Quel serait l’impact de l’accord entre l’UE et le Mercosur sur les forêts d’Amérique latine ?
Ce projet d’accord de libre-échange mettra notamment trois écosystèmes précieux et fragiles en danger : l’Amazonie, le Cerrado et le Gran Chaco. Ces trois écosystèmes sont détruits à un rythme alarmant par l’agro-industrie, en particulier pour l’extension de pâturages pour les bovins et la culture du soja principalement destiné à l’alimentation animale (volailles, porcs et bovins principalement). Cet accord de libre-échange augmenterait donc fortement la pression sur ces écosystèmes déjà fragilisés puisque l’un des objectifs principaux de l’accord est de baisser les tarifs douaniers sur les importations de bœufs (pour 99 000 tonnes). Cela aura pour conséquence in fine d’augmenter significativement les importations de bœuf en provenance des pays du Mercosur (63,7 % d’ici 2032 selon l’étude d’impact environnemental). Cette incitation à la production de bœuf ne sera pas sans conséquence sur la forêt amazonienne brésilienne puisque le bœuf y est la première cause de déforestation directe.
Le projet d’accord prévoit par ailleurs de diminuer les tarifs douaniers sur les importations de volailles en provenance des pays du Mercosur. Cela va totalement à rebours des mesures que l’Union européenne devrait prendre pour transformer radicalement notre modèle d’élevage en Europe et pour faire évoluer notre alimentation vers des régimes alimentaires moins riches en protéines animales. Les niveaux actuels de production et de consommation de viande et de produits laitiers de l’Europe sont tellement élevés que cette dernière est dépendante des importations de soja pour nourrir ses animaux d’élevage. Dans ces conditions, importer du poulet né et nourri en Amérique latine est une mesure climaticide, qui créera de surcroît une distorsion de concurrence avec des élevages européens déjà en difficulté.
Enfin, l’étude d’impact environnemental ne fournit aucune analyse sérieuse de la déforestation dans les pays du Mercosur et ne donne aucune analyse prospective de l’impact que cet accord aurait sur la production et la destruction des forêts et des écosystèmes dans les pays du Mercosur. Cette étude ayant été publiée après la conclusion de l’accord, il est clair que la Commission européenne n’a de toutes façons aucune intention de prendre en compte ses conclusions.
Greenpeace est opposée à cet accord de libre-échange et demande au gouvernement français de le rejeter.