Election
Nous avons analysé les programmes des douze candidat-es à la Présidentielle 2022.
Valérie Pécresse
« Une écologie
de (fausses) solutions »
Valérie Pécresse affirme défendre une « écologie de l’espoir ». Soit. Mais ces formules vagues cachent surtout un programme extrêmement creux sur les questions environnementales et climatiques. La candidate du parti les Républicains se contente de parier sur des avancées technologiques qu’elle égrène sans apporter de réponse concrète aux causes de la crise climatique et environnementale : rien sur la remise en cause du système productiviste à l’origine de cette crise ; rien sur le partage de l’effort entre les ménages les plus aisés et les plus précaires ; rien sur la régulation des entreprises polluantes et rien de suffisant sur la transformation des secteurs fortement émetteurs de gaz à effets de serre comme l’agriculture, les transports et les logements.
Elle rate aussi le coche de la transition énergétique vers une énergie 100% renouvelable et ne va pas assez loin sur la lutte contre le gaspillage énergétique…
Quant à la biodiversité, on peut noter l’absence de propositions sérieuses sur cet enjeu majeur.
Comme Marine Le Pen, Valérie Pécresse déploie beaucoup d’énergie à dénoncer « l’écologie punitive ». Mais comme la candidate d’extrême-droite, la prétendante LR ne fait pas de proposition forte pour accompagner les ménages les plus fragiles et les travailleur·ses dans la transition écologique. Sa proposition de baisser la TVA sur les taxes sur l’électricité ne répond ni aux besoins des plus précaires ni à l’objectif de baisse de la consommation. Elle ne prévoit rien non plus pour mettre à contribution en priorité les ménages les plus fortunés et les grandes entreprises qui polluent pourtant le plus. Par exemple, Valérie Pécresse ne s’est pas saisie de notre proposition en faveur d’un ISF climatique.
Privilégiant « l’incitation », sans rien imposer, Valérie Pécresse est surtout la candidate des fausses solutions écologiques. Elle s’inscrit très clairement dans une logique productiviste qui épuise les ressources de notre planète. C’est particulièrement vrai sur le plan agricole : défense d’un modèle de production techno-industriel très polluant et néfaste pour le climat ; défense des nouveaux OGM ; absence de mesures sur la nécessité de produire et consommer moins de produits d’origine animale ou sur l’accélération de la sortie des pesticides… Son souhait de « réduire drastiquement les normes » dans de nombreux domaines ayant un impact environnemental, notamment sur les grands projets ou l’extension de sites industriels, est également particulièrement inquiétant.
Côté énergie, Valérie Pécresse défend la construction de nouveaux réacteurs nucléaires EPR, faisant fi des échecs précédents, des incertitudes sur la technologie, des coûts, des risques, des difficultés de gestion des déchets radioactifs et des délais, bien trop longs pour répondre à l’urgence climatique. Elle ne se fixe pas l’objectif d’une énergie 100% renouvelable et adopte une position très réservée sur un développement ambitieux de l’éolien, pourtant indispensable (avec une proposition pouvant être interprétée comme une sorte de moratoire local). En matière d’économies d’énergie, ses propositions sur la rénovation thermique des logements restent largement insuffisantes.
De plus, elle passe sous silence beaucoup d’autres enjeux clés. Rien, par exemple, sur la réduction du parc automobile et sur la régulation du transport aérien : Valérie Pécresse mise tout sur les solutions technologiques telles que les voitures électriques, les « biocarburants » pour les avions,… Rien non plus sur la déforestation importée ou la protection des océans. Et enfin rien sur la réhausse des objectifs climatiques de la France ou la dépollution des flux financiers.
On trouve quelques propositions sectorielles qui vont plutôt dans le bon sens, par exemple sur le développement du train et des transports en commun, l’atteinte d’un objectif de cantines 100% bio et locales, des premières mesures de lutte contre la précarité alimentaire, etc. Mais cela reste globalement insuffisant et ne suffit clairement pas au regard des manques profonds sur la transformation transversale du système économique et financier et des secteurs polluants.
Et même les mesures « environnement » proposées par la candidate donnent l’impression de cache-misères. Son soutien à l’instauration d’une taxe carbone aux frontières de l’Union européenne en est une bonne illustration : inscrite dans son programme au chapitre « libéraliser l’économie », cette mesure sonne surtout chez Valérie Pécresse comme un prétexte pour ne pas faire d’efforts supplémentaires sur la baisse de nos émissions de CO2 et la transformation de nos moyens de productions au sein de l’UE.
Nous avons voulu regarder comment la « famille » politique de Valérie Pécresse s’est comportée pendant le dernier quinquennat à l’Assemblée nationale, sur quelques votes clés du quinquennat sur l’écologie et pour lesquels les scrutins ont été publics. Pourquoi ? Parce que, dans les faits, c’est avec cette famille politique que la candidate devrait composer pour gouverner si elle était élue.
Deux points positifs : le groupe parlementaire « Les Républicains – LR » à l’Assemblée nationale a voté quasi unanimement contre l’adoption du CETA, accord de libre-échange entre l’Union européenne et le Canada néfaste pour l’environnement et le climat. De plus, les député·es LR présentes dans l’Hémicycle pour les différents votes afférents ont quasi systématiquement voté pour l’exclusion de l’huile de palme et de l’huile soja de la liste des « agrocarburants » bénéficiant d’avantages fiscaux (dont les effets dramatiques sur le climat et l’environnement ont été largement démontrés).
Mais, sur les quelques votes que nous avons pu analyser, tout ne va pas : la famille politique de Valérie Pécresse a aussi voté majoritairement pour la ré-autorisation des néonicotinoïdes, des pesticides tueurs d’abeilles. Et concernant les conditionnalités écologiques aux aides publiques apportées aux grandes entreprises pendant la crise Covid, les député·es LR présents dans l’Hémicycle pour les différents votes afférents se sont systématiquement exprimés contre.
Pour plus de détails, voir nos données compilées pour les familles politiques des différent·es candidat·es, publiées en accès libre.
Voir et revoir notre vidéo dystopique « Présidentielle 2042 » dans laquelle Valérie Pécresse apparaît. Pour ne pas avoir de regrets en 2042, la candidate LR va devoir retravailler en profondeur ses positions…
Une analyse du programme de Valérie Pécresse sur le climat, détaillée secteur par secteur, a également été réalisée par le Réseau Action Climat.
Aperçu de tous les candidats et candidates
Pour en savoir plus sur les critères que nous avons retenus, voir notre méthodologie.
Pour compléter et approfondir les programmes sur l’écologie des candidats et candidates à l’élection présidentielle 2022, voir également les analyses du Réseau Action Climat, dont Greenpeace France est membre, ainsi que la comparaison des propositions des candidat·es réalisée par l’Affaire du Siècle, avec Data For Good et le collectif Eclaircies pour sortir la France de l’illégalité climatique.
Les analyses ci-dessous se concentrent sur les programmes des candidats et candidates et ne traitent donc pas directement des conséquences du conflit en cours en Ukraine. Les enjeux de transition écologique et énergétique et de justice sociale prennent cependant une dimension supplémentaire dans ce contexte. Pour en savoir plus, voir notre article consacré aux questions environnementales liées à la guerre en Ukraine et à leur traitement par les responsables politiques.