Ouistreham, le 17 mars 2008. A 16h 30, l’Arctic Sunrise, le navire de Greenpeace, vient d’intercepter à quelques miles des côtes le Galina III, un cargo battant pavillon maltais en provenance du Brésil et chargé de bois. Cinq activistes sont montés à bord et se sont attachés dans les grues. La cargaison à destination du port de Caen-Blainville provient d’exploitants forestiers s’illustrant depuis des années par leurs pratiques illégales en Amazonie. Greenpeace demande aux autorités françaises d’empêcher le déchargement jusqu’à ce qu’il ait obtenu du gouvernement brésilien les informations prouvant que le bois est légal et que les certificats présentés sont fiables. Le jeu de dupes entre exploitants forestiers douteux, autorités brésiliennes complaisantes, importateurs non regardants et législation européenne défaillante doit cesser immédiatement !
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« Des cargaisons de bois suspectes de pillage et d’illégalité arrivent toutes les semaines dans les ports français et européens, en provenance du bassin du Congo et d’Amazonie, les deux grands poumons de la planète. Le gouvernement français doit s’engager immédiatement à défendre auprès de la Commission européenne et des autres Etats membres une législation européenne interdisant la mise sur le marché de bois illégal et non-durable. Le processus de destruction doit cesser ! » déclare Grégoire Lejonc, chargé de la campagne forêts à Greenpeace France.
Au Brésil, 60 à 80 % du bois est exploité illégalement. Plus de la moitié du bois amazonien exporté arrive en l’Europe et la France est le plus gros importateur européen de bois brésilien.
Le bois contenu à bord du Galina III a été chargé à Santarem au Brésil et contient du bois des compagnies Pena Agro-Florestal Madeireira Ltda, Madeireira Rancho da Cabocla Ltda et Estancia Alecrim qui s’illustrent depuis des années dans l’Etat du Para par leurs activités illégales : corruption, occupation illégale de terres, blanchiment de bois illégal. Ils ont pour cela été condamnés à de nombreuses reprises par la justice brésilienne. Pourtant ces compagnies continuent d’exploiter et d’exporter du bois en toute impunité, notamment vers l’Europe. Les importateurs français de la cargaison qui doit être déchargée à Caen sont : Guillemette & Cie, Etablissements Peltier, Sogemar et DLH France.
« Les importateurs français doivent s’assurer et assurer le consommateur que leurs approvisionnements sont de sources sures et légales et ne mettre sur le marché européen que du bois dont la chaîne de traçabilité est connue, déclare Grégoire Lejonc, de Greenpeace France. C’est très loin d’être le cas pour la cargaison du Galina III ! Nous nous opposerons donc à son déchargement tant que de vraies preuves de sa légalité n’auront pas été apportées. Les consommateurs européens ne doivent pas être rendus complices de crimes forestiers. »
« Les gouvernements européens aiment à s’afficher à la pointe de la lutte contre les changements climatiques. Or, la déforestation est responsable de 20% du total mondial des émissions de gaz à effet de serre et l’exploitation illégale du bois est l’un des principaux vecteurs de la déforestation, s’indigne Marcelo Marquesini, de Greenpeace Brésil, également présent à Ouistreham. L’Europe doit absolument participer avec nous à la lutte contre ce fléau en adoptant une législation rigoureuse ! »
France et Union européenne sont à la croisée des chemins. D’ici au mois de mai 2008, il doit être décidé si, oui ou non, l’UE décide de se doter d’une législation contraignante pour réglementer la vente des produits bois sur le marché européen. Aujourd’hui, seul le label de certification FSC permet d’assurer les consommateurs de bois tropicaux que ces produits sont issus d’exploitations légales et durables.
L’Europe ne doit pas se défausser : elle partage avec les grands pays forestiers la responsabilité de la déforestation et de l’exploitation forestière illégale. La France doit quant à elle tenir ses engagements du Grenelle de l’environnement et faire de la protection des forêts l’une des priorités environnementales de sa présidence de l’UE.
La nécessité d’une législation européenne contre le bois illégal (note de synthèse)
Le rapport complet en anglais : A future for forest – An Amazon case study
Le bois illégal d’Amazone se déverse en Europe (résumé du rapport en Anglais)