Pesticides néonicotinoïdes : les pollinisateurs ne sont pas les seuls à être menacés

 

En 2013, des études scientifiques ont poussé l’Union européenne à interdire partiellement quatre pesticides parmi les plus nocifs pour les abeilles (la clothianidine, l’imidaclopride, le thiaméthoxame, qui sont des néonicotinoïdes, et le fipronil). Cette interdiction portait notamment sur les applications et les cultures qui attirent particulièrement les abeilles et les usages au cours desquels elles sont les plus exposées.

Un danger plus grave qu’on ne l’imaginait

Depuis 2013, date d’entrée en vigueur de l’interdiction partielle, de nouvelles recherches ont été menées sur les néonicotinoïdes et leurs impacts. Greenpeace a demandé à l’université du Sussex, une institution scientifique reconnue pour son travail sur les pollinisateurs, d’établir une synthèse de ces recherches. Deux scientifiques indépendants ont ainsi analysé des centaines d’études et les ont compilées en un seul et même rapport. Ce rapport dresse un tableau de la situation bien inquiétant : les néonicotinoïdes représentent un grave danger non seulement pour les abeilles mellifères, mais aussi pour de nombreuses autres espèces animales, notamment de bourdons, de papillons, d’oiseaux et d’insectes aquatiques.

L’agriculture industrielle : une menace pour la biodiversité et l’environnement

Certaines espèces de bourdons sont déjà en déclin, voire en train de disparaître. Des traces de néonicotinoïdes ont été retrouvées dans des plantes sauvages, butinées par les bourdons, se trouvant à proximité de cultures traitées, ainsi que dans des points d’eau (fossés, flaques, étangs, ruisseaux de montagne, rivières, zones humides temporaires ou fonte des neiges), les nappes phréatiques et les rejets des stations de traitement des eaux. Les données disponibles pour d’autres espèces sont tout aussi préoccupantes. De nombreuses espèces de papillons, de coléoptères et d’oiseaux insectivores, tels que les moineaux et les perdrix, entrent en contact avec les pesticides, directement ou par le biais de la chaîne alimentaire. Les insectes aquatiques peuvent aussi être exposés aux néonicotinoïdes par le biais de la lixiviation des sols agricoles, des poussières générées par le semis et les pulvérisateurs, et des systèmes d’irrigation des serres. Ces substances toxiques s’immiscent partout dans notre environnement, et pas seulement dans les champs.

Brisons le cercle de la dépendance aux pesticides !

Le déclin des pollinisateurs n’est qu’un symptôme de l’échec de l’agriculture industrielle, qui aggrave la perte de biodiversité, détruit les zones de butinage et se dope aux produits chimiques toxiques. Les pollinisateurs sont régulièrement exposés aux insecticides, aux herbicides et aux fongicides. Le parlement français a interdit totalement les néonicotinoïdes à partir de 2018, avec des dérogations possibles jusqu’en 2020. Si nous voulons vraiment les protéger, il est temps d’agir au niveau européen : la Commission européenne doit interdire totalement les pesticides tueurs d’abeilles, en commençant par les trois néonicotinoïdes (l’imidaclopride, le clothianidine et le thiaméthoxame) pour lesquels on dispose du plus d’éléments scientifiques. Pour briser le cercle de notre dépendance aux pesticides chimiques de synthèse, nous devons nous tourner vers des alternatives écologiques.

L’agriculture écologique protège les pollinisateurs

L’agriculture écologique préserve la biodiversité car elle n’utilise pas de pesticides chimiques ou d’engrais de synthèse. Elle renforce la résilience globale de nos écosystèmes. De nombreux agriculteurs européens, hommes et femmes, sont prêts à changer leurs pratiques agricoles, mais ils sont pris au piège du système industriel.

Les responsables politiques doivent aider ces agriculteurs à adopter des méthodes agricoles écologiques. Ils doivent également mettre fin aux subventions qui financent des projets nocifs pour l’environnement, et réorienter les dépenses publiques en faveur de la recherche et de projets de développement qui portent notamment sur l’agriculture écologique. La route est longue, mais c’est le seul chemin à prendre pour protéger les oiseaux, les papillons, les abeilles et bien d’autres pollinisateurs.