La crise du coronavirus a agi comme un révélateur des nombreuses failles de notre système agricole et alimentaire. Elle a notamment mis en lumière la dangereuse dépendance de notre agriculture aux marchés internationaux. Emmanuel Macron l’a lui-même reconnu puisqu’il déclarait le 12 mars 2020 : « Ce que révèle cette pandémie, c’est qu’il est des biens et des services qui doivent être placés en dehors des lois du marché. Déléguer notre alimentation […] à d’autres est une folie ».
S’il existe un domaine dans lequel notre agriculture et notre alimentation sont particulièrement dépendantes des importations, c’est celui des protéines végétales pour l’alimentation animale. Avec près de 33 millions de tonnes de soja importées chaque année, l’Union européenne (UE) est le deuxième importateur mondial de soja, derrière la Chine. Cette dépendance est imputable à l’élevage industriel puisque 87 % du soja utilisé dans l’UE est destiné à l’alimentation animale. La France n’est pas en reste : nous importons chaque année entre 3,5 et 4,2 millions de tonnes de soja.
Ces importations de soja ont des conséquences dramatiques pour la biodiversité et le climat. Au cours des 20 dernières années, la production mondiale de soja a plus que doublé, tirée par la demande mondiale d’aliments destinés aux élevages industriels qui produisent une grande partie de la viande, des oeufs et des produits laitiers que nous consommons. Ce « boom du soja » n’est pas sans conséquences sur certains écosystèmes qui abritent une biodiversité particulièrement riche, comme l’Amazonie, le Cerrado ou le Gran Chaco, en Amérique du Sud. Il contribue également à aggraver le dérèglement du climat, ainsi que de multiples crises à l’échelle mondiale. Mais les effets sociaux et environnementaux négatifs de la production de soja ne s’arrêtent pas là : au Brésil et en Argentine, plus de 95 % du soja cultivé est génétiquement modifié, ce qui entraîne une utilisation intensive d’herbicides et d’autres produits chimiques dangereux.
Dans ce contexte, le développement de l’autonomie protéinique de la France est une nécessité. Les conclusions de Greenpeace détaillées dans cette note, sont claires : l’autonomie protéique totale de notre agriculture devra passer par une transformation radicale de notre système d’élevage et par une réduction de la production et de la consommation de viande.
© Photo : Emile Loreaux
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