Dénoncer l’incohérence
En autorisant de nouveaux forages pétroliers en Arctique pour pas moins de 13 compagnies pétrolières, le gouvernement norvégien bafoue le “droit à un environnement sain et sûr”, garanti par la Constitution norvégienne.
Le gouvernement norvégien, comme tous les autres gouvernements du monde, doit protéger le droit des personnes à un environnement sain. Ce sont les jeunes d’aujourd’hui et leurs enfants qui subiront les pires conséquences des changements climatiques, que l’exploitation des combustibles fossiles ne fait qu’exacerber.Ingrid Skjoldvær, directrice de l’association de jeunesse Nature and Youth
Avec ces autorisations, le gouvernement norvégien foule aussi au pied l’Accord de Paris, qu’il a pourtant ratifié, et qui prévoit de limiter la hausse de la température du globe à 1,5 – 2°C.
Il met également en danger la santé et la vie de milliers de citoyens dans le monde entier, victimes des effets du dérèglement climatique. Deux représentants des îles Fidji, menacées de disparition par la montée des eaux liée aux changements climatiques, participeront au procès à Oslo.
Nous sommes ici en Norvège car notre pays est directement affecté par le dérèglement climatique. Si on continue à exploiter le gaz et le pétrole, on ne parviendra pas à maintenir le réchauffement aussi proche que possible de 1,5 °C. Les gouvernements ne peuvent pas agir en contradiction avec l’Accord de paris, ni tricher avec le climat.Alisi Nacewa, militante fidjienne et représentante des îles du Pacifique
Créer un précédent
L’argument selon lequel le gouvernement norvégien viole le “droit à un environnement sain et sûr”, garanti par la Constitution norvégienne, sera présenté pour la première fois devant un tribunal.
Dans le monde, environ 90 pays possèdent une disposition constitutionnelle similaire…
Si la justice nous donne raison en Norvège, ce procès pourrait avoir un effet “boule de neige” en incitant d’autres citoyen-ne-s à demander des comptes à leur gouvernement, et en donnant une interprétation du droit sur laquelle pourront s’appuyer d’autres pays.
Pendant ce temps-là, à Bonn…
La COP23 suit son cours. La première semaine des négociations s’est déroulée dans une atmosphère plutôt constructive, notamment sur la définition des règles de fonctionnement de l’Accord de Paris, sur la mise en place d’un mécanisme permettant d’interroger régulièrement l’action et l’ambition des États, et sur l’organisation du premier moment de bilan collectif prévu en 2018.
Mais les progrès enregistrés sur le papier restent bien timides face à l’urgence climatique. L’arrivée des ministres et d’une vingtaine de chefs d’États et de gouvernement ce mercredi doit permettre d’acter un engagement politique clair à faire plus et plus rapidement.
Les discussions se sont tendues pendant la première semaine sur le sujet de l’action climatique à engager dès avant 2020. Ce sujet a été porté légitimement par les pays en développement, face à des pays industrialisés qui rechignent à lui accorder la place qu’il mérite.
Le Président français sera l’un des premiers à parler à la tribune mercredi, après Angela Merkel. Après le recul grave et absurde du gouvernement la semaine dernière sur la mise en œuvre de la loi de transition énergétique, Emmanuel Macron va avoir bien du mal à légitimer la posture de leader climatique international qu’il cherche à se donner. Les beaux discours ne suffiront pas, ni en France, ni à l’international. Il faut maintenant des preuves tangibles de cet engagement annoncé pour le climat – et pour l’instant, on les cherche encore.