C’est aujourd’hui qu’est publiée la proposition de la réforme de la pêche en Europe (voir le texte en anglais sur le site de la Commission ). La Commission européenne présente dans ce texte ses propositions pour améliorer le système de gestion de la pêche au niveau européen. La Politique Commune des Pêches n’est réformée que tous les 10 ans, cette année est donc une opportunité exceptionnelle d’agir pour la préservation des ressources marines.
Les enjeux de la Politique Commune de la Pêche (PCP)
Dans le Livre Vert paru en avril 2009, la Commission européenne avait elle-même dressé le constat d’échec de la PCP. La pêche est en crise depuis des décennies, la colère des pêcheurs fait régulièrement la une des médias. Mais le problème n’est pas que les quotas soient trop petits ou que le gasoil soit trop cher… Le problème vient de la manière dont a été pensée la PCP, pour « l’augmentation de la production ». Or, on ne produit pas le poisson, on le capture, on le prélève donc sur un
stock existant. Quand les prélèvements sont trop nombreux, le poisson n’est plus en mesure de se reproduire !
Les océans sont en train de mourir, tout particulièrement en Europe. Parmi les espèces que l’on trouve sur nos étals, 7 sur 10 sont surexploitées ou au bord de la surexploitation. Si on continue à ce rythme, d’ici 35 ans, les océans seront vides.
Certaines propositions esquissent un progrès
Les propositions de la Commission portent notamment sur la réduction du nombre de bateaux. C’est une bonne intuition, mais l’UE compte sur les lois du marché pour réduire le nombre de bateaux et c’est inacceptable. Des mesures contraignantes concernant la taille et la capacité de pêche de la flotte sont nécessaires !
De même, la volonté affichée de l’Union européenne d’arriver à une reconstitution des espèces est un point positif. Mais il faut privilégier une approche écosystémique, et non espèce par espèce, respecter les avis scientifiques pour l’établissement des quotas. La fin de la surpêche devrait être un objectif clair !
Enfin, notons que la Commission propose d’arriver à terme à une interdiction totale des rejets en mer. Dans de nombreuses pêcheries, 60 % des poissons capturés ne sont pas désirés, ils sont aussitôt rejetés à la mer, morts ou mourants, en raison de leur faible valeur marchande ou parce que les quotas ont été dépassés. Les rejets ne sont pas règlementés, il est donc difficile de déterminer exactement le nombre de poissons rejetés. Pour réduire ces prises accessoires, arrêter ce gâchis et aller vers une pêche durable, il faudrait ne prendre que le poisson effectivement vendu.
Ce que propose l’Europe, c’est l’interdiction pure et simple des rejets, un objectif ambitieux … La France, quant à elle, affirme que d’autres solutions, notamment techniques, doivent être envisagées… Malheureusement, force est de constater que ce ne sont pas des mesures techniques qui permettront de régler ce problème, mais des décisions politiques.
Pour mettre fin à ce gaspillage, vous pouvez soutenir la démarche de Fish Fight . En apportant votre soutien à cette campagne, votre nom sera ajouté à une lettre envoyée à la Commissaire Maria Damanaki, aux membres du Groupe de réforme de la politique commune de la pêche, et à tous les députés européens. Un compteur, installé à l’extérieur du bâtiment européen à Bruxelles, rappelle également aux députés européens qu’ils ne peuvent ignorer plus de 690 000 citoyens !
SOS Océans : les points essentiels que la réforme néglige
Deux points majeurs ne sont pas traités dans le projet de texte présenté aujourd’hui : les réserves marines et la petite pêche artisanale ou côtière.
Pour Greenpeace, il est nécessaire de mettre en place un réseau de réserves marines dans les eaux européennes, non seulement comme moyen de protection des zones les plus sensibles, mais aussi de restaurer les stocks de poissons, et comme outil de gestion de la pêche. La pêche artisanale est essentielle, car représentant 20% des captures, elle signifie aussi 80% des emplois en Europe! Or elle n’est absolument pas abordée dans ce projet, quasiment pas évoquée.
Greenpeace sera présente et mobilisée pendant les semaines et les mois à venir dans toute l’Europe, à terre et en mer pour exiger une réforme ambitieuse, permettant de protéger nos océans !
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