, comme les mangroves et herbiers marins, emprisonne le carbone dans les sédiments et les sols. Une grande partie du carbone se retrouve également dans la chaîne alimentaire des animaux marins, lesquels, à leur mort, emportent avec eux le carbone capturé jusque sur le plancher océanique.

Nous ne pouvons pas compter uniquement sur ce processus naturel pour mettre un terme aux changements climatiques. La priorité reste d’arrêter d’émettre du carbone, mais ce processus n’en reste pas moins vital, d’où l’impérieuse nécessité de protéger les océans et leurs écosystèmes.

Une marée noire touche la mangrove dans la Baie de Balikpapan, en Indonésie.

Au-delà des menaces liées à la crise climatique soulignées par ce rapport du GIEC, les activités humaines destructrices (surpêche, forages pétroliers offshore, pollution plastique…) font peser sur les océans une pression constante, mettant en danger la résilience des océans et leur capacité à se restaurer. Pourtant, ils pourraient être un allié de choix pour le climat s’ils étaient en pleine forme ! La gouvernance fragmentée et non adaptée qui régit les océans a été bien incapable d’enrayer cette situation.

Heureusement, malgré toutes ces nouvelles peu réjouissantes, nous continuons à garder en ligne de mire la lueur d’espoir qu’est le traité mondial pour les océans. Si le texte de ce traité, qui doit être adopté en mars 2020, est assez ambitieux, il pourrait nous aider à créer un vaste réseau de réserves marines, mettant au moins 30% des océans hors de portée de toute activité industrielle avant 2030.

Tisser cette toile de réserves marines sur les océans du globe aura un impact significatif sur la santé des océans. Cela aidera la biodiversité à se remettre d’aplomb suite aux coups de boutoir portés par les activités humaines. Résilients et en bonne santé, les océans pourront alors jouer tranquillement leur rôle de régulateur du climat et contribuer au maintien de la vie sur Terre.

Un banc de vivaneaux du Bengale, à Raja Ampat en Nouvelle-Guinée.

Le mois dernier, les gouvernements se sont réunis pour l’avant-dernière session de négociations sur le traité. A ce stade, encore trop peu de pays font réellement avancer les discussions vers un texte qui permettra de sécuriser un accord dont l’impact sera réellement positif.

Les Etats doivent se réveiller. Maintenant.

En parallèle, les responsables politiques et économiques doivent s’attaquer aux causes profondes de la crise des océans. La transition énergétique doit accélérer et nous devons sortir de notre dépendance aux énergies fossiles. La déforestation doit être réduite à zéro. Réduire les émissions de carbone permettra de relâcher la pression exercée sur les océans, qui le pompe à n’en plus pouvoir. C’est alors que nous pourrons réellement voir les bénéfices d’un réseau de réserves marines.

Il n’y a pas de meilleur moment pour demander à nos responsables politiques de se secouer. Nous sommes bientôt 2 millions à travers le monde à réclamer un traité mondial pour les océans qui soit à la hauteur des enjeux. Si nous prenons soin de nos océans, ils sauront nous le rendre au centuple.