Le Rassemblement national est aux portes du pouvoir, réellement. Est-ce que c’est si grave que ça ? En tant qu’organisation de protection de l’environnement, nous avons essayé de répondre à cette question en nous focalisant sur 8 enjeux environnementaux. Nous avons décortiqué les mesures du programme présenté par Jordan Bardella et analysé les prises de position récentes du parti d’extrême droite à l’Assemblée nationale et au Parlement européen. Le résultat fait froid dans le dos. Entre reculs majeurs sur la protection de l’environnement et des animaux, cadeaux indécents aux industries polluantes et attaques contre les associations, la politique du RN aurait des impacts négatifs concrets sur notre santé et notre quotidien.

Économie et social - Libertés fondamentales

L’extrême droite au pouvoir : qu’est-ce que ça changerait pour l’environnement ?

Le Rassemblement national est aux portes du pouvoir, réellement. Est-ce que c’est si grave que ça ? En tant qu’organisation de protection de l’environnement, nous avons essayé de répondre à cette question en nous focalisant sur 8 enjeux environnementaux. Nous avons décortiqué les mesures du programme présenté par Jordan Bardella et analysé les prises de position récentes du parti d’extrême droite à l’Assemblée nationale et au Parlement européen. Le résultat fait froid dans le dos. Entre reculs majeurs sur la protection de l’environnement et des animaux, cadeaux indécents aux industries polluantes et attaques contre les associations, la politique du RN aurait des impacts négatifs concrets sur notre santé et notre quotidien.


Alimentation : vous reprendrez bien un peu de pesticides ?
Energies renouvelables : un sabotage complet
Pollution de l’air : comment  faire pire ?
Transports : retour au XXe siècle
Logements : précarité à tous les étages
TVA sur l’énergie : les pétroliers et les gaziers lui disent merci
Condition animale : un double jeu dangereux
Défenseurs de l’environnement : la liberté associative mise à mal


Alimentation : vous reprendrez bien un peu de pesticides ?

Le Rassemblement national veut faciliter l’usage de pesticides, dont le glyphosate

Le Rassemblement national souhaite faciliter l’usage de pesticides.

L’utilisation massive des pesticides dans l’agriculture pose de nombreux problèmes de santé, que ce soit pour les consommateurs comme pour les agriculteurs. Elle nuit également à la biodiversité. Enfin, elle crée une dépendance forte des producteurs français à l’égard de l’industrie pétrochimique qui commercialise ces produits toxiques. Il y a donc urgence à réduire leur usage et d’aider les agriculteurs à en sortir.
 

Que propose le Rassemblement national ? Faciliter au contraire l’usage massif des pesticides. Le parti d’extrême droite a ainsi déposé une proposition de loi pour réautoriser les néonicotinoïdes, ces pesticides tueurs d’abeilles. Récemment, il a demandé l’arrêt total du plan Ecophyto, qui prévoyait une réduction progressive de l’usage des pesticides, et s’est félicité de la prolongation de l’autorisation du glyphosate pour dix ans. Le député de Gironde et porte-parole du parti sur les questions agricoles, Grégoire de Fournas est même allé jusqu’à déposer une proposition de loi afin de rendre simplement consultatifs les avis de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail au moment de l’autorisation de mise sur le marché. De véritables cadeaux aux groupes agrochimiques telles que Bayer, au détriment de la santé de nos agriculteurs et concitoyens.

Energies renouvelables : un sabotage complet

Centrale nucléaire de Cattenom

Le Rassemblement national rejette les énergies renouvelables et mise tout sur d’hypothétiques nouveaux réacteurs nucléaires. Une position irréaliste et irresponsable.

Les énergies renouvelables sont incontournables pour limiter le changement climatique et sortir du pétrole et du gaz fossile. Ce sont désormais les moyens les plus rapides et les moins chers pour produire de l’électricité bas carbone. C’est un fait, sur lequel s’accordent aussi bien les scientifiques du GIEC que les experts de RTE (le service public en charge du réseau électrique français).
 
Que propose le Rassemblement national ? Saboter les énergies renouvelables et la transition énergétique. Marine Le Pen déclarait encore récemment vouloir « arrêter les énergies renouvelables », « démanteler des éoliennes » et instaurer un « moratoire sur la construction d’éoliennes et de panneaux photovoltaïques ». Le RN prétend tout miser sur le nucléaire, sans tenir compte ni de l’état du parc actuel, vieillissant, ni des délais et coûts de construction de nouveaux réacteurs. De telles mesures auraient des conséquences considérables :

  • Elles condamneraient les efforts de sortie du gaz fossile et du pétrole, et la transition énergétique dans son ensemble.
  • Elles risquent de faire gonfler les factures d’électricité et de plonger les Français dans le noir en cas de black-out.
  • Elles fragiliseraient la souveraineté énergétique de la France, en augmentant sa dépendance.
  • Elles mettraient au chômage plus de 45 000 personnes travaillant dans le secteur des énergies renouvelables en France et ruineraient les opportunités d’emplois à venir, estimées à plus de 177 000, dans les industries vertes.

Pollution de l’air : comment faire pire ?

On veut respirer : manifestation contre la pollution de l’air à Lyon

Le Rassemblement national compte supprimer des mesures existantes qui devaient permettre de réduire la pollution de l’air.

Au moins 40 000 personnes meurent chaque année en France en raison des particules fines. C’est donc notre santé à toutes et tous qui est directement concernée. Cela nécessiterait des mesures fortes pour limiter le trafic routier et proposer des modes de transport accessibles et moins polluants.
 

Que propose le Rassemblement national ? Aggraver au contraire la pollution de l’air en supprimant carrément les Zones à faibles émissions (ZFE) ! Ces ZFE devaient pourtant enfin permettre de mettre en place des mesures pour réduire la pollution de l’air, notamment dans des lieux où les normes sont régulièrement dépassées. Leur suppression serait un retour en arrière aux effets nocifs pour la santé des riverains.

Transports : retour au XXe siècle

A rebours des transformations récentes de l’industrie automobile française, le RN s’oppose aux voitures électriques. Résultat : dépendance accrue au pétrole et pollution de l’air.

A rebours des transformations récentes de l’industrie automobile française, le RN s’oppose aux voitures électriques, au risque d’accroître notre dépendance au pétrole et notre retard industriel.

La France est encore très dépendante du pétrole, dont les prix ne cesseront d’augmenter dans les années à venir. Un des défis majeurs du prochain gouvernement sera de nous sortir de cette dépendance, ce qui permettra aussi de réduire nos émissions de gaz à effets de serre, responsables du changement climatique (les transports représentant le plus gros secteur d’émission de CO2).
 

Que propose le Rassemblement national ? Dépendre toujours plus du pétrole pour nos déplacements quotidiens. Le parti d’extrême droite veut annuler l’interdiction de la vente de véhicules à moteur thermique neufs d’ici 2035. Cette mesure permettait pourtant de fixer un cap pour l’industrie automobile française, qui s’est déjà adaptée ces dernières années aux nouvelles réglementations en prenant le virage du véhicule électrique. De nouvelles industries émergent dans notre pays, avec des impacts économiques et écologiques positifs. En voulant revenir en arrière, le Rassemblement national détruira de nombreux emplois, creusera notre retard industriel et économique par rapport aux constructeurs étrangers, aggravera notre dépendance au pétrole, mortifère pour la planète, et nuira à notre pouvoir d’achat. Cette proposition est totalement irresponsable alors qu’il faudrait au contraire développer la production en France de petites voitures électriques, abordables et accessibles via des aides ciblées pour toutes celles et tous ceux qui ne peuvent se passer de voiture, notamment dans les zones rurales.

Logement : précarité à tous les étages

Banderole contre la précarité énergétique

En supprimant les obligations de rénovation des logements les plus mal isolés en location, le RN maintiendrait des millions de familles dans la précarité.

12 millions de personnes en France sont en situation de « précarité énergétique » : elles ne parviennent pas à chauffer correctement leur logement à un coût acceptable. C’est la double peine : elles payent des factures d’énergie astronomiques tout en vivant dans le froid et l’humidité. Cela génère aussi un gaspillage d’énergie, avec un impact considérable sur l’environnement. Il y a donc urgence à rénover les logements les plus mal isolés pour des raisons sociales et environnementales.
 

Que propose le Rassemblement national ? Saboter les plans de rénovation énergétique, qui étaient pourtant déjà insuffisants. Jordan Bardella a annoncé vouloir « lever toutes les interdictions et obligations liées aux diagnostics de performance énergétique », officiellement pour « refluidifier » le marché de l’immobilier. Il compte supprimer l’interdiction de louer des passoires thermiques, qui permettait de contraindre les bailleurs à rénover les logements loués les plus mal isolés. Cette abrogation serait néfaste pour les locataires les plus précaires, puisque plus rien n’inciterait les propriétaires à rénover les logements mal isolés. Plutôt que de proposer d’améliorer les mécanismes d’aide (en accompagnant financièrement tous les propriétaires modestes qui n’ont pas les moyens de rénover les logements qu’ils occupent ou qu’ils louent), le RN choisit de faire un cadeau à tous les bailleurs sans distinction et sans contrepartie. Conséquence : le nombre de passoires énergétiques resterait à un taux très élevé et les familles les plus pauvres continueraient à payer des factures mirobolantes sans parvenir à se chauffer.

TVA sur l’énergie : les pétroliers et les gaziers lui disent merci

Manifestation contre l’action climaticide de Total Energies

La baisse de la TVA sur les carburants est un mécanisme injuste et un cadeau au pollueurs : elle avantage les plus aisés et ne permettra pas d’enrayer la flambée des prix.


Alors que les compagnies pétrolières et gazières engrangent année après année des profits records, les Français et les Françaises sont durement touchés par l’inflation des prix de l’énergie, notamment de l’essence et du gaz. De plus, les activités de ces multinationales sont extrêmement néfastes pour le climat. Il est urgent de trouver des solutions pour sortir de notre dépendance à ces énergies climaticides et permettre aux consommateurs de mieux vivre.
 

Que propose le Rassemblement national ? Faire un rabais fiscal qui profitera aux plus aisés et aux majors pétro-gazières. Le parti d’extrême droite a annoncé son intention de baisser la TVA sur le gaz, le carburant et l’électricité de 20 % à 5,5%. Est-ce que cette baisse profitera vraiment aux ménages les plus modestes ? Au-delà de l’effet d’annonce et du coût de 17 milliards d’euros par an pour les finances publiques, on peut vraiment en douter :

  • C’est une mesure de très court terme, qui n’empêchera pas les coûts de flamber
  • Les rabais sur le carburant comme sur les autres énergies profitent davantage aux plus aisés, moins incités à diminuer leur consommation. C’est ce que relève une note de l’Insee.
  • Cette mesure risque d’avoir l’effet inverse de celui escompté. Il n’est pas du tout garanti qu’une baisse de la TVA bénéficiera aux consommateurs. Les expériences passées montrent même le contraire, notamment dans la restauration : il n’y a pas eu de répercussions sur les prix.

Cette mesure risque donc avant tout de profiter aux multinationales de l’énergie, avec peu d’impacts positifs sur les consommateurs. Elle ne permettra pas d’enrayer la tendance à la hausse des prix. Et elle ne contribuera pas non plus à réduire la consommation d’énergies fossiles, indispensable pour lutter contre le changement climatique.

Condition animale : un double jeu dangereux

Le RN défend l’élevage intensif. Il s’oppose à des mesures élémentaires pour améliorer le bien-être animal. ©L214

Le nombre d’animaux en voie de disparition continue d’exploser et la biodiversité en général est en chute libre. A cela s’ajoute une industrialisation de l’élevage, des centaines de milliers d’animaux se retrouvant entassés dans des conditions déplorables. Face à l’effondrement de la biodiversité, face aux pollutions des fermes-usines et à ces situations de souffrance animale, on ne doit pas rester les bras croisés.
 

Que propose le Rassemblement national ? Laisser faire l’élevage intensif et bloquer les mesures protégeant la biodiversité. En façade, le Rassemblement national se dit l’ami des animaux… mais cela ne concerne ni les animaux d’élevage ni ceux en milieu naturel. Au niveau européen, le RN s’est opposé systématiquement aux mesures limitant l’effondrement de la biodiversité ou encadrant l’agroindustrie. Jordan Bardella a rejeté en bloc les réglementations pour la restauration de la nature. Au point que L214, mais aussi la Fondation Brigitte Bardot a qualifié son programme « d’inquiétant ». La liste RN aux élections européennes est l’une des rares à ne pas avoir signé le manifeste « vote for animals » porté par 29 ONG de défense des animaux. À l’Assemblée nationale, le RN s’est opposé à un amendement sur une option végétarienne dans les cantines. Tout cela laisse craindre le pire, si le RN était au gouvernement.
 

Par ailleurs, quand il s’agit de soutenir les éleveurs français et l’élevage de qualité, le Rassemblement national est aux abonnés absents. Tout récemment, le RN a voté contre un amendement proposé par une député écologiste qui visait à obliger les cantines et restaurants collectifs gérés par l’Etat à se fournir à 100 % en viandes françaises. L’ensemble des députés écologistes, socialistes et de la France insoumise ont voté pour, alors que tous les députés RN (sauf deux d’entre eux) ont voté contre !

Défenseurs de l’environnement : la liberté associative mise à mal

Manifestation pour la défense des droits des lanceurs d’alerte

Des députés RN ont déjà tenté à plusieurs reprises de faire passer des amendements pour bâillonner des associations, dont Greenpeace France.

Depuis des décennies, les lanceurs d’alerte jouent un rôle capital pour dénoncer les atteintes à l’environnement, des scandales sanitaires ou la maltraitance animale.
 

Que propose le Rassemblement national ? Bâillonner les associations environnementales et les lanceurs d’alerte. Depuis plusieurs années, des amendements bâillons de la société civile sont déposés par des membres des groupes Les Républicains, Rassemblement National et plus récemment de la majorité présidentielle. Avec le RN au pouvoir, ces amendements passeraient sans aucun doute. Ils visent spécifiquement des organisations telles que le Réseau Action Climat, Greenpeace France ou L214 entre autres, qui dénoncent les fermes-usines, les conditions d’élevage déplorables ou sont opposés à l’énergie nucléaire. Greenpeace France ne dépendant d’aucune subvention ni d’aucun financement d’entreprise, seuls les dons de nos adhérents et adhérentes, des particuliers, garantissent notre liberté de parole et d’action. C’est bien ce qui semble gêner le Rassemblement national qui cherche à nous asphyxier financièrement, par exemple en supprimant le droit aux réductions d’impôts pour les dons qui nous sont faits.


Vous trouvez tout cela caricatural et difficile à croire ? Ces mesures figurent pourtant bel et bien dans le programme du Rassemblement national ou ont été défendues par ses représentant·es. Et c’est sans parler de ses positions xénophobes, discriminatoires ou contre les droits fondamentaux, profondément opposées aux valeurs que nous défendons à Greenpeace. Hélas, la menace est bien réelle : au pouvoir, le parti d’extrême droite risquerait bien d’appliquer cette politique néfaste pour l’environnement, pour la santé, pour nos porte-monnaie, au profit des industries polluantes et des milliardaires qui les soutiennent, et au détriment des populations les plus précaires.

Il est encore possible de faire en sorte que ce cauchemar ne devienne pas réalité.

Rendez-vous le 7 juillet.