Pêche pirate ou pêche illégale : le côté obscur de la surpêche
La pêche illégale, non déclarée et non réglementée (pêche INN) met en péril la durabilité des ressources marines, menace la stabilité économiques de certains États côtiers et la sécurité alimentaire des populations côtières. Ce phénomène est si répandu dans le monde qu’un poisson sur quatre est pêché de façon illégale !
Pêche illégale : catastrophe planétaire
Chaque année, la pêche INN représente plus de 26 millions de tonnes de prises et son coût est estimé à plus de 23 milliards de dollars, ce qui compromet les efforts visant à assurer une pêche durable et une gestion responsable des stocks de poissons dans le monde.
La pêche INN n’est pas un phénomène nouveau mais elle a gagné en visibilité et en intensité ces 20 dernières années, notamment en haute mer.
La pêche illégale est motivée par l’appât du gain et est parfois associée, dans les pêcheries industrielles, au crime organisé. La pêche INN a de graves répercussions sur le bien-être économique et social de ceux qui exploitent la ressource durablement et légalement.
Pêche illégale : qu’est-ce que c’est ?
La pêche illégale se développe aussi bien dans les eaux territoriales que dans les eaux internationales. Elle est pratiquée par tout type de navires de pêche quelles que soient leur immatriculation, leur taille ou leur état. Non seulement elle contribue à l’épuisement des stocks halieutiques mondiaux mais, en outre, elle compromet les mesures de protection et de reconstitution mises en place pour assurer la pérennité des stocks. Elle participe pleinement à la surpêche.
La pêche illégale profite de la faiblesse des systèmes de gestion et de contrôle, prend comme cible les pays en développement et tire parti de la corruption au sein des administrations pour l’immatriculation des navires, les « permis de pêche » et les opérations sur terre.
Les modes opératoires de la pêche illégale sont innombrables : tactiques innovantes pour échapper à la surveillance et au contrôle des navires et de leurs activités, utilisation de toutes les techniques de pêches interdites, transbordement en mer pour faciliter le blanchiment des ressources pêchées illégalement, immatriculations abusives ou infractions aux licences de pêche aggravées par le manque de transparence ou le non-respect des zones de pêche, des quotas et des réglementations…
Lutte contre la pêche illégale : priorité absolue
Depuis une dizaine d’années, la pêche illégale est devenue une priorité mondiale. C’est pourquoi la communauté internationale se mobilise pour l’éradiquer.
Le 5 juin 2016, pour la première fois, un accord contraignant ciblant la pêche illégale est devenu une loi internationale. Cet accord réunit 29 pays et l’Union européenne, représentant plus de 62 % des importations et 49 % des exportations mondiales de poisson, pour un total supérieur à 133 et 139 milliards de dollars respectivement en 2013. Ce nouveau traité requiert que les différentes parties précisent les ports utilisés par les navires étrangers afin de faciliter les contrôles.
Par ailleurs, ces bateaux doivent demander une autorisation à l’avance pour entrer dans les ports et fournir certaines informations aux autorités locales, notamment en ce qui concerne le poisson dont ils disposent à bord. Ils doivent également permettre, entre autres, d’inspecter leur livre de bord, leurs permis, leur équipement de pêche et leur cargaison. L’accord appelle notamment les pays à refuser l’entrée des navires qui ont été impliqués dans des activités de pêche illégale, ou à les inspecter et à prendre les mesures nécessaires. L’accord prévoit également l’obligation pour toutes les parties de partager leurs informations à l’échelle régionale et mondiale concernant les navires impliqués dans des activités de pêche illégale.
Des applications pour lutter contre la pêche illégale
A l’occasion du sommet Our Ocean Conference 2016, en septembre 2016, l’acteur américain Leonardo Dicaprio, en partenariat avec des ONG et Google, ont lancé le Global Fishing Watch (« observatoire mondial de la pêche »), une application dont l’objectif est de protéger les océans contre les braconniers des mers.
Cette application permet de suivre 35 000 bateaux de pêche et puise ses données auprès du Système d’identification automatique (AIS), par lequel les navires communiquent entre eux leur position, leur direction et leur vitesse.
Près de 22 millions de données sont intégrées au système chaque jour, mais Global Fishing Watch les filtre afin de n’en extraire que celles qui concernent des bateaux de pêche. Ainsi, il est désormais possible pour n’importe quelle personne prête à renseigner son adresse email de surveiller les bateaux via le site et de repérer par exemple ceux qui seraient en train de pêcher dans des zones protégées. Les pirates n’ont qu’à bien se tenir !