Les océans et les récifs coralliens, victimes du réchauffement climatique
Gaz à effet de serre, augmentation des températures, fonte des glaces… Les dérèglements climatiques nuisent gravement à l’état des océans et donc de la planète.
L’océan, vital et menacé
L’océan contient 50 fois plus de carbone que l’atmosphère. Au cours des dernières décennies, grâce à ses deux cycles, le cycle biologique et le cycle physique, l’océan a ralenti le rythme des changements climatiques en absorbant près de 30 % des émissions de dioxyde de carbone. De plus, il produit la moitié de l’oxygène respiré par chaque être humain, stocke près de 90 % de l’excédent de chaleur et reçoit la quasi-totalité de l’eau provenant de la fonte des glaces.
Côté économie, l’océan est aussi précieux : il contribue à hauteur de trois à six trillions de dollars par an à l’économie mondiale ; 90 % des marchandises sont aujourd’hui transportées par la mer ; la pêche assure à 4,3 milliards de personnes plus de 15 % de leurs apports en protéines animales.
Les impacts du réchauffement climatique sur les océans sont effroyables : orages de plus en plus puissants, changement des courants marins, propagation d’espèces envahissantes, acidification, dommages irréversibles sur les récifs coralliens… La situation est préoccupante.
Réchauffement climatique et acidification
Un tiers du CO2 lié aux activités humaines est absorbé par les océans chaque année. Ce CO2 se dissout dans l’eau pour former un acide, appelé acide carbonique, qui modifie l’équilibre chimique de l’eau de mer en rendant son pH moins basique. C’est ce que l’on appelle l’acidification des océans. Une diminution de 0,1 du pH représente une augmentation de 30 % de l’acidité, ce qui suffit à créer des impacts dévastateurs sur de nombreuses espèces marines.
Ainsi, un pH plus acide réduit la disponibilité des ions carbonates dans l’eau, nécessaires à la construction et à la conservation des coquillages et des squelettes. Il devient alors plus difficile pour les micro-organismes contenus dans le plancton, par exemple, de construire leur coquille. Non seulement ces organismes marins dépensent plus d’énergie à essayer de former leur coquille, affectant ainsi leur croissance, mais ils sont aussi plus vulnérables à d’autres facteurs de stress. Ces micro-organismes sont à la base de la chaîne alimentaire de centaines d’espèces.
Les coraux profonds sont eux aussi touchés par ce phénomène et se développent beaucoup plus lentement. La situation devient inquiétante car, par endroits, l’érosion naturelle est plus rapide que la constitution d’autres récifs coralliens, leur surface est donc en diminution. Or, une espèce sur quatre dans les océans vit sur un récif corallien… Le plus alarmant, c’est que ces changements dus à l’acidification sont irréversibles : on ne peut prélever le CO2 une fois qu’il est absorbé par les océans. Si nous n’agissons pas rapidement, il faudra des dizaines de milliers d’années pour que le l’océan retrouve son pH d’origine.
Réchauffement climatique et récifs coralliens
Les écosystèmes coralliens sont reconnus mondialement pour leur richesse et leur biodiversité, à l’instar des forêts équatoriales. Un kilomètre carré de récifs abrite plus d’espèces que tout le littoral européen ! Pourtant, les récifs coralliens sont les écosystèmes les plus menacés de disparition par les changements climatiques.
Selon la communauté scientifique, si les températures moyennes globales de surface augmentent de 1,5 °C, le réchauffement de l’eau et l’acidification des océans engendreront la destruction des récifs coralliens au cours de la prochaine décennie.
En plus des impacts issus des changements climatiques, les récifs coralliens sont directement menacés par les êtres humains. Plus de la moitié des récifs coralliens du globe semblent localisés à moins de 30 minutes des populations humaines. Surexploitation des ressources naturelles, urbanisation, pollution venant de la terre, activités industrielles d’extraction charbon ou d’hydrocarbures… Les récifs coralliens sont des victimes directes des activités humaines, à l’image de la Grande Barrière de corail en Australie un temps menacée par un projet de forage du géant pétrolier BP.
On estime qu’entre 30 et 50 % des récifs coralliens ont déjà été sévèrement dégradés ou complètement détruits par l’impact du dérèglement climatique. La disparition des coraux conduira en cascade à la perte de nombreuses espèces de poissons et d’invertébrés qui en dépendent. Des millions de personnes issues des populations côtières sont tributaires des biens et des services issus des écosystèmes coralliens. La destruction de l’écosystème récifal aura un fort impact sur la sécurité alimentaire des populations et aggravera la pauvreté.
L’enjeu primordial est d’assurer la préservation des récifs coralliens dans le monde, aussi bien pour leur rôle dans la résilience aux changements climatiques que pour leur biodiversité unique. Il s’agit d’exiger un engagement fort des politiques nationales et internationales dans le niveau de préservation des écosystèmes récifaux, mais également d’assurer une gestion locale qui implique directement les acteurs et les populations qui dépendent des ressources de ces milieux.
Quelles solutions ?
Extraction et consommation de carburants fossiles, déforestation, émission de gaz à effet de serre… Nous sommes les principaux responsables de cette situation. Depuis la révolution industrielle, l’acidité de la surface de l’eau de mer a augmenté en moyenne de 30 % – c’est plus que les variations enregistrées depuis un millénaire, et le plus inquiétant, c’est que cette augmentation s’est faite probablement 100 fois plus vite ces dernières années que sur l’ensemble de la période. La composition chimique des océans change donc vite, trop vite sans doute car les mers atteignent leur limite en termes de capacité d’adaptation. Si les émissions de CO2 continuent d’augmenter au même rythme, les projections montrent qu’il pourrait y avoir une augmentation de l’acidité de 120 % d’ici à 2060. Dans le monde des océans, où les différents écosystèmes sont liés et interdépendants, ces prévisions sont pour le moins alarmantes. La seule solution, c’est donc d’émettre moins de CO2.