Connaissez-vous les forêts du Grand Nord ?
Elles s’étendent de l’Alaska à la Russie, en passant par le Canada et la Scandinavie. Connues également sous le nom de taïga en Russie ou de forêt hudsonienne au Canada, elles sont appelées « forêts boréales » par les scientifiques, du nom du dieu grec du vent du nord, Borée.
Malheureusement, ces forêts sont en danger : elles perdent environ 2,5 millions d’hectares chaque année. Il faut les protéger. Nous vous expliquons ici pourquoi.
Un quart des arbres de la planète
S’étendant sur environ 16 millions de km2, les forêts du Grand Nord abritent plus d’un quart des écosystèmes forestiers qui persistent sur la planète : elles concentrent 750 milliards d’arbres, et environ 20 000 espèces végétales et animales. Rien que dans la partie canadienne, on dénombre pas moins d’un million de lacs. Mais on y trouve aussi le lac Supérieur en Amérique du Nord (le plus grand du monde par sa surface) et le lac Baïkal en Russie (le plus grand du monde par son volume).
Ces forêts sont principalement composées de conifères (pins et épicéas), des espèces adaptées pour survivre aux longs mois d’hiver : leurs épines contiennent très peu de sève, ce qui les empêche de geler lorsque les températures atteignent -35°C. Leur couleur foncée et leur forme de triangle les aident à absorber les rayons du soleil.
Des caractéristiques étonnantes
Le tigre de Sibérie, le plus grand des tigres, y a élu domicile. C’est aussi l’habitat du lièvre d’Amérique et du caribou de Peary. Ces deux espèces ont la particularité de muer l’hiver venu et de revêtir un pelage blanc. Quant à la salamandre de Sibérie, son corps produit une substance chimique qui agit comme un antigel et lui permet de survivre aux températures glaciales. La grenouille des bois, elle, a la particularité de survivre aux mois d’hiver en congelant son organisme.
Le plus grand animal de ces forêts est le bison des bois, une espèce menacée d’extinction. On y trouve aussi des élans (les plus grands des cervidés), des loups gris (les plus grands des canidés), ainsi que des ours bruns, dont des grizzlis. On estime aujourd’hui que la moitié des oiseaux qui vivent dans les forêts du Grand Nord, de même que la moitié des mammifères environ, sont des espèce menacées.
C’est aussi le lieu de vie de nombreuses populations autochtones, comme les Inuits au Canada ou les Samis en Scandinavie, qui entretiennent un lien vital et spirituel avec la forêt.
Préserver les forêts du Grand Nord pour protéger le climat
S’il est essentiel de préserver la biodiversité de cet écosystème, il s’agit avant tout de protéger les stocks de carbone que retiennent ses sols et ses tourbières – et de nous prémunir des changements climatiques. Les sols et les tourbières de ces forêts renferment en effet plus de carbone que l’ensemble des forêts tropicales – ce qui en fait le plus grand puits de carbone terrestre !
Or, qu’il s’agisse de l’expansion de l’industrie forestière dont nous consommons les produits en Europe, ou des effets du réchauffement climatique qui multiplient les feux à grande échelle, les forêts du Grand Nord sont aujourd’hui une véritable “bombe carbone” qu’il s’agit de contenir.
Respecter les objectifs d’Aichi
Signés en 2010, les objectifs stratégiques d’Aichi sur la sauvegarde de la biodiversité prévoient notamment de diviser par deux la dégradation des écosystèmes critiques, comme les forêts, avant 2020. Ils prévoient même de développer les puits de carbone pour améliorer la résilience de la planète face au réchauffement climatique – ce qui sous-entend d’élargir le périmètre des forêts. En outre, l’année dernière, l’ONU (dont font les gouvernements signataires des objectifs d’Aichi) s’est même prononcée pour mettre un terme à toute déforestation dès 2020, en cohérence avec l’article 5 de l’Accord de Paris.
Alors que s’ouvre cette semaine au Mexique la 13e conférence des parties à la Convention sur la biodiversité biologique (CBD), dans laquelle s’inscrivent les objectifs d’Aichi, Greenpeace demande aux gouvernements des pays abritant une partie des forêts du Grand Nord de respecter les objectifs qu’ils s’étaient eux-mêmes fixés en 2010.
Pour cela, il est temps qu’ils passent enfin aux actes et sanctuarisent ces écosystèmes critiques pour la planète et pour les populations locales, à commencer par les forêts primaires et les zones HCV. Car le temps presse.