Petit Navire ne peut plus se cacher derrière le label MSC

 

Blocage de l’usine Petit Navire à Douarnenez, juin 2016 (crédits : Pierre Baelen / Greenpeace)

Qu’est-ce que le label MSC et comment ça marche ?

Créé en 1997 par le WWF et Unilever, le MSC (Marine Stewardship Council) est une organisation visant à préserver la durabilité des stocks de poissons et des écosystèmes marins en promouvant des pratiques de pêche durable. En théorie, le MSC est censé certifier des pêcheries dont les stocks de poissons sont considérés par les scientifiques comme étant en bonne santé, et sur lesquels il existe des limites de capture (comme c’est le cas pour le thon listao des Maldives pêché à la canne depuis mai 2016). Les marques de produits de la mer qui travaillent avec ces pêcheries peuvent ensuite utiliser le logo du label MSC sur leurs produits.

Le WWF s’est retiré de cette organisation mais fait toujours partie des organes de gouvernance. Par ailleurs, il accompagne les pêcheries vers la certification au travers des Fish Improvement Plans (FIP) qui, sur le papier, doivent leur permettre d’atteindre les standards de certification en cinq ans. Sauf que les FIP ne suffisent pas nécessairement à redresser l’état du stock. Avant toute chose, il faut que des limites de capture soient imposées, notamment en ce qui concerne le thon tropical de l’océan Indien, comme cela est souligné dans le rapport.

Un rapport accablant pour le label MSC

Concrètement, le rapport du WWF anéantit la crédibilité du label MSC.

Afin d’obtenir toujours plus de parts de marché, le MSC revoit régulièrement ses standards à la baisse, malgré les recommandations émises par le WWF. Les règles établies pour prévenir la surpêche de certaines espèces sont affaiblies afin qu’un nombre toujours plus grand de pêcheries soient certifiées et que le logo du MSC se retrouve sur un maximum de produits. En effet, les marques certifiées “MSC pêche durable” reversent au label 0,5% du résultat des ventes des produits certifiés. Cela représente trois quarts des revenus du MSC, soit près de 17 millions d’euros !

Depuis que nous avons lancé notre campagne sur le thon en boîte, nous nous inquiétons de l’état du stock de thons albacores de l’océan Indien et de la certification en cours sur cette pêcherie. Pour nous, comme pour de nombreux scientifiques, il est absolument impensable que le thon albacore de l’océan Indien soit certifié avant plusieurs années. Le stock est victime de surpêche, peine à se reproduire et il n’existe aucune limite de capture. Le rapport du WWF remet particulièrement en cause cette démarche de certification.

Petit Navire doit passer à l’action, et vite !

Et Petit Navire dans tout ça ? Et bien Petit Navire ne doit pas en mener large. Car malgré nos demandes répétées, le leader français du thon en boîte n’a de cesse de mettre en avant la démarche de certification MSC en cours comme LE pilier de sa politique d’approvisionnement. Sauf qu’aujourd’hui, encore plus qu’hier, cet argument ne peut plus tenir. Les experts du WWF eux-mêmes, l’ONG qui détient la paternité du label, affirment qu’on ne peut plus s’y fier, et encore moins pour ce qui est du thon tropical.

Le label est trompeur pour le consommateur. Censé garantir la durabilité des pêcheries qu’il certifie et servir de référentiel pour les consommateurs qui seraient soucieux de l’impact environnemental de leur alimentation, le label MSC est en réalité très loin de ce que l’on attend de lui. Petit Navire est-il prêt à mentir à ses clients ? Ou souhaite-t-il s’engager sincèrement pour la préservation des océans ?

 

 

Petit Navire, la balle est dans ton camp.