Pourquoi Greenpeace se mêle-t-elle des élections législatives 2024 ?
Avec la dissolution de l’Assemblée nationale le 9 juin 2024, Emmanuel Macron a pris une décision irresponsable qui place le Rassemblement National (RN) aux portes du pouvoir. Greenpeace ne peut pas accepter ce risque sans rien faire car il brise tout espoir de renforcer rapidement nos acquis sociaux et de mieux protéger notre environnement. Si nous ne réagissons pas collectivement et massivement, un avenir de division et de régression nous attend dans les mois à venir.
À l’occasion de chaque élection française, Greenpeace rappelle systématiquement ses valeurs de solidarité, d’inclusion, de tolérance et de justice sociale qui sont fondamentalement incompatibles avec la vision des partis d’extrême droite. La prise de position de notre organisation dans le cadre de ces législatives n’a donc rien d’une exception.
Je croyais que Greenpeace était apolitique…
Pourquoi dites-vous que le programme du RN n’est pas bon sur l’environnement ?
Pourquoi dites-vous que Jordan Bardella est d’extrême droite ?
En quoi le programme du Nouveau Front populaire est-il favorable à l’environnement ?
Est-ce que Greenpeace soutient le Nouveau Front populaire ?
Est-ce que certains partis membres du Nouveau Front populaire sont d’extrême gauche ?
Est-ce que vous tolérez l’antisémitisme ?
Est-ce que vous avez peur de perdre vos subventions ?
Je croyais que Greenpeace était apolitique…
Si l’on veut préserver une planète vivable, il faut des décisions politiques fortes et structurantes pour modifier nos modes de production et de consommation. C’est pourquoi l’action de Greenpeace vise à influencer la politique, en tant qu’organisation de la société civile dont la mission est la protection de l’environnement et de la biodiversité sous toutes ses formes. Pour autant, Greenpeace reste hors des cercles du pouvoir politique pour agir comme un contre-pouvoir indépendant, libre de donner son avis sur les propositions d’un parti ou d’un·e candidat·e. Greenpeace ne soutient aucun parti en particulier et ne donne pas de consigne de vote. En revanche, nous décryptons les volets écologiques des programmes des différentes forces politiques en présence pour éclairer les électeurs et électrices sur les conséquences des propositions faites par les partis sur les enjeux environnementaux et climatiques.
Pourquoi dites-vous que le programme du RN n’est pas bon sur l’environnement ?
Le RN a des positions particulièrement régressives sur les questions environnementales et lourdes de menaces pour les libertés fondamentales. Ainsi, il s’oppose au développement nécessaire des énergies renouvelables (les éoliennes notamment) et soutient fortement le nucléaire ; il dénonce les mesures en faveur d’une réduction de la consommation de la viande (alors que c’est essentiel pour mieux protéger le climat) ; il est l’ardent défenseur de mirages technologiques comme le captage de CO2 qui permettent surtout de repousser à plus tard les changements nécessaires (alors qu’on n’a plus le temps); il soutient les mesures visant à détricoter les normes environnementales et sanitaires destinées à nous protéger et à protéger la biodiversité. Enfin, autre exemple parmi tant d’autres : le RN s’est félicité de la prolongation pour 10 ans de l’autorisation du glyphosate, un pesticide massivement utilisé et dont la nocivité a été prouvée.
Pourquoi dites-vous que Jordan Bardella est d’extrême droite ?
Parce que c’est une réalité. Ses efforts pour lisser le discours du RN ne doivent pas masquer le fait qu’il est le président d’un parti politique qui s’inscrit dans une tradition politique d’extrême droite vieille de plus d’un demi-siècle. Son projet politique n’est pas de défendre les intérêts du peuple ni ceux des personnes en situation de précarité, encore moins de répondre à l’urgence environnementale. Par exemple, les députés du RN ont voté contre l’augmentation du SMIC, contre le gel des loyers ou encore contre le rétablissement de l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF). Ce parti cherche, au contraire, à favoriser les intérêts des puissants, restreindre l’espace démocratique et institutionnaliser les discriminations.
En quoi le programme du Nouveau Front populaire est-il favorable à l’environnement ?
Les différents partis de gauche unis au sein du Nouveau Front populaire sont ceux qui portent des mesures les plus progressistes sur les questions écologiques et sociales, comme plusieurs classements associatifs l’ont montré lors des précédentes élections. Unis au sein de l’alliance Front populaire, ces partis constituent la seule chance d’empêcher l’extrême droite d’arriver au pouvoir, le seul chemin à même d’arriver à un équilibre politique qui ne marquera pas des reculs sur l’ensemble de nos victoires passées sur les plans social et environnemental, qui permettra de préserver notre démocratie, nos acquis sociaux et la poursuite de nos combats pour une société plus juste et plus respectueuse de l’environnement.
Est-ce que Greenpeace soutient le Nouveau Front populaire ?
L’arrivée du RN au pouvoir représente un péril grave pour notre démocratie, pour l’écologie et pour nos droits. Face à ce risque, nous saluons la décision de différents partis de gauche de s’unir au sein du Nouveau Front populaire et nous soutenons cette initiative. C’est un espoir pour contrer la montée de l’extrême droite. Néanmoins, le rôle de Greenpeace n’est pas de dire pour qui voter. C’est un choix individuel.
Si le Front populaire accédait au pouvoir, nous resterions attentifs pour que les mesures promises soient bel et bien mises en œuvre. Ce n’est en rien un chèque en blanc. Le rôle de Greenpeace est d’être un contre-pouvoir critique.
Est-ce que certains partis membres du Nouveau Front populaire sont d’extrême gauche ?
Les principaux partis composant le Nouveau Front populaire – La France insoumise, le Parti Socialiste, Les Écologistes et le Parti Communiste Français – ne peuvent pas être qualifiés d’extrême gauche selon le Conseil d’État. En effet, c’est ce qu’a tranché cette plus haute juridiction administrative française en mars 2024. Quels sont donc les partis d’extrême gauche en France ? Il s’agit du Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA) et de Lutte Ouvrière (LO) aux yeux du juge administratif. Le NPA fait partie du Nouveau Front populaire et est donc le seul parti de ce mouvement à pouvoir être qualifié d’extrême gauche. Dans cette même décision, le Conseil d’État a classé le Rassemblement National à l’extrême droite de l’échiquier politique.
Cette définition est celle qui détermine la classification officielle des forces politiques pour le ministère de l’Intérieur chargé de l’organisation des élections en France. Certains adversaires du Nouveau Front populaire considèrent ce mouvement, et certains partis qui en sont membres, en qualifiant explicitement La France insoumise, de parti d’extrême gauche. Cela fait partie du jeu politique et de la liberté d’expression, mais ne correspond pas à la définition reconnue par le Conseil d’État.
Est-ce que vous tolérez l’antisémitisme ?
Greenpeace est fermement opposée à toutes formes d’antisémitisme et de racisme car elles représentent la négation même des valeurs de notre organisation. Plus largement, la lutte contre toutes les formes de discriminations est primordiale.
Notre organisation exige que l’ensemble des forces politiques françaises intègrent, dans leur programme électoral comme dans leurs actes, le rejet de l’antisémitisme. Elles ne doivent jamais propager des idées à caractère antisémite qui pourraient engendrer des actes de violences réels. Nous attendons également d’elles qu’elles expriment haut et fort leur rejet de toute discrimination raciale.
Est-ce que vous avez peur de perdre vos subventions ?
Greenpeace France ne reçoit aucune subvention ni d’autre forme de financement provenant de l’État ou d’entreprises. Nous dépendons intégralement de la générosité des particuliers. Mais ce n’est pas le cas de nombreuses associations qui jouent un rôle très important dans de nombreux domaines (pauvreté, droits humains, santé, environnement, etc.) et qui pourraient être menacées. En effet, le RN s’est déjà opposé, dans certaines municipalités, aux versement de subventions publiques pour des associations qui ne soutenaient pas sa ligne politique.
Autre menace très sérieuse : la suppression de la déduction fiscale à laquelle ont droit les particuliers lorsqu’ils font un don à une association reconnue d’intérêt général. C’est le cas de Greenpeace France : quand vous nous faites un don, vous pouvez le déduire de vos impôts à hauteur de 66 %. Or les député·es RN ont demandé à supprimer cet avantage fiscal pour certaines associations comme Greenpeace pour qui la désobéissance civile fait partie des modes d’actions. Si cet avantage fiscal était supprimé, cela mettrait gravement en péril les ressources financières de notre association.
Retrouvez toutes nos analyses et décryptages sur ces élections : Législatives 2024