Carrefour, Leclerc, Auchan, Casino, Intermarché, Monoprix, Système U… Depuis plusieurs années, les enseignes de la grande distribution semblent avoir pris conscience du problème posé par l’utilisation des pesticides. Elles multiplient en effet les annonces à ce sujet. Le travail de plaidoyer des associations travaillant sur cette problématique, comme Générations Futures, n’y est pas étranger, tout comme l’évolution des pratiques d’achats des consommateurs et des consommatrices. L’essor du bio, l’immense popularité de l’application Yuka ou le succès du mouvement “Nous voulons des coquelicots” sont autant de marqueurs qui indiquent une réelle évolution du regard porté par les Français et les Françaises sur leur consommation.
Un fossé entre aspirations citoyennes et décisions politiques
Malgré ces aspirations à une consommation plus saine et respectueuse de l’environnement, le contexte politique sur le sujet des pesticides est morose. En effet, la promesse faite en 2017 d’une interdiction du glyphosate dans les trois ans n’a pas été tenue et les néonicotinoïdes ont fait leur grand retour dans la filière betteraves. Il existe ainsi un fossé entre les aspirations citoyennes et les décisions politiques vis-à-vis des pesticides. Tout comme les responsables politiques, la grande distribution ne parvient toujours pas à répondre aux attentes malgré la considération qu’elle semble porter au sujet des pesticides.
Des efforts inégaux et globalement insuffisants
Cette prise de conscience du problème par les enseignes a abouti à la mise en place d’engagements, d’états des lieux, de plans ou de démarches de progrès. Malheureusement, le compte n’y est pas, comme vous pouvez le lire dans notre dossier complet ici. Certaines enseignes, comme Carrefour, mettent des moyens conséquents pour accompagner leurs producteurs et productrices dans la transition écologique afin d’atteindre des résultats à terme. Mais d’autres enseignes, comme Leclerc, restent dangereusement attentistes et ne parviennent pas à réduire l’utilisation des pesticides dans leurs productions.
Un manque de soutien criant aux producteurs et productrices
Ces résultats, loin d’être satisfaisants, s’expliquent par plusieurs facteurs généraux qui s’ajoutent au manque de volonté de certains distributeurs. Comme l’a montré notre enquête de terrain en 2018, les enseignes ne revalorisent pas forcément financièrement les efforts entrepris par les producteurs et les productrices. Pour ces derniers, la réduction des pesticides constitue une véritable prise de risque et un investissement monétaire comme temporel. Pour opérer une transition efficace qui leur soit favorable, la grande distribution doit rémunérer autrement et systématiquement les efforts entrepris par les producteurs et productrices. Sans cet accompagnement, la transition continuera de reposer sur les épaules des agriculteurs et agricultrices et contribuera à les fragiliser.
De plus, tous les distributeurs continuent d’importer une partie de leurs fruits et légumes dont certains sont pourtant produits en France au même moment, en conventionnel comme en bio. Ces importations tirent les prix vers le bas et accentuent la pression sur les producteurs et productrices français·es. Cette mise en concurrence est un non-sens environnemental et ne favorise en aucun cas l’émergence de bonnes pratiques sur notre territoire. Elle doit donc prendre fin.
La grande distribution doit en faire plus, l’État aussi
En matière de réduction de l’utilisation des pesticides, de grands progrès restent donc à réaliser. La grande distribution doit approfondir ses engagements et y dédier des moyens réellement suffisants pour les respecter. Elle doit soutenir plus activement ses fournisseurs tout en assurant un haut niveau de transparence vis-à-vis des consommateurs et consommatrices. De plus, il appartient à l’État d’accompagner ces mesures en mettant en œuvre l’ensemble des demandes que nous listons ici.
En tant que consommateur ou consommatrice, vous pouvez agir à votre échelle pour soutenir une agriculture vertueuse : on vous dit tout ici.