Greenpeace tient à attirer l’attention sur un courrier adressé par l’Autorité de sûreté nucléaire française (ASN) au directeur de l’aménagement du site EDF de Flamanville (Manche) et qui fait état de malfaçons sur le chantier du réacteur EPR. Alors que les travaux commencent à peine, l’ASN pointe déjà du doigt de nombreuses malfaçons dans la réalisation des premiers bétons. Greenpeace tire la sonnette d’alarme sur ce qui ressemble à s’y méprendre à ce qui se passe en Finlande, où le chantier de construction du premier EPR tourne à la catastrophe.
Dans une lettre datée du 12 mars, qui fait suite à une inspection du chantier de l’EPR à Flamanville réalisée le 5 mars, l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) dresse une longue liste de malfaçons et met en demeure le directeur de l’aménagement du site EDF de prendre des mesures correctives sous un délai d’un mois.
Problèmes de béton et surcoût : un air de déjà vu…
Non conformité des ferraillages, incohérence entre les plans d’armatures et les plans de méthode, défauts de surveillance de positionnement de platine, modification de la cinétique de bétonnage, etc. : la liste des problèmes est longue, pour un chantier qui démarre tout juste et où les premiers bétons viennent tout juste d’être coulés. Rappelons qu’il s’agit de béton dit « de qualité nucléaire », qui constitue le fondement du réacteur et doit assurer directement la sûreté du réacteur et du stockage des combustibles irradiés.
Par ailleurs, lors d’une conférence, le 20 février dernier, Pierre Gadonneix, le PDG d’EDF, reconnaissait publiquement, que l’EPR de Flamanville allait coûter plus cher que prévu, sans toutefois indiquer le surcoût.
« Problèmes de malfaçons sur le chantier et dépassement budgétaire : le chantier de Flamanville a à peine commencé qu’il prend déjà la même tournure que celui de l’EPR finlandais », déclare Yannick Rousselet, chargé de la campagne Énergie de Greenpeace France.
En Finlande, où la construction du premier EPR a commencé mi-2005. Depuis le départ, il tourne au désastre. Le contrat prévoyait une connexion du réacteur EPR au réseau finlandais pour le premier semestre 2009. En réalité, ce ne sera fait au plus tôt qu’en mai ou juin 2011. Le dépassement budgétaire est désormais évalué à 1,3 milliard d’euros. En clair, au lieu des 3,3 milliards d’euros convenus au départ, l’EPR finlandais devrait coûter au moins 4,5 milliards d’euros. Sans parler du bon millier de violations des règles de qualité et de sûreté relevées par l’Autorité de sûreté finlandaise !
« La France doit tirer les leçons du désastre de l’EPR finlandais et des premiers déboires du chantier de Flamanville pour stopper ce projet inutile et si coûteux, reprend Yannick Rousselet. L’EPR de Flamanville est censé fournir une vitrine pour qu’EDF, Areva et Nicolas Sarkozy, le VRP de l’industrie nucléaire, vendent un maximum d’EPR à l’étranger. Que les pays auxquels ils font les yeux doux regardent de près ce qui se passe en France, car ils peuvent encore changer d’avis et opter pour des choix porteurs d’avenir, comme la mise en place d’une vraie politique d’efficacité énergétique et le développement des renouvelables, seules sources d’énergie propres, sûres et porteuses de paix. »