Il y a un an, nous avons lancé une initiative citoyenne européenne (ICE). Cette démarche permet, si un million de signatures sont récoltées dans au moins sept pays de l’Union européenne (avec un seul minimal à atteindre par pays), d’obliger la Commission européenne à se pencher sérieusement sur la question de l’interdiction de la publicité et des partenariats de l’industrie fossile (entreprises pétrolières et gazières, constructeurs automobiles, compagnies aériennes et maritimes). En France nous avons atteint le seuil minimal de signatures, et même plus, car vous avez été 77 765 à signer alors que le minimum requis est de 56 000 ! Au niveau européen, nous ne sommes malheureusement pas parvenus à atteindre le million de signatures. Il n’en reste pas moins que l’année écoulée a été celle de nombreuses avancées.
Les publicités fossiles dans le viseur de plusieurs pays
Grâce à notre travail, l’interdiction des publicités fossiles est devenue un vrai sujet pour les responsables politiques européens. Dans certains pays, cela a aussi conduit à des actions en justice qui se sont soldées par des victoires.
En Finlande, l’autorité chargée de la concurrence a qualifié de greenwashing une campagne publicitaire du pétrolier finlandais Fortum, dont le slogan était « Pour un monde plus propre ».
En Autriche, l’équivalent de notre jury de déontologie publicitaire a condamné la communication de la compagnie aérienne Austrian Airline, en affirmant qu’elle trompait les consommateurs sur les vols neutres en CO2.
Suite à une plainte, une campagne publicitaire de la major pétrolière Shell et du constructeur automobiles Land Rover a été retirée au Pays-Bas. Elle a été jugée trompeuse en prétendant que les conducteurs pouvaient diminuer ou compenser leurs émissions carbone, notamment en faisant le plein dans les stations essence Shell. Ni Shell, ni Land Rover n’ont été en mesure de convaincre quant à la véracité de leurs propos…
Plusieurs villes ont interdit les publicités fossiles dans l’espace public. Aux Pays-Bas, début 2021, la ville d’Amsterdam a mis en place une interdiction de faire de la publicité dans le métro pour les produits basés sur les combustibles fossiles, comme les voyages en avion ou les voitures à moteur thermique.
S’inscrivant dans cette dynamique, la ville de Haarlem a interdit la publicité pour les voitures thermiques et les énergies fossiles (et la viande) à partir de 2024. La ville d’Utrecht a également interdit les publicités fossiles dans l’espace public.
La mobilisation citoyenne initiée en Europe a traversé les frontières du Vieux Continent, allant jusqu’au au Canada (où des médecins se sont saisis du sujet), en Australie (où la ville de Sydney envisage l’interdiction des publicités pour les produits fossiles, mais aussi pour ceux reposant sur les énergies fossiles), ou encore aux États-Unis. La dynamique semble inarrêtable.
Des entreprises et institutions se mettent en branle pour contrer l’influence des entreprises fossiles
C’est notamment le cas de Google et Youtube. Pour ces deux géants du web, le chemin à parcourir pour réellement être un acteur de la lutte climatique est encore long. Ceci étant, ils ont récemment rendu impossible la mise en ligne, sur leurs plateformes, de publicités et contenus sponsorisés niant la réalité du dérèglement climatique.
Du côté de l’enseignement supérieur, après deux ans de travail acharné avec des élèves et anciens élèves déterminé·es de l’école Polytechnique, nous sommes parvenus à faire en sorte que TotalEnergies renonce à implanter un immense centre de recherche au cœur du campus de l’école. Une victoire franche, d’autant plus génératrice d’espoir qu’elle s’inscrit dans un vaste mouvement d’étudiant·es des grandes écoles appelant à une prise de conscience écologique de la part de leurs pairs et de leurs professeurs.
Du côté de la communauté scientifique, pour la première fois, les scientifiques du GIEC ont pointé du doigt la responsabilité de la publicité fossile dans l’aggravation de la crise climatique. En plus de cela, 450 scientifiques ont publié une tribune dans laquelle ils interpellent les agences de publicité pour qu’elles renoncent à leurs clients de l’industrie fossile.
Des personnalités publiques haussent le ton
Antonio Guterres, le Secrétaire général des Nations unies, a souligné le rôle et la responsabilité des affaires publiques et de l’industrie de la publicité dans le retardement de l’action climatique.
L’actrice britannique Emma Thompson a publié une tribune dans le Guardian, soutenant la nécessité d’interdire les publicités fossiles et réitérant les effets délétères du greenwashing sur la planète.
Tôt ou tard, les publicités et parrainage des entreprises de biens et services fossiles finiront par être interdits, au même titre que la publicité pour le tabac. La machine est lancée et nous allons faire en sorte qu’elle soit inarrêtable. C’est juste une question de temps. Notre pouvoir en tant que citoyen·ne et organisation de la société civile est de faire en sorte que cela arrive le plus tôt possible.
C’est pourquoi notre détermination à faire face à l’influence de l’industrie des énergies fossiles reste intacte. Une procédure juridique est toujours en cours contre TotalEnergies, que nous avons assignée en justice en mars dernier pour publicité mensongère. Nous restons mobilisé·es contre le partenariat entre TotalEnergies et la Coupe du monde de rugby 2023 : il est inacceptable qu’un des vingt plus gros pollueurs de la planète puisse bénéficier d’une telle visibilité et profiter de la popularité de la Coupe du monde de rugby, alors qu’il refuse de mettre fin à ses activités en Russie.
A toutes les personnes qui ont participé de près ou de loin à cette mobilisation, nous souhaitons vous dire un immense MERCI. Restez dans le coin car ce n’est que le début !